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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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comptes ?
À Gustav ? Pourquoi est-il parti sans elle ? »
    — Je me demande parfois, disait Gustav à mi-voix. Mais
que nous apporterait un divorce en ce moment ?
    Gustav s’écarta de Karenberg, regarda le lac. L’un des
navires qui desservait, à partir de Genève, les villages du bord du lac, manœuvrait
pour accoster, ses roues à aubes tournant lentement dans un bruit d’aspiration
et de cascade.
    — Elle me trompe, n’est-ce pas ?
    Karenberg haussa les épaules. Il pensa à Peggy qui rentrait
tard de l’hôtel Impérial, on – qui ? – la raccompagnait. Il
lisait dans la bibliothèque, Peggy s’asseyait en face de lui, dénouait sa cape
bleue, soupirait. « C’est affreux » disait-elle. Parfois elle
pleurait. « Maintenant, il y a les gaz, il ne peuvent plus respirer. »
    — Vous ne répondez pas ? interrogeait Gustav.
    — Il est des questions qu’on ne pose pas, dit
Karenberg.
    Sur la pointe des pieds il s’approcha de Nathalie.
L’écureuil se tenait en face d’elle, à demi dressé. Elle eut un geste, l’animal
bondit, saut en biais, qui l’éloigna de quelques mètres. Karenberg la prit dans
ses bras avant qu’elle pût exprimer sa déception, il la fit sauter.
    — Tu es un petit écureuil, Natacha, un petit écureuil
au poil noir.
    Gustav les rejoignit.
    — Vous avez une fille merveilleuse, dit Karenberg.
    Il serra Nathalie contre lui, faisant mine de la dévorer,
elle, se pelotonnant, jouant l’effroi.
34
    Il sembla tout à coup à Dante que Le Cavalier entrait
dans une poche de silence.
    Le vent avait cessé, les coups frontaux de la mer contre la
coque ne résonnaient plus dans la batterie et la machine ne s’emballait plus
comme elle le faisait depuis près de quatre jours, quand l’hélice, Le
Cavalier soulevé sur la crête d’une lame, tournait à vide dans le creux
avant que le navire s’abatte avec la lame et le cœur manquait comme si on était
précipité dans le vide.
    La tempête les avait pris dans le golfe de Tarente.
Patrouille de routine, signaux échangés avec Brindisi, remontée vers le nord,
vers Cattaro, Pola où se terrait derrière un barrage de filets d’acier, l’escadre
autrichienne. Le Cavalier s’approchait de la côte jusqu’à ce
qu’au-dessus des sommets bleutés apparaissent au moment même où les gerbes
encadraient le navire, les volutes blanches signalant l’emplacement des
batteries ennemies. « Qu’est-ce qu’il cherche Jarrivon ? »
murmurait Raffin, cependant que Le Cavalier s’éloignait, les îles de
Brioni distinctes de la côte, il y a un instant, se confondant à nouveau avec
elle. « Il veut quoi, un galon de plus ? merde, qu’est-ce qu’ils
croient, qu’on va les faire sortir les ostrogoths ? »
    Puis Le Cavalier descendait vers le sud, allant d’une
rive à l’autre de l’Adriatique, entrant parfois dans une rade inconnue de l’équipage,
chacun tendu, aux postes de combat. La côte était si proche qu’on apercevait
des barques de pêcheurs tirées sur la plage, un village, les murs des maisons
basses, blancs sous le toit noir. « Ils vont nous allumer »
continuait Raffin. Sur le pont, les guetteurs tentaient de repérer à l’œil nu,
les mines ou le sillage d’une torpille.
    Les sous-marins allemands se tenaient à l’affût dans les
anfractuosités de la côte, dans ces chenaux entre les longues îles plates et
les falaises de la Dalmatie ou du Monténégro. La mission du Cavalier était de les débusquer, mais il arrivait trop tard, son étrave creusant
lentement une mer calme couverte d’épaves, d’espars, d’avirons, de corps figés,
serrés dans leurs ceintures de liège et que les gabiers tentaient de saisir,
les tirant sur les baleinières, mais il fallait les abandonner, le sous-marin
pouvant guetter, Dante imaginant ceux du Léon-Gambetta, ce cuirassé sur
lequel il avait servi quinze mois et dont il ne restait que ces quelques
planches, ces grosses bouées de repérage que les officiers ont larguées au
moment du naufrage pour signaler l’emplacement. Il pensait à Nérac, à Pailler,
comment s’appelait ce grand quartier-maître qui se cognait toujours la tête
contre les tuyauteries ? « Guégan, c’est vrai, Guégan » qui,
avec la baleinière l’avait conduit à quai, alors qu’il quittait le Léon-Gambetta.
    À Brindisi plus tard, Le Cavalier embarqua vingt-sept
survivants du cuirassé. Guégan parmi eux, embrassant Revelli, descendant avec
lui dans le

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