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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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pour Pierre, d’où Perrinet…), par « aphérèses » (Naudin sur Arnaud, Colin sur Nicolas, Gonet sur Hugonnet…) ou par contraction (Vial pour Vital, Huet pour Hugonnet…).
    Autre surprise : même notre Durand, qui n’est que cinquième au « top 50 » des noms les plus portés (derrière Martin, Bernard, Thomas et Petit – Dupont n’arrivant que… 28 e ), figurait au nombre de ces noms de baptême qui nous semblent étranges. Pourtant, lorsque l’on parcourt les archives des XV e , XVI e et XVII e siècles, on y voit perdurer quantité de ces appellations déroutantes.
    En Artois, on trouve au XVI e siècle des centaines d’hommes prénommés Pasquier (dont la fête était… à Pâques), Fremin, Andrieu (simple variante d’André), des dizaines d’Agnieu (venus de l’Agneau pascal) et de Baudechon, et on trouve encore des Allo, Anseau (ou Ansel), Bardin, Buchon, Clairon, Frion, Garin, Huchon, Jury, Mansart, Mellon, Vallerand… Deux siècles plus tôt, en Bas-Vivarais, on relevait les prénoms d’Artaud, Gilet, Godon… et quantité de Durand, de Mondon et de Rostang. Au lendemain de la guerre de Trente Ans, certains Francs-Comtois se prénommaient Belin, Cléry, Ferrieux, Maizelin, Oudot, Parrenin, Thaurin, Vaudrey… Jusqu’à – je l’ai gardé pour la fin – cet Azor Loffrey, recensé au Transloy, dans le Pas-de-Calais, en 1569 !
    À l’école, encore, même si le maître républicain prend l’habitude de le nommer Charron Étienne, comme on le fera d’ailleurs au conseil de révision, l’individu reste dans tout le village, « l’Étienne », éventuellement « l’Étienne du Jean », pour le différencier de l’autre Étienne, dont le père se prénomme Louis. Ce n’est que lorsqu’il quittera son milieu d’origine, lorsqu’il fera son « temps » de service militaire à l’autre bout du pays, ou qu’il s’en ira travailler à Paris ou à Marseille, que le villageois commencera à réellement vivre sous son nom. Voilà pourquoi les porteurs de noms qui nous semblent volontiers particulièrement lourds à porter, comme Chaucouillon, Cocu, Bitaubec, Pissevin ou Chigros, n’ont que très tardivement éprouvé le besoin d’en changer ou de l’alléger.
    L’individu est membre de multiples groupes, et d’abord d’une famille, c’est là le minimum. Malheur à qui ne peut être situé sur ce plan, comme l’enfant naturel, qui ne l’est tout au mieux qu’à demi, par sa mère, et reste avant tout un enfant du péché. Honte à lui, à sa mère et à sa famille. Il sera véritablement un paria, dont bien des filles ayant fauté ont été autrefois tentées de se débarrasser, au point qu’Henri II dut les obliger, à titre préventif, à déclarer officiellement leur état. Beaucoup, dès lors, se sont vues contraintes à abandonner leur bébé, selon une procédure qui pouvait certes lui sauver la vie, mais sans l’intégrer pour autant.
    Enfants naturels et abandonnés :
des êtres non intégrés
     
    Dans cette société où chacun doit avoir une place claire et précise, les enfants naturels sont évidemment exclus.
    Considéré comme le fruit du péché, l’enfant de mère célibataire partait dans la vie avec un très lourd handicap, qu’il parvenait rarement à remonter. Encore, sa situation était-elle bien moins dure que celle de l’enfant abandonné.
    La plupart des malheureuses filles ayant « fauté » préféraient en effet le plus souvent abandonner purement et simplement le bébé auquel elles donnaient le jour. Elles le faisaient n’importe où : dans le caniveau, sur un tas de fumier (où, au moins, il aurait chaud), mais le plus souvent en ville, afin de lui donner une chance d’être trouvé… et sauvé. La plupart le déposaient donc sur le parvis d’une église ou, dans le « tour » d’un couvent, sorte de porte à tambour aménagée dans l’épaisseur des murs, permettant à la mère de conserver l’anonymat. Celle-ci tirait une sonnette pour avertir de son geste la sœur « tourière », qui venait retirer le bébé, tout en entendant des pas s’éloigner dans la nuit…
    Parfois, la mère prenait soin de laisser un éventuel signe de reconnaissance, une médaille, une croix, quelque amulette, ou plus simplement un lange brodé d’initiales. Si elle savait écrire, elle griffonnait un mot malhabile, demandant qu’on le baptise sous tel ou tel prénom. Mais le plus souvent, faute de cette information,

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