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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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du 14 mai,
« consistait en commentaires à l’attention de l’amiral Doenitz ».
Ullrich montrait encore plus d’enthousiasme que von Roenne à propos des
informations Mincemeat, si c’était possible.
    « Il ne subsiste aucun doute concernant la fiabilité
des documents saisis. L’examen visant à déterminer s’ils ont été
intentionnellement mis entre nos mains montre que c’est plus
qu’improbable. » Nul ne sait précisément quel examen a été pratiqué pour
lever « les derniers doutes ». Aucune nouvelle preuve n’a été trouvée
et aucune investigation formelle n’a été entreprise. Toutefois, l’élan
d’idéalisme était irrépressible.
    En outre, le capitaine Ullrich s’interrogeait pour
« savoir si l’ennemi était conscient que nous avions intercepté ces
documents ou s’il était uniquement au courant de la disparition d’un avion en
mer. L’analyste était persuadé que l’Allemagne avait maintenant l’avantage.
« Il est possible que l’ennemi ne soit pas informé de la saisie de ces
documents, mais il est certain qu’il saura qu’ils ne sont pas arrivés à
destination. Nul ne sait si l’ennemi a l’intention de revoir les opérations
prévues ou d’accélérer leur déroulement, mais c’est peu probable. » La
lettre de Nye à Alexander étant « urgente » ; Alexander devait y
« répondre immédiatement car “l’affaire ne peut pas être repoussée
davantage” ». Toutefois, le délai permettait l’envoi de la lettre par
avion, plutôt que par télégramme, et l’attente de la réponse.
« L’état-major est d’avis que le délai est suffisant pour modifier le
calendrier des opérations à l’Est et à l’Ouest de la Méditerranée. »
    Avec une précision germanique, Ullrich exposa ses
conclusions : les offensives à l’Est et à l’Ouest seraient simultanées
« car ce n’est qu’à cette condition que la Sicile ne conviendrait pas
comme diversion » ; les troupes attaquant la Grèce partiraient
probablement de Tobrouk, au Nord-Est de la Libye ; Alexandrie ne servirait
pas de point d’embarquement, car il serait « absurde » de prétendre
que ces forces pouvaient atteindre la Sicile, conformément au plan de
diversion. (« Cela montre à quel point un état-major peut se tromper, car
le débarquement en Sicile se fit depuis Alexandrie », fit remarquer
Montagu, quand le rapport du capitaine Ullrich finit par être récupéré.) Il
était possible, pensait Ullrich, que les 5 e et 56 e  divisions
« représentent l’ensemble des forces d’assaut » dans le Péloponnèse.
Comme pour l’attaque de diversion sur la Sicile, il pourrait s’agir d’un assaut
rapide de type commando suivi d’une retraite immédiate, mais il pourrait aussi
« être poursuivi après le lancement de la véritable opération ». Le
rapport se terminait en soulignant que la stratégie défensive de l’Allemagne devait
fortement se décaler sur la Grèce. « Il faut insister sur le fait que ce
document mentionnait d’importants préparatifs à l’Est de la Méditerranée. C’est
d’autant plus important qu’à partir de cette zone, en raison de sa situation
géographique, il y a eu jusqu’à maintenant beaucoup moins de nouvelles sur des
préparatifs que depuis la région d’Alger. » Il y avait évidemment une
autre excellente raison pour laquelle les Allemands avaient moins de preuves
d’une offensive à l’Est : les Alliés n’avaient nullement l’intention d’en
lancer une. Une fois encore, quand la réalité ne leur convenait pas, les
Allemands déformaient consciemment les faits en faveur de la désinformation.
    Le grand amiral Karl Doenitz, qui avait été nommé commandant
en chef de la marine allemande trois mois plus tôt, avait certainement lu
l’analyse du capitaine Ullrich car il écrivit à son propos. Parmi les documents
saisis à Tambach, en 1945, se trouvait le rapport original d’Ullrich :
dans la marge, le « gribouillis personnel » de Doenitz est bien
visible, les initiales indiquant qu’il avait lu et assimilé son contenu.
Doenitz était l’un des plus fidèles décisionnaires de Hitler, qui en
deviendrait l’héritier : son influence était déterminante.
    Benito Mussolini avait longtemps cru que la prochaine
offensive alliée serait dirigée contre la Sicile, un point stratégique clé pour
un assaut de grande envergure sur l’Italie. Ses alliés allemands entreprirent
donc de le convaincre du

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