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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Mattei qui le reçoit cordialement.
    « J’espère que tu ne m’en veux pas de t’avoir fait fouiller, c’est la règle, ce n’est pas dirigé particulièrement contre toi.
    –  C’est la règle, capitaine, je comprends.
    –  Eh bien, que me veux-tu ? En dehors de m’apporter le plaisir que j’ai à te revoir. »
    Kien ne cherche pas à tergiverser.
    « Mon capitaine, demain à dix heures trente, le soir, je sais où doivent se rencontrer une douzaine d’officiers de l’état-major viet-minh. Ils auront des documents, ils doivent tenir une importante conférence. »
    Aussitôt passionné, Mattei multiplie les questions, cherchant à juger l’authenticité des déclarations du Man, mais il n’obtient aucune réponse probante.
    « Capitaine, déclare Kien, vous me croyez ou vous ne me croyez pas. Si oui, j’ai un plan. Tous les détails sont réglés. Et il faut les respecter scrupuleusement. Sinon, je repars et vous n’entendrez plus jamais parler de moi.
    –  Tu peux me dire au moins l’endroit où doit se passer cette rencontre ?
    –  Approximativement, oui. Précisément, non. Je m’en excuse, mais je ne peux pas prendre le risque de vous voir monter une opération que vous pourriez juger réalisable, et que moi je saurais vouée à l’échec. J’adopte cette attitude autant pour votre sécurité et celle de vos hommes que pour la mienne.
    –  Tu peux m’exposer ton plan ?
    –  Dans les grandes lignes, oui. Vous avez une carte depuis Cao-Bang jusqu’à la Chine ? »
    Le capitaine désigne sur le mur une immense carte d’état-major. Kien s’en approche, et sans hésiter, trace un cercle de son index, avant de reprendre :
    « C’est par là. »
    Mattei émet un sifflement perplexe.
    « C’est en Chine ?
    –  Vous voulez la vérité ? Même si votre conscience risque d’en être troublée ?
    –  Ma conscience me conduirait sans me troubler jusqu’à Pékin, mais je ne tiens pas à créer un incident diplomatique. De toute façon, oui, je veux la vérité.
    –  Le lieu de la rencontre est, sans contestation possible, sur le territoire du Tonkin. Mais à cet endroit la frontière est sinueuse, et je ne dis pas que, pour y parvenir, nous ne soyons pas contraints à entrer, puis à sortir de Chine.
    –  C’est très emmerdant, répond Mattei. Si je me fais coincer avec une section en armes sur le territoire chinois, je vais déguster, et pour une fois, ils n’auront pas tort.
    –  Qui vous a parlé d’une section en armes », tranche Kien.
    Mattei le dévisage, surpris.
    « Parce qu’on y va seuls tous les deux ?
    –  Nous serons obligés de faire une partie du trajet à cheval. Je dispose de six chevaux, un pour vous, un pour moi, il vous reste à désigner quatre légionnaires pour nous accompagner. »
    L’esprit de Mattei travaille à une fulgurante vitesse. Un instant il a envisagé et redouté le piège. Kien ne rejette-t-il pas la responsabilité de la mort de son père sur ceux qui n’ont pas réussi à le protéger ? La faiblesse du contingent requis par le jeune Man écarte tout soupçon. Si Kien avait projeté un traquenard de représailles, il aurait eu intérêt à prétendre qu’une forte unité était indispensable. Servant de guide, il aurait pu la faire massacrer où bon lui aurait semblé. Poussé par sa passion de l’aventure, Mattei aurait probablement relevé le défi. Maintenant qu’il considère certaine la sincérité du jeune Man, c’est avec méthode qu’il entend monter l’opération.
    « De toute façon, remarque-t-il, il faut emprunter la route jusqu’à Soc-Giang, traverser Cao-Bang, Na-Khan, Na-Giang, ça fait une bonne cinquantaine de kilomètres à parcourir dans une région infestée de rebelles.
    –  Qui va s’attaquer à une malheureuse jeep ? Les viets sont trop occupés à préparer les embuscades contre les convois pour risquer de faire repérer leurs positions par l’agression d’un véhicule isolé, surtout la nuit si nous roulons sans phares.
    –  Tu m’as dit que c’était pour demain, dix heures trente du soir ? Il ne fait pas nuit avant huit heures. Ton plan est donc irréalisable.
    –  Mais c’est tout de suite qu’il faut partir.
    –  Quoi ! Mais tu es fou !
    –  Les chevaux nous attendent au-delà de Soc-Giang, à six heures trente ce matin. Il faut quitter Ban-Cao dans une heure au plus tard et avoir une certitude de ne pas être retardés par les barrages. »
    Le

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