Peines, tortures et supplices
conjuration de se former; elle éclata cependant, et un comte Jourdan, de la maison des princes Normands, se mit à la tête des peuples. Il fut livré à Henri VI.
On l'attacha sur une chaise de fer rougi, et on le couronna d'un cercle de fer brûlant qu'on lui attacha avec des clous.
VIII.
SUPPLICE DES AUGES.
On creusait deux auges de la grandeur de l'homme, depuis le cou jusqu'à la cheville des pieds, de manière qu'elles joignaient fort bien et s'emboîtaient ensemble. On couchait le criminel sur le dos dans l'une de ces auges; ensuite on mettait l'autre auge par-dessus, en sorte que tout le corps était bien couvert et bien enfermé, et qu'il ne sortait que la tête par un bout, et les pieds par l'autre. En cet état, on lui donnait à manger, et, s'il refusait d'en prendre, on l'y forçait en lui enfonçant des aiguilles dans les yeux. Quand il avait mangé, on lui faisait boire du miel délayé dans du lait, qu'on lui entonnait dans la bouche. On lui en versait aussi partout sur le visage, et on le tournait toujours au soleil, afin qu'il l'eût incessamment dans les yeux, de sorte que son visage était toujours couvert de mouches que ce lait et ce miel y attiraient. Il s'engendrait en outre de la corruption et de la pourriture de ses excréments, quantité de vers qui lui rongeaient les chairs. Quand on croyait qu'il était mort, on ôtait l'auge de dessus: on trouvait toute sa chair mangée par ces vers, et l'on découvrait partout sur ses entrailles, des essaims de cette vermine, qui y étaient attachés et qui les rongeaient encore.
Ce supplice était usité en Orient.
IX.
LE SUPPLICE DU CANON.
On a parlé, lors de la révolution dans l'Inde, du supplice que les Anglais infligeaient aux rebelles. Ils étaient attachés à la gueule d'un canon, et le boulet dispersait les membres du malheureux condamné. En Perse, le même supplice est en usage, et nous empruntons à un récit de voyage une description détaillée de cette horrible exécution:
«Pendant mon séjour à Téhéran, je fus témoin d'un spectacle horrible. Une femme du harem avait été condamnée à mort.
«Une curiosité bien excusable chez un voyageur triompha de mes sentiments d'humanité et me porta à assister au supplice de cette malheureuse. La foule des spectateurs était si grande, que j'eus beaucoup de difficulté à me procurer une place d'où je pus bien voir.
«Devant le harem, sur un tertre élevé à cet effet, on avait établi un gros mortier en bronze, auprès duquel était un boute-feu avec la mèche allumée. Bientôt je vis les officiers de justice percer la foule en se faisant place à grands coups de bâton.
«Derrière eux s'avançait la victime entourée de gardes; elle était enveloppée de la tête aux pieds d'une pièce d'étoffe noire qui lui cachait le visage; elle marchait d'un pas ferme, et son port était majestueux. De temps à autre elle adressait quelques mots à un eunuque qui l'accompagnait; mais le bruit que faisait le peuple m'empêcha d'entendre ce qu'elle disait. À mesure qu'elle approchait le bruit diminua, et quand elle fut arrivée près de la fatale machine, il cessa tout à fait.
«Profitant du silence, elle se mit à haranguer le peuple avec un calme qui surprit tout le monde, et d'une voix si nettement articulée, qu'on ne perdait pas une seule de ses paroles.
«Les officiers de justice voyant que son discours faisait impression sur la multitude, l'interrompirent. Elle ne chercha pas à continuer, et elle se remit entre leurs mains. Ils la conduisirent devant le mortier.
«Arrivée là, elle demeura ferme et calme, n'adressa à ses bourreaux aucune supplication et ne versa pas même une larme. On lui dit de s'agenouiller et de placer sa poitrine contre la bouche du mortier, et elle le fit sans hésiter. On lui étendit les bras, et on lia ses poignets à deux poteaux qui avaient été plantés à droite et à gauche du mortier, et elle ne donna aucun signe d'émotion.
«Elle posa la tête sur le mortier et demeura quelques instants dans cette position, attendant son sort avec un héroïsme digne du guerrier le plus intrépide.
«Enfin le signal fut donné, et le boute-feu, élevé en l'air, descendit lentement vers la lumière du mortier.
«Au moment où la mèche embrasée allait toucher la poudre, un frémissement général éclata dans l'assemblée. L'amorce s'enflamma mais ne communiqua pas le feu à la charge, et la victime leva la tête pour voir ce qui était arrivé.
«Une
Weitere Kostenlose Bücher