Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
Vom Netzwerk:
Oh,
où est donc ma force ? Oh, John... oh, mon mari !
    Margaret la soutint pour l’empêcher de s’effondrer sur le sol.
Elle s’assit dans le fauteuil à bascule, prit sur ses genoux la femme, qui posa
sa tête sur son épaule. Les autres enfants les entourèrent, effrayés, commençant
à comprendre le mystère de cette scène. Mais la réalité se fit jour très lentement
car leur cerveau était confus et engourdi. Lorsqu’ils devinèrent la vérité, ils
poussèrent de telles clameurs de désespoir que Margaret crut qu’elle ne le supporterait
pas. C’est Johnny qui criait le plus fort, alors qu’il ne savait pas pourquoi il
pleurait, le pauvre petit.
    La mère tremblait dans les bras de Margaret. Celle-ci entendit
du bruit à la porte et dit à l’aîné des enfants :
    — Ouvre. Ouvre vite. Le verrou est fermé, ne fais pas de
bruit, sois bien sage. Oh, papa, souffla-t-elle à Mr Hale, demande-leur de
monter très doucement, et qu’ils fassent bien attention. Peut-être qu’ainsi, elle
ne les entendra pas. Elle s’est trouvée mal, voilà tout.
    — Ça vaut mieux pour elle, la pauvre, dit une femme qui
suivait les hommes portant le corps. Mais vous êtes pas assez forte pour la porter.
Attendez-moi, je vais chercher un oreiller et on l’étendra bien comme il faut par
terre.
    L’arrivée de cette voisine secourable soulagea beaucoup Margaret.
Manifestement, elle ne connaissait pas la maison et était nouvelle venue dans la
région ; mais elle se montrait si gentille et si prévenante que Margaret eut
le sentiment qu’on n’avait plus besoin d’elle ; d’ailleurs peut-être serait-il
préférable qu’elle donne l’exemple en quittant la maison, remplie de badauds compatissants.
    Elle chercha des yeux Nicholas Higgins, mais ne le vit pas. Aussi
s’adressa-t-elle à la femme qui avait pris la direction des opérations en faisant
étendre Mrs Boucher par terre.
    — Pourriez-vous faire comprendre à tous ces gens qu’ils
feraient mieux de partir discrètement ? Pour que lorsqu’elle reviendra à elle,
elle ne trouve que deux ou trois personnes de connaissance ? Papa, voulez-vous
parler aux hommes et les convaincre de s’en aller ? Elle ne peut pas respirer,
la pauvre, avec toute cette foule autour d’elle.
    Agenouillée près de Mrs Boucher, Margaret lui bassinait
le visage avec du vinaigre ; mais au bout de quelques minutes, elle fut surprise
de sentir une bouffée d’air frais. En se retournant, elle vit son père et la femme
échanger un sourire.
    — Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle.
    — Notre excellente amie a trouvé un très bon moyen de faire
partir tout le monde, répliqua son père.
    — Je leur ai demandé de s’en aller en emmenant chacun un
enfant, et de bien se souvenir que c’étaient des orphelins, et que leur mère était
veuve. C’était à qui en ferait le plus, et aujourd’hui, les enfants sont assurés
de manger à leur faim, et d’être traités avec gentillesse. Est-ce qu’elle sait comment
son mari est mort ?
    — Non, répondit Margaret. Je n’ai pas pu tout lui dire à
la fois.
    — Il faut qu’elle le sache, pourtant, à cause de l’enquête.
Regardez ! Elle revient à elle. Vous lui dites ou bien c’est moi ? Peut-être
qu’il vaudrait mieux que ça soit votre père ?
    — Non, vous, faites-le, dit Margaret.
    Ils attendirent en silence qu’elle ait complètement repris ses
esprits. Puis la voisine s’assit à même le plancher et prit sur ses genoux la tête
et les épaules de Mrs Boucher.
    — Voisine, dit-elle, votre homme est mort. Vous savez comment
ça s’est passé ?
    — Il s’est noyé, répondit Mrs Boucher d’une voix mal
assurée.
    Et elle se mit à pleurer pour la première fois, cet interrogatoire
un peu brusque avivant son chagrin.
    — On l’a trouvé noyé. Il rentrait en désespérant de tout
sur terre. Il croyait que Dieu pouvait pas être plus dur que les hommes ; qu’il
serait peut-être moins dur, peut-être aussi tendre qu’une mère ; peut-être
plus tendre encore. Je dis pas qu’il a eu raison, ni qu’il a eu tort. Tout ce que
je dis, c’est que je souhaite que jamais ni moi ni les miens, on ait le cœur aussi
lourd ni qu’on fasse une chose pareille.
    — Il m’a laissée toute seule avec tous ces enfants !
gémit la veuve, moins bouleversée par la façon dont il était mort que Margaret ne
s’y attendait. Mais cela correspondait bien à son caractère faible de

Weitere Kostenlose Bücher