Qui étaient nos ancêtres ?
visage d’un garçon ou allonge les tétons d’une fille afin de la préparer à être, plus tard, une bonne nourrice.
Gare aux mères et aux poules : la sage-femme arrive !
Appelée bonne mère ou matrone, la sage-femme inspirait plus volontiers de la crainte que du réconfort à la future mère. Choisie – voire élue – parmi les femmes âgées et mères de familles nombreuses, elle avait simplement appris son métier sous la houlette d’une consœur. Une des seules conditions à l’exercice de la profession était d’avoir prêté serment sur les Évangiles.
Dès qu’elle débarquait dans une maison, elle choisissait le lieu d’accouchement, faisait asseoir la parturiente et lui faisait réciter ses prières – un préliminaire obligatoire, puisqu’en ces temps-là nombre d’entre elles mouraient en couches. Elle vérifiait ensuite les linges, faisait remplir des bassins d’eau chaude et apporter le lit ou la paillasse devant la cheminée, afin de garantir à l’accouchée à la fois lumière et chaleur.
Après quoi, notre matrone, à la campagne, se précipitait dans la cour de la ferme. Elle y saisissait la première poule passant à sa portée pour lui tordre vaillamment le cou, et préparait un bon bol de bouillon à sa cliente, tout en se versant, pour elle, un grand verre de gnaule. Alors, elle rejoignait le groupe des femmes, parentes et voisines, réunies près du lit, pour caqueter avec elles, se réservant, dans les cas où le « travail » n’avancerait pas assez vite, d’envoyer un homme atteler une charrette, pour y faire monter la future mère et la faire promener par les chemins cahoteux, histoire d’accélérer les choses…
On ose à peine décrire sa panoplie de crochets et d’outils en tout genre, ni le matériel qu’elle apportait avec elle (pelles à feu, tisonniers, crochets de balances romaines), panoplie inquiétante et qui en dit long sur ses techniques. Elle n’hésitera, en effet, ni à « parfaire » le visage du nourrisson, ni à user de chantage et du harcèlement, afin de s’acquitter pour le mieux du rôle d’inquisiteur impitoyable qu’elle se voit reconnaître par les prêtres ou les juges face aux mères célibataires qui avaient « fauté ». À celles-ci, notre bonne mère saura toujours arracher, au moment le plus critique, le nom de leur séducteur pour mieux pouvoir le faire dénoncer et poursuivre. Ces habitudes de notre matrone (qui doit son nom à la mater latine, la mère) sont à l’origine du sens courant que ce mot a reçu au fil des siècles.
À la première occasion, le bon et placide sire de Gouberville fouette son valet, bat son intendant et son demi-frère – un bâtard – qui vivent sous son toit.
La violence est partout, dans la rue, sur la place du village, au cabaret, à la sortie du bal, à la foire (où l’affront aura toujours été porté devant témoins), comme à la maison, et jusque dans l’église.
Sans oublier nos hooligans des parties de soule ou les batailles rangées entre gars de paroisses ennemies, entre conscrits éméchés, entre brigades rivales de scieurs de long, on en verra aussi entre artisans de métiers différents ou entre compagnons du Tour de France de devoirs opposés. On se souvient, à la fin du XVII e siècle, du pugilat de deux habitants de Rumegies, et du sang répandu alors au cimetière (on nota un semblable incident à la même époque à Sartrouville, près de Versailles). On se rappelle le traitement infligé au collecteur de taille de Cormeilles-en-Vexin et la gifle donnée en pleine rue par un bourgeois de Lons-le-Saulnier à son fils prêtre, au XVIII e siècle. Voici, à la même époque, un maître d’école qui « se retirant chez lui après minuit après avoir été à la pesche et soupé en ville (…) trouva sa femme couchée ». La situation lui déplaît : la coquine ne devait-elle pas l’attendre, pour le servir à son arrivée ? « Il lui porta deux coups de poing à la tête et un sur la figure, ce qui lui fit rendre beaucoup de sang par le nés, il la prit par les cheveux et l’arracha de son lit. » En 1376, Jehan Galoisy, en peine forêt de Planoise, met pareillement sa femme « camuse », autrement dit lui aplatit le nez. Le coup dut être fort !
Autour de Gouberville, après les injures, on en vient aux mains, aux pieds, chaussés de sabots de bois parfois ferrés, comme le sont ceux d’Antoine Sevestre, dans l’affaire de Cormeilles,
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