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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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d’apparat, jetés en vrac sur les coussins de satin.
    Enfin, fermant la marche, roulant avec fracas sur les pavés, passent les fourgons contenant les bijoux de la couronne, les costumes du sacre, le glaive impérial, l’argenterie, la vaisselle de vermeil et le Trésor : trente-deux petits barils d’or.
    De tout le gigantesque empire, il ne reste plus que cette parodie de l’épopée, cette caravane traînant après elle un bric-à-brac doré...
    Paris ne prend pas la situation au tragique. Sur les boulevards, aux terrasses des cafés, les élégants se font servir limonades et bavaroises, tandis que bourgeois et grisettes se dirigent vers les barrières. Ils vont regarder sous le nez les faubouriens qui, le long des chemins de ronde – nos boulevards extérieurs – campent devant les boutiques et sous l’auvent des portes cochères tout en mangeant d’énormes pains noirs qu’ils ont cuits « presque sous le canon ». Ils ont avec eux leurs bestiaux pour lesquels les employés d’octroi, qui ne connaissent que le règlement, les ont obligés d’acquitter un droit d’entrée...
    Les faubourgs sont noirs de monde. Le canon est tout proche. On fait la queue devant une maison de Belleville où est apposé cet écriteau : «  Ici on voit la bataille pour deux sous. » Tandis que les marchands d’eau-de-vie crient : « Prenez la goutte ! Cassez la croûte ! », de petits groupes de soldats passent, entourant leurs prisonniers. On les interroge et chacun se fait une idée du combat qui se rapproche.

    Napoléon a quitté Doulevant ce 29 mars, à trois heures du matin. Au pont de Dolancourt, l’Empereur trouve plusieurs courriers. Il apprend que Meaux est pris, que l’on se bat à Claye et que Mortier et Marmont essayent de défendre la capitale. Mais parviendront-ils à résister à la poussée ennemie en attendant l’arrivée des forces impériales ? Napoléon, ce soir-là, atteint Troyes où il va se reposer quelques heures au château de Pouilly. La garde a marché quinze lieues – 60 kilomètres – depuis le matin. Le reste de l’armée suit comme il peut...
    Mortier s’est retranché dans de vieilles redoutes élevées en avant du village de la Villette, mais les chasseurs russes attaquent de flanc et les Prussiens de face. Bientôt les Français doivent se replier et le combat s’engage dans la Grande-Rue de la Villette. La garde prussienne réussit à forcer un pont sur le canal et débouche soudain de l’autre côté de la rue, vers le point où le village aboutit à Paris. Pris à revers, Mortier réussit à effectuer une trouée et à se rapprocher du mur d’enceinte.
    Blücher occupe maintenant Montmartre et paisiblement bombarde Paris. Déjà, des barrières, on aperçoit les longues lances des cosaques et leurs fouets démesurés. Affolées, les maîtresses de pension de jeunes filles font hâtivement revêtir des costumes d’hommes à leurs élèves et vont les cacher au fond du Marais...
    En avant de la barrière de Clichy, Moncey, avec l’aide des élèves de l’École polytechnique, a élevé des barricades. De son P.C. – le cabaret du père Lathuile, au 7 de notre actuelle avenue de Clichy –, le maréchal dirige une résistance héroïque. De la barrière du Roule jusqu’à la barrière Poissonnière, il parvient à contenir le flot des cosaques. Mais à la fin de l’après-midi, la résistance devient impossible. Marmont signe la capitulation de la capitale dans une guinguette de la Chapelle tenue par le marchand de vin Thouront, à l’enseigne du Petit Jardinet – seconde maison à gauche en sortant de la barrière Saint-Denis.
    Durant toute la nuit, la ville retentit des pas des hommes et des chevaux : selon l’accord qui vient d’être conclu la garnison française n’est pas prisonnière et peut évacuer Paris.
    À l’aube de ce même mercredi Napoléon abandonne la garde et part à cheval avec une simple escorte. À Villeneuve-L’archevêque, il quitte même l’escadron de service, se jette avec Caulaincourt dans un cabriolet d’osier prêté par un boucher et, simplement suivi de Gourgaud et du maréchal Lefebvre, roule vers Paris.
    Il déjeune à Sens, change de voiture et vers 10 h 30 du soir, arrive au lieu dit la Cour de France, peu après Juvisy.
    Le temps est couvert. Le paysage s’estompe dans un léger brouillard. Le thermomètre de l’observatoire indique 8°. Des cavaliers, des troupes encombrent le relais. Napoléon descend de

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