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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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définis les fondements de la foi chrétienne – Éphèse, Chalcédoine ou Nicée – se tinrent dans ce qui est aujourd’hui la Turquie. Et les Pères de l’Église s’appellent Athanase d’Alexandrie ou saint Augustin, un Berbère. Le christianisme est tout bonnement une religion orientale, exactement comme l’est l’islam, et la géographie qui est devenue la leur ne tient qu’aux hasards de l’histoire. Mais non, écoutez une certaine droite identitaire parler de nos « vieilles terres chrétiennes », écoutez les nationalistes que le nom de Charles Martel fait vibrer encore. Pour eux, Jésus-Christ est aussi français que le roquefort ou le général de Gaulle. Ils oublient juste que si ce malheureux arrivait aujourd’hui de sa Palestine natale avec ses pratiques bizarres et son dieu étonnant, ils appelleraient la police pour le faire reconduire à la frontière.
    1 Larousse, nouvelle édition, 2008.
    2 Albin Michel, 2006.
    3 Petite histoire du peuple français , par Henri Pomot et Henri Besseige, PUF, 1932.

5
    Charlemagne
    Nouvel empereur des Romains

    Pépin est petit, c’est pour cette raison qu’on l’appelle le Bref. Son ambition est grande. Il saute donc le pas que son père Charles Martel n’avait pas su ou voulu franchir. Il chasse du trône l’obscur Chilpéric III, le dernier Mérovingien de l’histoire, et l’envoie finir ses jours dans un froid monastère du Nord, à Saint-Bertin, près de Saint-Omer, après l’avoir fait tondre – c’est là la marque de sa déchéance. Quand j’étais enfant, dans tous les manuels d’histoire, on avait encore droit à une illustration saisissante de cette scène – le petit Mérovingien terrifié ployant le cou sous les ciseaux d’un coiffeur aux airs de bourreau devant un Pépin exultant et terrible – et d’innombrables peintres pompiers l’ont représentée, preuve que le pouvoir symbolique que l’on accorde à ces histoires de cheveux a continué de fasciner bien après la disparition de ces lointains Barbares.
    Repères
    – 742 (?) : naissance de Charlemagne
    – 772-804 : guerre pour soumettre les Saxons
    – 774 : conquête de l’Italie du Nord, Charles roi des Lombards
    – 778 : soumission de la Bavière ; bataille de Roncevaux
    – 796 : victoire contre les Avars
    – 800 : Charlemagne sacré à Rome « empereur des Romains » par le pape
    Comme le font tous ceux qui usurpent un pouvoir, le nouveau roi a une obsession : asseoir la dynastie naissante sur le trône grâce à une légitimité incontestable. Les grands, le clergé, les guerriers l’ont acclamé, comme le voulait la tradition franque. Il lui faut mieux. Plus exactement, il lui faut viser plus haut. Il décide de se faire « sacrer » roi. La pratique est alors inconnue. Contrairement à une erreur que l’on commet souvent, Clovis, par exemple, a été désigné comme chef par ses guerriers puis, dans la cathédrale de Reims, il a été baptisé. Il n’a jamais été sacré. Pépin emprunte cette coutume aux rois wisigoths d’Espagne, qui eux-mêmes l’avaient copiée des rois hébreux de la Bible. Au cours d’une cérémonie, l’évêque touche diverses parties du corps du souverain agenouillé avec une huile bénite (le saint chrême) et cette onction est le signe que le roi a été choisi par Dieu lui-même. On peut difficilement trouver meilleur parrainage. Il faut croire que Pépin était un homme d’une grande prudence. En 754, à Saint-Denis, il se fait sacrer une deuxième fois, et ses deux fils avec lui, par le pape en personne, trop content d’appuyer le seul puissant d’Europe qui l’aidera à combattre les Lombards qui règnent sur le Nord de l’Italie et le menacent. Le saint homme sera dignement remercié : après une campagne contre ses ennemis, Pépin fait cadeau au trône de saint Pierre de territoires de l’Italie centrale qui deviendront les États pontificaux. Ils le resteront jusqu’en 1870 : un cadeau qui dure plus de mille ans, c’est assez rare en histoire pour qu’on le souligne.
    À sa mort en 768, le Franc laisse un royaume considérablement agrandi par de nombreuses conquêtes, et deux fils qui, selon l’éternelle malédiction des héritages de ces temps instables, peuvent commencer à se le disputer. L’un des deux, Carloman, meurt opportunément trois ans plus tard. Son frère Charles a toute la place pour se tailler un destin. C’est lui le personnage le plus prestigieux de la lignée, lui

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