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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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petits seigneurs du Nord, vassaux de Philippe Auguste, dont le cruel Simon de Montfort, la croisade permet surtout au roi de France de mettre la main sur le comté de Toulouse, traditionnellement allié à la Catalogne d’outre-Pyrénées. On ne peut toutefois oublier, pour ajouter encore un peu de noir à ce tableau déjà bien sombre, une des conséquences strictement religieuses de la répression anti-Cathares : pour éradiquer enfin les mauvaises croyances, la papauté décide au début du xiii e  siècle de confier une justice à l’ordre nouveau des Dominicains. Tout pouvoir d’enquête lui est donné, sans contrôle, sans appel, dans le secret. Son seul nom fait frémir : l’Inquisition.

    Le temps des cathédrales
    Comment ne pas voir pourtant, sur l’autre mur de la mémoire collective, la grande et belle fresque que des gens non moins honorables ont su peindre sur le même sujet ? Les teintes en sont bien différentes. Plus de noir, plus de sang, mais le bleu de la robe de Marie et la douceur des reflets de l’Évangile. Voici la belle église médiévale dont rêva Péguy et tant d’autres avant et après lui. Elle aussi a sa vérité, tout aussi indiscutable que celle que nous venons d’évoquer. Avec la grande déchirure de la réforme protestante, à la Renaissance, arrivent le temps des guerres entre chrétiens. Par opposition, pour les cœurs pieux, les siècles médiévaux marquent donc l’âge d’or de la « chrétienté », ce moment béni où l’Europe entière communiait dans une même foi. C’est le temps des cathédrales, le temps où rayonnent les grands ordres monastiques, ces refuges du savoir et de la culture, où vont naître tant de saints. Il y a d’abord l’ordre de Cluny (fondé en 910), plus tard celui Cîteaux (on parle des cisterciens ), toujours en Bourgogne, dont l’un des membres est un des personnages les plus célèbres du catholicisme médiéval : saint Bernard de Clairvaux (c’est le nom de l’abbaye fille de celle de Cîteaux qu’il a fondée en Champagne, en 1115). Et si parfois l’institution se laisse gagner par le relâchement, si parfois son clergé, gros, gras, mal instruit et cupide en montre l’indignité, Dieu a la solution. Il envoie d’autres saints pour la régénérer, encore et toujours : au même moment, au tournant du xii e et du xiii e  siècle, un petit frère d’Ombrie, obsédé par la douceur et la pauvreté, François d’Assise, et un Espagnol, Dominique, infatigable prêcheur, vont révolutionner l’histoire du monachisme en créant les premiers ordres mendiants , c’est-à-dire des communautés religieuses qui lancent leurs frères sur les routes et dans les villes pour y porter la bonne parole.

    Oui, on peut poser les choses ainsi, et passer longtemps à jouer au ping-pong avec ces deux versions de l’histoire. Elles ont chacune leur vertu. Elles ont aussi un gros défaut : elles bloquent tout. Repeinte en noir par les uns, en bleu par les autres, présentée comme le symbole de l’obscurité de l’esprit ou un idéal à jamais englouti, l’Église médiévale n’en devient pas moins dans ces deux versions un monolithe au sein duquel rien ne bouge. C’est dommage, car on s’empêche ainsi de voir ce qui la rend passionnante et dont on ne parle jamais : en réalité, elle n’a jamais cessé d’être secouée par des contradictions, des discussions, de grandes polémiques. Ne nous méprenons pas. La France des xii e , xiii e et xiv e  siècles n’est pas une société démocratique où chacun peut défendre librement les positions qui sont les siennes. Les débats religieux se finissent le plus souvent par des interdits, des excommunications ou parfois des bûchers. Mais le fait qu’ils aient existé nous porte témoignage d’une vraie liberté que certains ne manquèrent pas de chercher à exercer. Pourtant, on ne l’associe jamais ni à l’Église ni au Moyen Âge. Tâchons donc de secouer ce préjugé avec les trois exemples qui suivent.

    Héloïse et Abélard
    Le premier nous projette au début du xii e  siècle et tient en un nom, Pierre Abélard. La postérité a joué à cet homme-là un drôle de tour : son patronyme n’est plus connu que pour ce qui ne fut, au fond, qu’un sinistre fait-divers. Cette histoire-là est simple et atroce : Abélard est un clerc plein de fougue et d’idées nouvelles qui dispense ses cours de théologie à Paris. Il est aussi fait de chair. Il tombe fou

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