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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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des rues ». Début mai, le procureur général de Bourgogne écrit avoir vu, dans les prairies, des hommes et des femmes paissant l’herbe « comme des moutons », scènes que confirme avoir observées, dans d’autres régions, l’ambassadeur d’Espagne traversant alors le royaume.
    La France, cette année-là, sera pourtant sauvée… grâce à l’orge. « Dieu, commente un échevin de Nantes, inspira aux laboureurs de semer de l’orge dans les terres où ils avaient semé du blé » (lequel avait gelé). Et l’orge a produit trois fois plus que le blé. Messire Regnauldin, curé d’Etang-sur-Arroux, en Morvan, n’en écrit pas moins, à la dernière page de son cahier de cette funeste année, en guise de souhait pour celle qui va débuter : « Il est à souhaiter que Dieu ne soit pas davantage irrité contre son peuple et que l’année prochaine soit plus heureuse. » Dans sa paroisse comme ailleurs, les hommes avaient eu froid et faim ; les plus fragiles avaient succombé, à commencer par les enfants, les vieillards et les femmes grosses. Les plus vaillants avaient dû s’endetter parfois très lourdement pour survivre…
    Par tous les temps : pépins et froids de canard
     
    Le temps a toujours été une des grandes épreuves de nos ancêtres. Non seulement en ce qu’il conditionne leur travail et leurs récoltes, mais parce qu’ils ont peu de moyens de s’en protéger. Lorsqu’en hiver ça caille, que ça coaille, autrement dit, semble-t-il, que ça coagule, que l’eau gèle et que le sang semble vouloir l’imiter, chaudes fourrures et peaux de bêtes sont rares et chères. Nos ancêtres, dès lors, se trouvent bien désarmés envers les froids de canard , autrement dit ceux qui se prêtent à la chasse au canard sauvage. Lorsqu’il pleut, le défaut de tissus imperméables les rend trempés comme des soupes, expression dont on comprendra aisément l’origine en sachant que le mot « soupe » désignait alors les tranches de pain que l’on trempait de bouillon.
    Le parapluie, même s’il est mis au point dès le XVI e siècle et introduit, d’abord en tant que parasol, par les Italiennes de la cour de Catherine de Médicis, est resté très longtemps inconnu. Dans les campagnes, il fera timidement ses débuts au XIX e siècle et se cantonnera longtemps à la panoplie des gens aisés : curés, maires, marchands… Généralement de toile bleue – ou noire –, il devient l’objet d’une superstition faisant redouter un malheur lorsqu’il est ouvert dans une maison, sans doute parce qu’il rappelait le drap mortuaire que l’on aurait fatalement, au dernier jour, sur sa tête. Sa vocation, son pittoresque feront assez vite de lui un objet populaire, volontiers utilisé dans les farces et au théâtre, ce qui lui vaudra diverses appellations. Accessoire de don Basile lorsqu’il fait son entrée sur scène au troisième acte du Mariage de Figaro  ; il est aussi celui de personnages aujourd’hui oubliés, l’un dans une comédie de Picard, créée en 1801, et intitulée La Petite Ville, l’autre dans La Promenade du dimanche, un vaudeville de la même époque, personnages nommés respectivement MM. Rifflard et Pépin, et dont il héritera des patronymes.
    La violence omniprésente : des serrades
de Lozère aux charbons ardents du Maine
    L’univers de nos ancêtres, dominé par la religion et les caprices de la nature et des princes, l’est aussi – comment pourrait-il en être autrement ? –, par la violence. Les scènes du film à succès Les Visiteurs sont parfaitement représentatives des mœurs de ces temps lointains, que les progrès des sciences et des lettres ont été bien longs à faire évoluer.
    La violence est partout.
    Elle commence par les coups.
    Est-ce parce que le geste l’emporte sur la parole ? Les voies de fait sont monnaie courante, aussi bien dans le cadre domestique et familial que dans celui de la vie publique.
    Comment s’en étonner, lorsque l’on a vu les bourrades amicales que se donnent les amoureux aux veillées, quand on sait qu’à peine sorti du ventre de sa mère, le marmot, s’il n’a pas été à demi écorché par les fers de la sage-femme, voit souvent celle-ci lui « remodeler » le visage ? Que la tête du bébé ne lui revienne pas, la matrone d’autrefois, qui n’a pas reçu la moindre formation, met un point d’honneur à parfaire l’œuvre de la nature. Sans économiser ses forces, elle arrondit le

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