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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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est vrai aussi que celui-là, commanditaire suprême, n’a jamais caché à quiconque le sujet qui l’intéressait le plus. Un autre spécialiste, François Lebrun 2 , cite cette phrase de Louis XIV, prononcée sans la moindre ironie lors de la création de l’« académie des Inscriptions » – c’est-à-dire celle à qui revient la noble tâche d’établir les compliments sur lui à écrire au fronton des bâtiments publics : « Vous pouvez, messieurs, juger de l’estime que je fais de vous puisque je vous confie la chose du monde qui m’est la plus précieuse, qui est ma gloire. »

    Personne n’oublie la leçon. Dans les dédicaces de leurs pièces, leurs poèmes de commande, leurs œuvres de circonstance, les plus méconnus comme les plus grands y vont de leur flatterie au mètre : « Tous les mots de la langue, toutes les syllabes nous paraissent précieuses parce que nous les regardons comme autant d’instruments qui doivent servir à la gloire de notre illustre Protecteur. » Ça ne vaut pas les alexandrins d’ Athalie , et pourtant c’est encore du Racine. Et Boileau, si sarcastique dans ses satires, voyez à quoi il descend : « Muses, dictez sa Gloire à tous vos nourrissons. »
    Même dans les querelles, on arrive encore à se concentrer sur un seul sujet, le roi. La plus célèbre est celle qui, à la fin des années 1680, oppose ceux que l’on appelle « les Anciens » à ceux que l’on nomme « les Modernes ». On se souvient peut-être des tenants de la polémique. Les Anciens, avec Boileau, posent que tout ce qui se fait de beau ne peut l’être que dans l’imitation de l’Antiquité, puisqu’elle a créé des modèles esthétiques indépassables. Les Modernes, derrière Charles Perrault (l’auteur des Contes ), tiennent que l’époque est bien assez grande pour créer un art qui vaut celui d’Homère ou de Pindare, puisque son prince égale largement Auguste ou Périclès. On a oublié sans doute ce qui en fut l’origine : un texte écrit par le même Perrault pour chanter la guérison du roi, après un épisode décidément fondamental , l’opération de la fameuse fistule.
    Parfois le dur métier de courtisan littéraire prend des tours comiques. Ainsi les mésaventures de nos Racine et Boileau, lorsqu’ils furent nommés « historiographes du roi », c’est-à-dire chargés de tenir la chronique du règne. Les deux sont hommes de plume, pas du tout d’épée. Ils pensent pouvoir se contenter d’honorer leur charge devant un encrier, bien au chaud sous les lambris d’une bibliothèque. Hélas, le roi est d’un autre avis. Revenu d’une campagne où il ne les a pas vus, il l’exige désormais : ils doivent « être témoins des choses qu’ils auront à écrire ». Les voilà transformés en « correspondants de guerre », selon le mot de René et Suzanne Pillorget 3 qui racontent, non sans drôlerie, les mésaventures de nos deux plumitifs effarés d’avoir à affronter des horreurs auxquelles l’intense pratique de la rime et de l’hémistiche ne les avait pas habitués : voyager, monter à cheval, camper devant les villes assiégées, suivre des batailles au son du canon. Scrupuleux mais prudents, ils le feront de loin, derrière une lunette.

    Répétons-le, il ne s’agit pas de se perdre dans des jugements hâtifs, dénués de tout sens historique. On ne cherche nullement à faire croire que nos grands auteurs ne furent rien d’autre que d’obséquieux valets. On en sait même qui ne le furent jamais : ainsi l’admirable La Fontaine, qui devait tout à son premier protecteur, Fouquet, et lui resta fidèle malgré sa terrible disgrâce.
    On peut le reconnaître toutefois : vu sous ce seul prisme politique, le système soigneusement mis en place par Louis XIV est un brin étouffant. On prendra donc garde d’oublier, enfin, les quelques-uns qui réussirent à s’en échapper.

    Port-Royal et le jansénisme
    Glissons ici un mot d’une des dissidences les plus célèbres du xvii e  siècle : le jansénisme. La doctrine tire son nom de celui qui l’a inventée, Jansen ou Jansenius , un évêque d’Ypres du début du xvii e , inspiré par saint Augustin. Elle porte sur des points théologiques qui aujourd’hui paraîtront d’une grande abstraction. Ils rejoignent ceux que l’on a croisés déjà dans le chapitre sur les débuts du protestantisme et les premières interrogations de Luther et Calvin : un homme peut-il mériter

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