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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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il se réfugie dans un carré – celui du bataillon de la Vistule. Puis on le verra, quelques instants plus tard, arrêter les fuyards sur le pont en criant :
    — Qui de vous le passera avant moi ?
    La Garde qui arrive au pas de charge réussit à contenir le flot et, lorsque tombe la nuit, les Français tiennent toujours la ville qui n’est plus qu’un gigantesque incendie. L’Empereur le dira plus tard à Caulaincourt :
    — J’ai tout fait pour mourir à Arcis !
    Ce soir-là, tandis que son père se précipitait au-devant des boulets, l’Aiglon, dans son petit lit des Tuileries, dort mal, pleure, et lorsqu’on lui demande de conter son cauchemar, il répond :
    — J’ai rêvé à mon cher papa.
    Le lendemain matin, Napoléon veut engager l’action avec les trente mille hommes qu’il a pu rassembler au cours de la nuit – Oudinot est venu le rejoindre –, mais le jour se lève et, d’une éminence, il découvre les cent mille Autrichiens, Wurtembergeois, Bavarois et Russes commandés par Schwarzenberg dont les forces sont appuyées par quatre cents bouches à feu.
    L’armée impériale n’a plus qu’à repasser l’Aube, tandis que Sébastiani avec ses trois mille sabres et Laval, à la tête de l’arrière-garde, contiennent la poussée de toute l’armée ennemie. L’Empereur se tient près d’un pont, « l’air rêveur et chagrin ». La nuit tombe lorsqu’il franchit la rivière avec le dernier corps. Il galope maintenant sur la route de Vitry-le-François et passe la nuit à Sommepuis. Le 22, toujours en courant, il traverse la Marne au gué de Frignicourt et s’arrête chez Varnier de Cournon, maire de Saint-Dizier. Son entourage est frappé de torpeur. La démoralisation est totale. Le baron Fain nous rapporte les propos que tenaient alors les officiers consternés :
    — Où va-t-on ?
    — Que deviendrons-nous ?
    — S’il tombe, tomberons-nous avec lui ?
    Le découragement n’empêche nullement Napoléon de mettre au point un nouveau plan : attirer vers lui, dans la direction de la frontière, les Austro-Russes, puis revenir sur l’Aube.
    — J’irai ainsi coucher dans le lit de l’ennemi !
    Il l’écrit à Marie-Louise : « J’ai résolu de me porter sur la Marne afin d’éloigner l’ennemi de Paris et de me rapprocher de mes places. »
    Malheureusement, le courrier est enlevé par les Cosaques. Blücher se fait traduire la lettre, en expédie une copie à Schwarzenberg puis, galamment, avec une gerbe de fleurs, fait parvenir les lignes de Napoléon à l’Impératrice.
    Le général prussien pouvait bien envoyer un bouquet à Marie-Louise ! La lettre saisie lui permettait de connaître les intentions de Napoléon : assaillir l’armée ennemie par-derrière et rompre ainsi ses communications. Aussitôt, les Alliés décident de se réunir à Châlons et de marcher vers Saint-Dizier afin de fondre sur la petite armée française.
    Le jeudi 24 mars, une lettre de Savary à Napoléon est, elle aussi, interceptée par les Alliés. Le duc de Rovigo conjurait son maître de revenir à Paris où les intrigues royalistes se donnaient libre cours. À Sommepuis, dans une petite mairie où il vient de passer la nuit, le tsar réunit un conseil de guerre.
    — Maintenant que nos communications sont rétablies avec Blücher, dit-il à ses officiers, devons-nous suivre Napoléon pour l’attaquer avec des forces supérieures ou devons-nous marcher directement sur Paris ?
    Le général Toll donne le meilleur avis :
    — Dans les circonstances où nous sommes, il n’y a qu’un seul parti à prendre. Il faut nous* avancer sur Paris, à marches forcées, avec la totalité de notre armée, en détachant seulement dix mille cavaliers contre l’empereur Napoléon afin de lui masquer notre mouvement.
    Le général Diebitsch approuve :
    — Si Votre Majesté veut rétablir les Bourbons, le mieux, en effet, est de marcher sur Paris avec toutes nos troupes.
    — Eh ! il n’est point question des Bourbons, réplique Alexandre, énervé, en haussant les épaules, il s’agit de renverser Napoléon !
    Il ne restait plus, ce même jour, qu’à convaincre le roi de Prusse et Schwarzenberg. Avec enthousiasme, ils se rallient tous deux aux conceptions du tsar. Les armées coalisées sont dans la joie. Ainsi, on va en terminer avec ces batailles sans cesse renaissantes où l’on voit cent mille hommes poursuivre, engager l’action, puis se replier devant vingt ou

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