Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
Vom Netzwerk:
souvent efficace.
    Il est faux de croire que ces unions consanguines sont obligatoirement causes de catastrophes génétiques. Elles ne font en fait tout au plus qu’augmenter les chances de voir réapparaître dans une famille aussi bien une propriété qu’une tare ancestrale. Si, lors d’une union dite normale, un gène a une chance sur 10 000 de se transmettre, le risque passe ainsi à une sur 400 chez l’enfant dont les parents sont cousins germains.
    Aux parentés et aux alliances, nos vieillards ajoutent volontiers des considérations matérielles pratiques, en mémorisant aussi les dots.
    La fiancée choisie par – ou plutôt sans doute pour – François Pimont, marchand à Tulle en 1770, sera ainsi Louise Rivassou, fille d’un marchand-laboureur des environs, et dont la famille était déjà alliée à la sienne par un remariage deux générations en amont. Les futurs ne sont pas apparentés, ils échapperont à l’exigence de l’intraitable curé de la paroisse Saint-Julien, mais ils sont du même milieu et leurs familles ont tissé des liens. Les Pimont ont déjà versé une dot aux Rivassou, que cette opération va leur permettre de récupérer… C’est le principe de la « rotation des dots » que nombre d’ethnologues ont observé à travers différentes régions, faisant que l’on arrivait ainsi à ne jamais en verser, puisqu’il y avait toujours échange ou récupération.
    Mais ces habitudes ont aussi des raisons pratiques. En un temps où les familles cohabitent sous un même toit, mieux vaut s’efforcer de limiter le nombre et les provenances des pièces rapportées. Un mariage faisant entrer dans la maison la nièce de la femme de l’oncle avec lequel on vit est en principe regardé comme un gage de bonne entente entre les épouses. Craignant par-dessus tout les guerres entre femmes, on mettra tout en œuvre pour que le deuxième fils choisisse la sœur de la femme qu’a épousée son aîné. Voilà pourquoi le veuf, mariant son fils à la fille d’une veuve, décide fréquemment d’épouser de son côté ladite veuve. La règle d’or est de se marier ni trop près, ni trop loin.
    De ce tableau résulte aussi une plus forte solidarité que soude chaque groupe, tant celui des habitants d’une paroisse capables de se liguer contre ceux d’une autre, le groupe des conscrits ou des membres d’une famille, le groupe des gars d’un bourg que l’on verra sanctionner ou défendre certains de leurs comparses, les compagnons du Tour de France, nourris et hébergés par celle qu’ils appellent symboliquement leur « Mère »… À la campagne, la plupart des gros travaux sont souvent exécutés en commun, en particulier ceux de battage, aussi bien au temps du travail au fléau, effectué en groupe dans les cours ou dans les granges, qu’au XX e siècle, avec l’apparition des machines à battre, véritables monstres passant de ferme en ferme, et donnant lieu à une succession de jours vécus comme des jours de fête.
    Le jour où l’on tue le cochon – autre jour de fête que l’on appelle pêle-porc dans les régions du Sud – voisins et parents viennent aider. La viande, les abats et le boudin seront offerts aux personnes envers qui l’on s’estime redevable ou que l’on veut honorer, sachant que la grosseur du morceau sera proportionnée à la marque d’amitié ou de respect que l’on veut témoigner.
    Il en va de même des longues veillées d’hiver réunissant des hameaux entiers pour émonder des noix autour d’un feu, teiller le chanvre ou écosser les fèves, et des veillées mortuaires pendant lesquelles, toute la nuit, lorsque l’on dispose d’une chambre séparée de la salle commune, on prie auprès du corps du défunt avant qu’il ne soit porté en terre, l’enterrement prenant, au fil des siècles, la dimension d’une cérémonie de plus en plus importante, où chaque famille de la communauté doit être représentée par l’un de ses membres.
    Inquiets devant la mort, nos ancêtres le sont en fait devant tout ce qui est inconnu. Qu’il s’agisse d’un vagabond, d’une comète, d’une naissance de triplés, tout ce qui ne respecte pas l’ordre établi les déroute, et ce d’autant plus que cet ordre conditionne tous leurs gestes. Tout doit participer à garantir cet équilibre. La pyramide sociale est une base nécessaire. Et comme à l’Église chacun à sa place selon son rang et son sexe (au châtelain le banc d’œuvre, les

Weitere Kostenlose Bücher