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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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le hasard voulut que sa route croisât celle de Taqi ad-Din et de l’ancien garde du corps de Chirkouh – un mamelouk nommé Tughril.
    — Regarde, dit ce dernier à Taqi. Ne trouves-tu pas que cet homme a des sandales un peu trop belles pour un mendiant ?
    — Tu as raison, répondit Taqi.
    — Toi, là-bas, approche ! cria Tughril au messager.
    Celui-ci obéit, tremblant de tous ses membres. Il avait commis une erreur. Ayant pris soin de s’habiller de haillons, il n’avait pas pensé que ses sandales – flambant neuves – attireraient l’attention. Or, c’était là qu’était dissimulé le message secret.
    Le malheureux fut conduit au palais viziral, où Saladin lui ordonna de se déchausser.
    — Cachent-elles quoi que ce soit que je devrais savoir ? l’interrogea Saladin en tenant les sandales à la main.
    — Non, Excellence, mentit le messager avec autant d’aplomb que possible.
    Saladin pria Taqi de lui prêter son poignard, et entreprit de découdre la semelle des sandales. Un parchemin apparut. Et Saladin le lut, avec un intérêt non dissimulé.
    — Ma foi, Allah est avec nous ! Car ce plan est excellent !
    Il se tourna vers deux de ses gardes, et leur désigna l’insurgé :
    — Qu’on l’écartèle !
    Le messager tomba à genoux devant Saladin et l’implora de l’épargner.
    — Fort bien, décréta Saladin. Tu n’auras pas la vie sauve, car tu as cherché à me dissimuler la vérité, mais comme je suis bon je consens à t’éviter de trop souffrir.
    — Merci, Votre Grâce, clama l’insurgé en lui baisant les pieds.
    — Qu’on l’écartèle avec huit chevaux au lieu de quatre, ordonna Saladin.
    — Pitié, splendeur de l’Islam ! J’ai un fils et une femme !
    — Et moi j’avais un oncle, répliqua Saladin, qui commençait à soupçonner que Chirkouh n’était peut-être pas mort d’indigestion. Emmenez-le !
    Puis, prenant Tughril et Taqi à part, il leur dit :
    — Rassemblez nos meilleurs hommes, allez bloquer les issues des casernes égyptiennes et mettez-y le feu ! Quand les gardes noirs apprendront que les bâtiments où vivent leurs familles sont en train de brûler, ils se dépêcheront d’y retourner. Vous n’aurez plus alors qu’à les y cueillir avec nos archers. Exécution !
    Tughril et Taqi le saluèrent puis sortirent préparer la contre-insurrection. Resté seul, Saladin passa en revue les événements de ces derniers mois. Le décès de Chirkouh ?
    — Un empoisonnement, certainement…
    Et la mort de cette « femme qui n’existait pas » ? Il se caressa le fin bouc de barbe qui lui poussait au menton et appela :
    — Gardes !
    Deux soldats accoururent :
    — Ramenez-moi le messager. J’ai des questions à lui poser…
    Pendant que le malheureux copte était soumis à la torture, les hommes de Saladin incendièrent les casernes des troupes restées fidèles à al-Adid. Ces casernes étaient de grandes bâtisses en torchis, qu’un flambeau et quelques pots de naphte changèrent en d’ardents brasiers. Un vent de panique souffla parmi les rangs des gardes noirs, qui regagnèrent leurs demeures au pas de course. Croyant d’abord à un incendie d’origine accidentelle, ils ne se méfièrent pas. Mais quand une de leurs escouades fut fauchée par les flèches des soldats de Damas, ils décidèrent de se soulever sans attendre les Francs. Les coptes les imitèrent. Puis Morgennes, Galet le Chauve et Dodin le Sauvage.
    Sans le soutien des Francs, il était presque impossible de triompher. Cela dit, grâce à leur courage et à leur détermination, les insurgés auraient pu l’emporter si le calife ne leur avait pas retiré son appui au dernier moment.
    — Le chien ! ragea Dodin le Sauvage. Au lieu de nous aider, il a fait massacrer ses propres troupes par sa garde personnelle !
    — Pour se faire bien voir de Saladin, dit Morgennes.
    L’insurrection était en passe d’échouer.
    — Que faire ? demanda Galet le Chauve.
    — Il faut battre en retraite. Seuls, nous ne sommes pas de taille à résister.
    — Quelqu’un a dû parler, ou bien le messager s’est fait prendre, ajouta Dodin.
    — Sans Amaury, nous sommes perdus.
    — Partons, fit Morgennes.
    Les trois hommes reculèrent en direction de Fostat, louvoyant entre des bâtiments qui n’étaient plus que des brasiers. Il faisait si chaud que l’air en était trouble. Dodin le Sauvage et Galet le Chauve avaient du mal à respirer. Plus âgé, ce

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