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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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le
brouillard. Je me retrouvais près d’Enguerrand de Mons qui me confiait qu’il ne
suivrait le roi Henri que si celui-ci abjurait. De nombreux gentilshommes qui
avaient prêté serment au roi à la demande de Henri III n’y resteraient pas
fidèles s’il se dérobait à ses engagements. Vaincre les ligueurs, soit, mais
pas pour placer sur le trône de France un hérétique.
    Les hommes sont maîtres en fourberies !
    Seigneur, comment préserver en eux les vertus, l’angélique
naïveté de l’enfance ?
     
    J’ai entendu crier « Vive le roi ! ». Cela
provenait de la berge opposée tenue par les troupes du duc de Mayenne. Nous en
avons été étonnés. Peut-être s’agissait-il de transfuges qui quittaient le camp
de la Ligue pour rejoindre celui de Henri IV ?
    J’ai vu s’avancer vers nos Suisses des lansquenets, lances
et drapeaux baissés, criant encore « Vive le roi ! ».
    Nos Suisses leur ont tendu la main pour les aider à franchir
le fossé, et tout à coup ces Allemands ont sorti dagues et coutelas et commencé
d’égorger et d’éventrer les Suisses, puis de se précipiter vers nous qui
refluions, appelant à la rescousse. Enfin, les quatre canons du château
d’Arqués ouvrirent quatre belles rues sanglantes parmi les escadrons et les
bataillons ligueurs qui s’arrêtèrent court.
     
    Les hommes se vengent toujours. L’oubli et le pardon sont
les privilèges de l’enfance.
    Moi, mêlé à cette bataille, marchant avec quatre cents
arquebusiers huguenots vers les ligueurs, je pensais à mon fils Jean, à sa peau
veloutée, à l’innocence de son regard.
    Seigneur, Vous nous donnez tout avec l’enfance et nous
sommes comme ces joueurs qui se dépouillent, coup de dés après coup de dés, de
ce qu’ils possèdent, croyant ainsi pouvoir gagner alors qu’ils vont tout
perdre.
    Pensant cela, je m’élançai aux côtés du roi. J’écartai d’un
coup de lame un capitaine de lansquenet qui le menaçait de sa lance en lui
demandant de se rendre.
    À cet instant précis, les arquebusiers ont fait feu, nos
Suisses se sont jetés en avant et ont commencé d’égorger, de crever la poitrine
et la panse de tous les lansquenets, en guise de représailles pour la trahison
dont ils avaient été victimes.
     
    Les hommes se laissent griser par la victoire.
    Après celle d’Arqués, Henri IV a répété que nous
allions forcer les portes de Paris.
    Le 1 er  novembre, les arquebusiers et les
gentilshommes huguenots ont assailli les retranchements des faubourgs de la
rive gauche de la Seine.
    J’entendais leurs cris : « Saint-Barthélemy,
Saint-Barthélemy ! » et j’imaginais que s’ils pénétraient dans la
ville ils rechercheraient ceux dont ils pensaient qu’ils avaient été les
massacreurs d’août 1572.
     
    Dix-sept ans déjà…
    La haine, la vengeance, le désir de mort étaient plus forts
que jamais. Les huguenots commençaient le pillage de l’abbaye de Saint-Germain,
conquise.
    Des prisonniers, apeurés, prétendaient qu’ils combattaient
pour la Ligue parce qu’ils craignaient la pendaison ou le bûcher s’ils se
dérobaient. Les ligueurs avaient étranglé des hommes accusés d’être partisans
du roi hérétique, simplement parce qu’on les avaient vus sourire à l’annonce de
l’assaut des huguenots.
    Mais nous fûmes repoussés après avoir échoué à enfoncer la
porte Saint-Germain, et nous dûmes abandonner les villages de Montrouge, d’Issy
et de Vaugirard, puis chevaucher vers Tours en prenant les villes que nous
traversions.
    Dans chacune on pendait le ligueur le plus illustre.
« Les autres rats, disait Séguret, vont rentrer dans leurs trous. »
Les hommes méprisent les hommes. Ô Seigneur, donnez-leur la force de garder en
eux l’enfance !

 
38.
    « Illustrissimes Seigneuries,
    J’ai été reçu ce jour par le roi de France et de Navarre en
audience solennelle en sa demeure de Tours.
    Le roi était arrivé la veille de Vendôme, ville qu’il venait
de conquérir et où les chefs ligueurs ont été pendus, les maisons pillées par
les soldats. Mais, à la demande de Sa Majesté, les églises avaient été
sauvegardées.
    Le roi et les gentilshommes huguenots m’ont paru sûrs de
leur victoire sur le duc de Mayenne. La bataille d’Arqués les a persuadés que
les ligueurs seront bientôt chassés de Paris.
    — Si la fortune nous veut rire, m’a dit Henri IV,
je vous assure que ni le mauvais temps ni les mauvais chemins ne

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