Quelque chose en nous de Michel Berger
boulevard Beauséjour chez France etMichel. Devant le refus de Michel Jonasz d’être le salaud Zéro Janvier, cet homme d’affaires (William Hearst ?) passé en politique qui s’empare du pouvoir à Monopolis, capitale de l’Occident, et à défaut de Robert Charlebois, au sommet de sa renommée des deux bords de la francophonie que personne n’ose déranger, c’est elle qui suggère Claude Dubois, à même de créer « Le blues du businessman » à la mélodie exigeante. Plastic Bertrand, lui, rate l’opportunité de devenir Ziggy, dont s’empare Éric Estève, cependant que René Joly, longtemps produit par Gérard Manset (« Chimène », « Pauvre Marin », mais aussi par Michel pour « Viens dans mes nuages ») complète le cast.
L’album s’enregistre boulevard de l’Hôpital début 1978, avec le monumental Jim Keltner (Lennon, Harrison, Dylan, J.J. Cale, etc.) écroulé à la batterie, Claude Engel et Mick Grabham de Procol Harum aux guitares, les Michel B. aux claviers et Graziella dans les chœurs. Les cordes se font à Londres, les Brecker Brothers et Tom Malone ajoutent leurs cuivres à New York, on repasse par Québec, et Jean-Pierre Janiaud mixe à Gang. Le double album Starmania, un opéra rock de Michel Berger sur un livret de Luc Plamondon sort le 16 octobre 1978, et deviendra, avec le temps, un classique insubmersible des deux côtés de l’Atlantique (il figure aujourd’hui parmi les dix meilleures ventes d’albums francophones de l’histoire, avec plus de 2 millions et demi d’exemplaires achetés). « Toutes les chansons sont merveilleuses. Le contenu est monstrueux. C’est d’une densité stupéfiante par rapport à ce qui se fait depuis », s’exclame encore aujourd’hui Janik Top, qui intègre l’orchestre à la basse.
« Les uns contre les autres », longtemps chat noir de l’aventure que se repassent les interprètes et finalement chanté par Fabienne Thibeault, en assure la promotion, suivi, plus modestement dans un premiertemps, par « Le blues du businessman ». Roland Hubert, qui produit le spectacle avec le soutien de Perrier et d’Europe 1, via sa filiale Promotions et Spectacles que vient de rejoindre Jacques Clément, cherche désespérément une salle qui puisse l’accueillir au printemps. Seul le Palais des Congrès possède encore quelques dates libres, entre les résidences de deux autres de ses clients, Serge Lama et Chantal Goya, et le ballet du Bolchoï. Vingt-quatre shows seront possibles, pendant les vacances de Pâques, et à cheval sur les ponts des 1 er et 8 mai : on ne peut faire pire configuration. Le metteur en scène new-yorkais de Hair, Tom Paine et Jesus Christ Superstar, Tom O’Horgan, débarque avec sa batterie de chorégraphes, costumiers, maquilleurs, éclairagistes, sonorisateurs. Il est assisté et secondé par le fils de Jean Serge, Francis Morane. Les décors audiovisuels (écrans géants, moniteurs de télé, affichage électronique, lasers) et l’orchestre dirigé par Michel Bernholc en queue-de-pie ne seront pas du goût de ceux pour qui rien de tout ça ne correspond à l’idée qu’ils se font d’un opéra, même « rock » (ne parlons pas de ceux qui n’y voient rien de tel non plus). Claude Fléouter dans Le Monde et Alain Riou dans Le Nouvel Obs signeront les rares articles positifs. « Je ne suis pas furieux des mauvaises critiques, dira Michel à Antenne 2. Moi-même, j’avais des réserves. Un opéra, ça n’est pas quelque chose de sacré, de figé dans le temps. Il existe une espèce d’aura auprès des termes utilisés dans la musique classique qui m’énerve. Starmania, c’est deux heures de spectacle chanté par des interprètes assez lyriques, mais le rock, c’est la musique de notre époque. C’est un défi, pas du tout la même chose qu’un opéra classique. Les spectacles musicaux sont réputés difficiles en Europe. On m’avait dit que ça ne marcherait jamais. »
Heureusement pour les locations, entre-temps, Daniel Balavoine décroche son premier énorme succès, « Le chanteur », numéro un RTL en janvier 1979, apportant à l’affiche une tête de gondole supplémentaire et bienvenue. Reste à trouver Cristal, présentatrice de l’émission Starmania qui s’éprendra de Johnny Rockfort. En dernière minute, parce qu’elle est omniprésente depuis le premier jour à tous les stades de la conception et de la production, peut-être aussi parce qu’une tête d’affiche française ne peut pas
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