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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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commandant. De Jarrivon se leva, le matelot d’ordonnance l’aidant à
passer la veste.
    — Tu as parlé avec les rescapés ? Qui connaissais-tu ?
    — Personne mon commandant, dit Revelli.
    Il avait parlé sans même réfléchir.
    — Et ce quartier-maître, c’était bien un
quartier-maître, n’est-ce pas Guichen ?
    — Le quartier-maître Guégan, mon Commandant, répondit
le premier maître. Il m’a insulté, mon Commandant.
    De Jarrivon laissait le matelot tirer sur sa vareuse et
aplanir les plis du dos.
    — Alors Revelli, tu le connaissais, oui ou non.
D’ailleurs ce n’est pas l’important.
    Jarrivon ne regardait pas Revelli, il boutonnait sa vareuse,
disait au matelot :
    — Mes gants, Le Gouin.
    L’ordonnance tendait à Jarrivon les gants, puis la
casquette.
    — Réfléchis Revelli, à ce qu’il a pu te raconter, c’est
cela qui m’intéresse. Il y aura une enquête. Il t’a parlé des conditions du sauvetage ?
Il était sur le canot.
    — Je ne sais pas, mon Commandant, dit Revelli.
    — Bien, dit Jarrivon.
    Il orienta un miroir rectangulaire monté sur pivot contre
l’une des parois de la passerelle.
    — Premier maître…, commença De Jarrivon.
    Guichen rectifia sa position.
    — Pourquoi cet homme se présente-t-il sur la passerelle
dans cette tenue ?
    De Jarrivon désignait Revelli d’un mouvement du menton.
    — Vous laissez la négligence s’installer, Guichen. Ce
bateau est sale, gardez les hommes que vous voudrez. Voyez avec mon second.
    Le Cavalier resta près de dix jours à Toulon, entrant
en bassin de carénage, les hommes de corvée, dont Revelli, descendant des échafaudages
le long de la coque, ponçant les tôles, arrachant les algues qui semblaient
incrustées dans le métal, puis recouvrant d’une peinture épaisse, grumeleuse
qui collait aux doigts – et le soir il fallait se frotter les mains avec
du sable et du mazout pour tenter de les nettoyer – les larges plaques
rivetées. Dix jours plus longs que dix mois de mer car il n’y avait que la
passerelle à franchir, le quai de l’Arsenal à traverser pour atteindre les
rues, la gare, et quelques heures encore avant d’entrer sous le porche de la
rue de la République, reconnaître le bruit des casseroles sur le fourneau de la
cuisine.
    — Je pose une permission, dit Revelli à Raffin.
    Raffin sur le pont alors que dans le bassin, les soudeurs,
les lueurs bleues de leurs lampes perçant la pénombre, travaillaient encore sur
la coque noire d’un sous-marin.
    — Laisse, ne lui donne pas ce plaisir, il te la refusera !
    — J’y ai droit, dit Revelli.
    — Si tu y as droit, dit Raffin ironiquement, ça change
tout.
    Guichen ne leva même pas la tête quand Revelli se présenta
dans le poste des maîtres.
    — Je suis à bord moi aussi. Tu y restes.
    — Vous avez tous les soirs, commença Dante.
    — Non mais !
    Le premier maître bondit, s’approchant de Dante.
    — Qu’est-ce qui te prend, Revelli ? Qu’est-ce que
tu cherches ?
    Dante recula d’un pas. Le premier maître était plus petit
que lui, un mégot de cigarette était collé à sa lèvre inférieure. Il le cracha,
s’essuya la bouche du revers de la main.
    — Pas de grande gueule ici, Niçois, je te l’ai dit !
    — Je veux voir le second, dit Dante.
    Parlait-il ? La voix était si sourde que chaque syllabe
semblait s’accrocher à la gorge, aux lèvres.
    — Fous le camp, dit Guichen, tu le verras, t’inquiète
pas, tu le verras !
    En fin de journée, le lieutenant Chaulanges convoqua Revelli
au carré des officiers. Il était seul, la casquette posée sur la table étroite,
écrivant, l’enveloppe ouverte près de lui.
    — Qu’est ce qu’il y a, Revelli ? On insulte les
premiers maîtres. On réclame, et quoi encore ?
    Il posa le porte-plume, ferma l’encrier.
    — Avec le rapport de Guichen, tu en prends pour…
    Il fit un geste d’incertitude.
    — C’est la guerre, mets-toi ça dans la tête. On ne te ratera
pas. Tu étais ouvrier électricien dans le civil ?
    Il se leva, ouvrit une caisse de métal, marquée à son nom.
    — Tu n’es pas marié ? Moi je suis marié, j’ai deux
enfants, et tu vois, je suis…
    Il tendit à Revelli deux livres à la couverture de cuir.
    — Tu lis ? Tu as une tête à lire. Ne perds pas ton
temps à ruminer. Utilise-le. Tu restes à bord et je déchire le rapport.
    Au moment où Dante passait la porte du carré, Chaulanges lui
cria :
    — Lis,

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