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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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de sa bouche et de crier :
    — Ouvre !
    Pas de réponse. Nouvelle bouffée, nouveaux coups de poing. Il gueula :
    — Ouvre et sors te faire botter le cul, putain de connard de dégonflé !
    Vince en donnait pour leur argent aux espions de Li’l Rat.
    Des yeux apparurent entre les lames d’un store vénitien. Une voix dit :
    — Une minute.
    Vince se tourna vers moi et m’adressa un clin d’œil.
    La porte s’ouvrit et, sans nous laisser le temps de réagir, le tatoueur posa l’extrémité des canons d’un fusil de chasse sur la poitrine de Vince. Je pensai : merde ! Et aussi : les plombs des cartouches de chasse se dispersent, j’ai intérêt à m’écarter. Ce que je fis. Je posai la main sur mon pistolet mais sans dégainer.
    Plus tard, Vince me confia qu’il s’était simplement dit qu’il aurait dû choisir d’être pompier.
    Le tatoueur était visiblement terrifié et défoncé. Nous étions tous les trois dans la merde. Vince mort, le tatoueur le serait aussi, parce que je le tuerais avant de me pencher sur le corps sanglant d’un ami cher, dans l’espoir futile de lui sauver la vie. En plus, l’opération serait aussi morte que Vince.
    Alors Vince recourut à l’une des ces ruses que lui seul pouvait concevoir.
    Il tira une dernière bouffée de sa cigarette, laissa tomber le mégot brûlant sur le sol, saisit l’extrémité du fusil, l’éloigna de sa poitrine et la posa sur son front, sans lâcher les canons. Il se tourna légèrement vers moi et m’adressa un nouveau clin d’œil. Le message était clair : Si je meurs ce soir, ça sera pas comme un minable. Dis à mes fils que je suis mort en homme, pas comme ces lopettes qui supplient un camé de les épargner.
    Le tatoueur ne savait pas quoi penser. Franchement, moi non plus.
    Vince parla d’une voix distincte et claire.
    — Deux ou trois choses. Premièrement : si tu veux abattre quelqu’un, tire dans la tête. Deuxièmement : si tu pointes un fusil sur moi, t’as intérêt à avoir l’intention de t’en servir. Et, troisièmement : je t’emmerde, tire tout de suite, sinon je te tabasse avec ton flingue puis je t’encule sur le capot de ma voiture.
    Quand il eut terminé, Vince poussa rapidement le fusil contre l’épaule du tatoueur. Puis il tira dessus. En moins d’une seconde, il avait renversé les rôles : il était en possession du fusil, et le tatoueur cherchait une cachette. Je pensai : comment a-t-il fait ?
    Vince ouvrit le fusil, ôta les cartouches et les mit dans sa poche. Puis il fit ce que lui seul pouvait faire : il ne dérouilla pas le type. Il lui rendit le fusil, toujours ouvert, et dit :
    — Tu peux plus dire du mal de Li’l Rat. C’est mon ami et je l’accepte pas. La prochaine fois que tu ouvriras la bouche et que le nom de Li’l Rat en sortira, tu as intérêt à commencer par « Je regrette » ou « Excuse-moi ». Tu t’en tires avec un avertissement, ce soir, mais t’en auras qu’un.
    Puis il tourna le dos au type et s’éloigna. Je le suivis, aussi stupéfait qu’un chiot. Le tatoueur resta immobile, tremblant légèrement. Il s’était probablement pissé dessus.
    Les gars que Li’l Rat avait chargés de voir comment nous nous comportions avaient filé discrètement afin de rapporter la scène dont ils avaient été témoins.
    Je songeais à cet épisode tout en faisant les cent pas dans l’appartement de la danseuse. Je savais que les tests prennent de nombreuses formes et que, confronté à eux, il faut toujours, au minimum, donner l’impression d’être allé jusqu’au bout. Je me méfiais des Angels. Me mettaient-ils à l’épreuve parce que j’évitais les femmes ? Cal, Nuzzo et Kevin me faisaient-ils une mauvaise blague ? La femme était-elle l’amie d’un ennemi et moi un pion dans une vengeance ?
    J’allai dans la cuisine sans allumer la lumière. Je téléphonai à Tom « Teabag » Mangan, membre de l’équipe et ami proche, qui faisait ce soir-là partie des agents chargés de nous couvrir, et lui exposai la situation. Il quitta ses camarades postés à Mesa et rejoignit le quartier de la danseuse. Il jeta un coup d’œil et m’indiqua que tout était calme. Il demanda comment elle allait. Je répondis qu’elle ne paraissait pas en danger. Teabag constata :
    — Cette fille a eu de la chance ce soir, hein ?
    — Ouais. Beaucoup. Alors qu’un de ces salauds aurait dû la sauter, je feins de le faire.
    Teabag rit un peu.
    Je lui

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