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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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atteint Austerlitz occupé par les troupes de Soult. Du tertre de Zuran, il est impossible de voir le gros bourg et son château qui appartient aux Kaunitz : le plateau les cache. De même le Stare-Vinohrady dissimule le petit village de Krenowitz, blotti entre Austerlitz et le bas du plateau dont les bords sont, de ce côté, infiniment plus abrupts que vers la vallée de la Goldbach.
    D’Austerlitz, Napoléon va d’ailleurs contourner la colline de Pratzen, pour se rendre d’abord à Aujzd
    — Ujezd-u-Brno – dont, rappelons-le, il a vu du tertre de Zuran, avec sa lunette, la chapelle Saint-Antoine. Il poursuit son chemin vers la Goldbach. Cette dernière est d’humeur paresseuse. Elle traîne tant – elle et ses modestes affluents – qu’elle a formé avec la Littawa, ce ruisseau qui longe le bord oriental du plateau, des marais et trois larges étangs recouverts de glace – on est en frimaire. Ils sont aujourd’hui asséchés, mais on en devine encore fort bien les berges entre les villages d’Aujzd, de Telnitz et de Moenitz, et – surtout – devant Satschan, le village tchèque de Zatcany. Suivant le bord occidental du plateau, on imagine maintenant l’Empereur remontant vers le nord, traversant Sokolnitz, Kobelnitz et atteignant le bourg de Pratzen qui sera le coeur de la bataille.
    Mais en attendant cette bataille, il lui faut cesser d’être général pour redevenir empereur. À Brünn – Brno –, le 28 novembre, il reçoit le comte d’Augwitz, ministre des Affaires étrangères de Prusse. À Potsdam, le roi Frédéric-Guillaume a conclu, le 3 novembre, avec le tsar un traité qui le lie à la Russie. Après avoir tant hésité – surtout après la reddition d’Ulm–,la Prusse s’est rangée aux côtés des ennemis de la France. Cependant, avant d’entrer en campagne, le Roi a envoyé près de Napoléon son ministre – mais, afin de gagner du temps, Haugwitz a reçu l’ordre d’attendre pour présenter à l’Empereur son ultimatum. Napoléon, qui se doute des choses – sans avoir aucune preuve entre les mains – s’apprête à jouer au ministre un tour de son cru, que nous raconte le futur général Marbot.
    L’Empereur n’ignore pas que, chaque soir, le diplomate expédie un courrier vers Berlin et décide que ce sera par son ambassadeur même que la cour de Prusse apprendra la défaite et la prise du corps d’armée du feld-maréchal Jellachich qui a eu lieu le 24 novembre, mais dont la nouvelle – il en a la certitude – n’est pas encore connue du diplomate.
    Duroc est chargé de prévenir Marbot et Massy, alors aides de camp, de ce qu’ils vont avoir à faire. Puis l’Empereur reçoit le ministre. Soudain, en entendant la musique dans la cour, il simule l’étonnement, s’avance vers les croisées suivi de Haugwitz et feint de voir pour la première fois les trophées portés par des sous-officiers. En commediante accompli, il interpelle l’officier de service :
    — De quoi s’agit-il ?
    — Sire, ce sont deux aides de camp du maréchal Augereau qui viennent apporter à Votre Majesté les drapeaux du corps autrichien de Jellachich, pris à Bregenz.
    Napoléon fait appeler Marbot et Massy. Les deux hommes pénètrent dans la pièce. « Et là, sans sourciller, et comme s’il ne nous avait pas encore vus, racontera le futur général Marbot, Napoléon reçoit la lettre du maréchal Augereau qu’on avait recachetée, et la lut, bien qu’il en connût le contenu depuis quatre jours. » L’Empereur questionne les deux jeunes gens exigeant les plus grands détails. Duroc les avait prévenus qu’il leur fallait parler haut, l’envoyé prussien ayant l’oreille un peu dure... Massy atteint d’une extinction de voix, c’est donc Marbot qui répond à l’Empereur. Jouant le jeu, il dépeint
    — en criant – dans un style coloré et enlevé, « la défaite des Autrichiens, leur abattement et l’enthousiasme des troupes françaises ». Puis il présente à Napoléon les trophées les uns après les autres, nommant tous les régiments ennemis auxquels ils ont appartenu.
    — Voici, annonce Marbot, le drapeau du régimentd’infanterie de Sa Majesté l’empereur d’Autriche, et voilà l’étendard des Uhlans de l’archiduc Charles, son frère.
    Le « numéro » terminé, l’Empereur congédie les deux officiers. Mais, avant de sortir, ils entendent Napoléon dire à l’ambassadeur – atterré :
    — Vous le voyez, monsieur le comte, mes

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