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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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comprendre :
    « Attends-moi, n’aie pas peur, je reviens te chercher. »
    En courant l’Italien regagne ses compagnons qu’il trouve occupés à reboucher la fosse commune à grandes pelletées.
    Instinctivement, c’est à Clary, l’homme auquel il doit probablement la vie qu’il s’adresse. D’un signe, il demande au petit colosse corse de le rejoindre à l’écart.
    « Qu’est-ce qui va pas encore ? interroge Clary, agacé.
    –  Te fâche pas, Antoine ! J’ai trouvé un bambino.
    –  Et alors ? Amène-le, on va l’enterrer avec les autres.
    –  Tu comprends pas, il est pas mort.
    –  Alors, il faut prévenir le chef Osling, il verra s’il peut le soigner.
    –  Tu comprends toujours pas, il est même pas blessé. »
    À son tour, Clary se retourne stupéfait.
    « Tu es sûr ? Tu as dû rêver.
    –  Sur la Vierge, Clary, il est aussi bien portant que toi et moi, je l’ai trouvé dans un buisson à peine à cent mètres.
    –  Je vais voir, accompagne-moi. »
    Clary crie dans la direction de Klauss.
    « Je vais chier, chef ?
    –  Fais-toi accompagner, soyez prudents », répond le sergent indifférent.
    D’une tape sur le bras, Clary donne à Santini le signal du départ.
    Le bébé est toujours aussi calme, Clary ne peut pas détacher son regard de lui. Enfin, comme si ça pouvait avoir de l’importance, il demande :
    « C’est un garçon ou une fille ?
    –  Je sais pas, j’y ai pas pensé.
    –  Il faut voir, déclare solennellement Clary, qui déroule le foulard avec des gestes précautionneux.
    –  C’est une fille », annonce Santini, comme s’il était fier de ses connaissances.
    Clary remmaillote la petite fille, s’apercevant seulement que son sexe ne change rien au problème.
    « Qu’est-ce qu’on va foutre, par la Madone, qu’est-ce qu’on va foutre !
    –  On va en parler au lieutenant, c’est lui que ça regarde.
    –  Le lieutenant, le lieutenant, est-ce qu’on sait ce qui peut lui passer par la tête au lieutenant ? Il pense qu’à sa mission… Il t’aurait laissé crever comme un rat hier si je n’avais pas été là…
    –  Tout de même, tu penses pas…
    –  Je prends pas de risques, tranche Clary.
    –  Qu’est-ce que tu veux faire ?
    –  On va planquer la môme dans mon sac, il est maintenant presque vide.
    –  On s’en apercevra, elle va gueuler, sans compter que ça bouffe tout le temps, les lardons !
    –  Tu marcheras derrière moi. Si elle gueule, tu chantes, et puis on lui donnera du riz.
    –  Qu’est-ce qu’on va se faire engueuler ! » se lamente Santini qui pourtant n’ose pas contredire son compagnon.
    Du village, quelques brefs coups de sifflet apprennent aux légionnaires que la patrouille est prête à poursuivre sa route. Mattei a décidé d’établir le camp à deux heures de marche au sud-est.
    Chargés de la gamine, les deux légionnaires regagnent les paillotes déjà abandonnées par leurs compagnons. Ils retrouvent leurs sacs et leurs armes dont ils s’emparent vivement. Santini installe la petite fille dans le sac du Corse. La gamine toujours muette gigote un instant à la recherche d’une position confortable, puis rassurée et bercée par la démarche souple du légionnaire, elle ferme les yeux et s’endort tandis que les deux hommes rejoignent la queue de la colonne.
     
    Si le sommeil de l’enfant permit à Clary et Santini de la dissimuler pendant la marche, sa présence fut découverte quelques instants seulement après l’organisation du camp de nuit. C’est Osling qui le premier fut attiré par les habillements du bébé. Il se rapprocha, intrigué, des deux complices qui s’étaient installés à l’écart.
    « Qu’est-ce que vous manigancez tous les deux ? Qu’est-ce que c’est que ces cris d’oiseau ?
    –  C’est moi, chef, répond sans hésiter Santini. Je m’amuse.
    –  Tu te fous de moi, rétorque Osling soulevant la couverture de Clary. (Et apercevant la gamine :) Nom de Dieu ! D’où sortez-vous ça ? Vous êtes fous ?
    –  On est fous ! Elle est bonne ! Qu’est-ce qu’il fallait faire ? La buter ? jette Clary, outré.
    –  Un rapport, abruti. Voilà ce qu’il fallait faire. Un rapport : vous n’êtes pas là pour prendre des initiatives. »
    Attirés par les coups de gueule, Mattei et Klauss rejoignent le groupe, suivis de quelques hommes pour lesquels la curiosité l’emporte sur la fatigue.
    « Qu’est-ce qui se trame

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