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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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trente mille Français insaisissables.
    Napoléon, à Saint-Dizier, multiplie ses directives. Mais autour de lui il ne voit que des visages inertes et désespérés.
    — Vous êtes tous des trembleurs, leur lance-t-il.
    Napoléon ne se doute pas du tout du mouvement des armées ennemies. Le 26 mars, il se bat à Saint-Dizier contre les Russes. C’est la dernière victoire. Cependant, l’Empereur témoigne quelque inquiétude : c’est un corps dépendant de Blücher qu’il a vaincu, alors qu’il était persuadé d’avoir devant lui les cavaliers de Schwarzenberg. L’explication lui sera fournie le lendemain. Devant Vitry, Napoléon reçoit un flot de dépêches interceptées. Il lit fébrilement une masse de bulletins et de courrier ennemi. Le voile se déchire : les forces alliées marchent sur Paris. Il n’a autour de lui que quelques troupes prussiennes et russes chargées de le tromper et de battre l’estrade...
    Que faire ?
    Ne vaudrait-il pas mieux poursuivre son plan, l’élargir même, et ne pas plus s’inquiéter de Paris que le tsar ne s’était soucié de Moscou en 1812 ? En demeurant en Lorraine on pourrait rassembler toutes les garnisons d’Allemagne, proclamer la levée en masse, détruire les colonnes de ravitaillement ennemies, reprendre les grandes villes occupées par les Austro-Russes. Mais n’avait-il pas aussi répété tant de fois :
    — Si l’ennemi arrive sous Paris, il n’y a plus d’espoir.
    N’avait-il pas souvent promis :
    — Jamais Paris ne sera occupé de mon vivant !
    Bonaparte l’emportera-t-il sur Napoléon ?
    Napoléon, le soir du lundi 28 mars, n’a pas encore pris sa décision. Il est à Saint-Dizier et va coucher à Doulevant-le-Château dans la maison du notaire Jeansson. C’est là qu’il reçoit ce billet chiffré de Lavalette : « La présence de l’Empereur est nécessaire, s’il veut empêcher que sa capitale soit livrée à l’ennemi. Il n’y a pas un moment à perdre. »
    Cette fois Napoléon l’emporte sur Bonaparte. Il ordonne :
    — À Paris !
    Mais l’Empereur n’ose pas galoper avec un seul piquet de service à travers un pays infesté de cosaques. Il lui faut attendre au moins la Garde.
    Ce même lundi soir à dix heures, aux Tuileries, on réunit le Conseil. L’ennemi approche. Quelle décision va prendre l’impératrice Marie-Louise ? En se jetant dans les bras de son père, en accueillant aux Tuileries le tsar et le roi de Prusse, peut-être pourrait-elle éviter le pire ? Peut-être le règne de Napoléon II serait-il envisagé comme la seule solution possible ?
    La discussion se prolonge. Tous, sauf le roi Joseph, estiment que quitter Paris serait une lourde faute. Partir, n’est-ce pas laisser le champ libre aux Bourbons ? On vote. L’unanimité est presque acquise : l’Impératrice et le gouvernement doivent rester. C’est alors que Joseph donne lecture de la lettre de l’Empereur, déjà ancienne de quelques jours, par laquelle Napoléon ordonnait le départ général vers la Loire « s’il arrivait bataille perdue ».
    Le maître a parlé. Tous s’inclinent. Mais tous savent qu’en abandonnant Paris l’Impératrice perd sa couronne.
    Il est trois heures du matin. Dans la cour du Carrousel, Talleyrand monte en voiture et laisse tomber ces mots de ses lèvres minces :
    — Voilà donc la fin de tout ceci. Ma foi, c’est perdre une partie à beau jeu !

XXI
 
L’AGONIE DE FONTAINEBLEAU
    Les grands pouvoirs meurent d’indigestion.
    N APOLÉON .
    L E jour du mardi 29 mars 1814 n’est pas encore levé sur Paris, lorsque Marmont envoie des avant-postes ce billet : « L’ennemi gagne du terrain : nous pouvons être cernés ce soir. »
    C’est le sauve-qui-peut.
    À neuf heures du matin, sous un ciel pluvieux, l’exode commence. Les Parisiens, amorphes, regardent en silence un long cortège remonter les Champs-Élysées et prendre la route de Rambouillet. Un escadron de grenadiers et de chasseurs précède les berlines vertes aux armes impériales, dans lesquelles se sont entassés l’Impératrice, le roi de Rome, Madame Letizia, la reine de Westphalie, Cambacérès, les dames d’honneur et les ministres.
    Les pages du roi de Rome ont pris place dans de grandes « gondoles » attelées de huit chevaux. Puis, encadrés de lanciers de la garde, viennent les lourds carrosses du sacre dont les ors brillent dans la brume matinale. À l’intérieur on devine les harnais et les selles

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