Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
ici. Pour mériter son amour, je chassai le Blanc Cerf et le pris, grâce au brachet qu’elle m’avait confié à moi aussi. Sur ces entrefaites, la cavalière qui t’a ravi la tête et le brachet vint aussitôt me les prendre pareillement. Ainsi qu’à toi-même, elle promit de me les rendre si je venais ici demander à quelqu’un de me combattre. Je le fis, et un chevalier sorti de dessous cette pierre m’attaqua. Mais lorsque, l’ayant vaincu, je voulus reprendre possession de la tête et du brachet, je m’aperçus que la cavalière avait disparu, emportant ce qu’elle devait me rendre.
    « J’allai alors conter mon aventure à celle qui m’avait promis son amour. Elle m’assura que je l’obtiendrais si j’accomplissais son service trois années durant. Elle m’envoya donc en ce lieu, me disant d’y remplacer l’homme que j’avais défait et de livrer bataille à qui viendrait me provoquer. Mais si j’avais le malheur de mordre la poussière, alors elle ne m’aimerait jamais. Voilà, seigneur, ce qu’il en est de moi. Je sais que j’ai été fou d’aimer cette femme. Elle est aussi fausse que malveillante, mais je ne saurais vivre sans l’espoir de la conquérir. Au-dessous de cette pierre est un souterrain qui mène à une vaste salle. C’est là que je réside et que j’ai emmené ton cheval. Si tu le veux bien, nous allons conclure un arrangement. Tu reprendras ton cheval, mais nous troquerons nos boucliers. Ainsi pourrai-je montrer le tien à celle que je désire si follement, et elle ne pourra douter de ma prouesse. – Par ma foi, dit Perceval, j’y consens, mais à une condition : c’est que tu ne te vantes jamais devant personne de m’avoir pris par la force ce bouclier. – Je t’en fais le serment », dit l’homme noir.
    Sur ce, ils entrèrent dans le souterrain qui les mena dans une salle grande et belle, aux murs de laquelle étaient suspendus nombre de boucliers. Des torches éclairaient cette salle où se pouvaient admirer une mappemonde, la plus belle qu’on eût jamais vue et faite d’or fin, ainsi que des meubles de haut prix, en marqueterie ou en ivoire. Perceval remit son bouclier à l’homme noir qui l’accrocha sur une cheville puis dit : « Seigneur, choisis parmi les autres celui qui te plaît le mieux. » Perceval fit le tour de la salle et y remarqua un bouclier très large, tout en sinople sur argent. Il s’en saisit et le mit à son cou. « J’en ai trouvé un qui me convient, dit-il. Il ressemble fort au mien, mais il est encore plus beau, et je dois me réjouir de l’échange. Toutefois, je voudrais te demander quelque chose : puisque tu es céans depuis si longtemps, peut-être as-tu entendu dire où se trouvait une forteresse en laquelle réside un roi boiteux qui se fait appeler le Roi Pêcheur ?
    « Par ma foi, répondit l’homme noir, si je le savais, je te le dirais de grand cœur. Mais je n’ai rien entendu à ce sujet, je peux te l’assurer. Cependant, si tu veux en savoir davantage, traverse cette vallée et descends le cours de la rivière jusqu’à la mer. Il y a là une cité où je n’ai jamais mis les pieds, mais que l’on connaît sous le nom de Château des Merveilles. Quelles sont ces merveilles, je l’ignore, mais là, peut-être pourra-t-on te renseigner sur le Roi Pêcheur. Au sortir d’ici, tu verras un grand pin au pied duquel s’ouvre un chemin. Si tu suis celui-ci, tu ne te perdras pas. » Perceval salua le chevalier, et, reprenant son cheval qu’il était tout heureux d’avoir retrouvé, il sortit. L’homme noir le raccompagna jusqu’à la pierre plate. « Je te recommande à Dieu, chevalier ! » lui dit-il. Alors, Perceval aperçut le pin et s’engagea sur le chemin que l’autre lui avait indiqué.
    À une lieue de là, il aperçut la cavalière qui avait prétendu lui ravir le brachet et la tête du Blanc Cerf. Sachant à quoi s’en tenir sur elle, il ne s’arrêta pas, ne la salua pas et se contenta de la dépasser. Toutefois, après un instant de réflexion, il se ravisa et l’attendit et, dès qu’elle fut parvenue à sa hauteur, il porta la main au frein de son cheval et l’apostropha en ces termes : « Femme ! sache que je ne retournerai jamais au Château de l’Échiquier. Tu peux dire à celle qui m’a confié le brachet qu’elle a eu tort de s’imaginer pouvoir me duper et me tourner en dérision. Je m’en vais et ne reviendrai jamais en ces lieux. – C’est grand

Weitere Kostenlose Bücher