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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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davantage à accepter. C’est ensuite
Gaucher de Chatillon, le comte de Saint-Pol qui décline la proposition du
légat.
    — Nous avons assez de belles
textes en France où sont nos cœurs, nos enfants et nos pères, pour n’avoir nul
besoin de dépouiller autrui.
    Ces féodaux, proches du roi Philippe
Auguste, tiennent à son amitié. Ils connaissent son hostilité envers toute
dépossession et attribution par le pape de fiefs dont il est le suzerain. Le
roi de France l’a rappelé plusieurs fois, très sèchement, à Innocent III.
Trois mois plus tôt, ils ont conféré avec Philippe Auguste à
Villeneuve-sur-Yonne. Il les a autorisés à répondre à l’appel du pape et à
partir en croisade contre les hérétiques. En échange, ils ont dû promettre de
ne se prêter à aucune manœuvre politique de Rome dans les affaires temporelles
du royaume. D’autant plus que, puissants et respectés sur leurs terres, ils ne
voient guère d’intérêt à s’établir dans ce guêpier sous un climat trop chaud
pour eux.
    Le légat a satisfait aux convenances
en offrant le pouvoir aux plus grands du royaume, il est donc libre désormais
de proposer la couronne des Trencavel au baron de son choix. Il lui faut un
guerrier courageux et un conquérant ambitieux. Arnaud Amaury n’hésite pas un
instant : ce sera Simon de Montfort.
    — Seigneur, au nom du Tout-Puissant,
cette terre est à vous. Vous aurez pour parrains Jésus-Christ et le pape, son
Église très sainte et les barons de France. Aucun de nous, jamais, ne vous fera
défaut.
    Le choix est unanimement approuvé.
Protégé du duc de Bourgogne, sous les ordres duquel il était parti en croisade,
Montfort a su gagner des amitiés depuis que l’armée s’est formée, près de Lyon.
En moins de cinquante jours, ses amis sont devenus ses partisans. Bien des
chevaliers qu’il a secourus au mépris du danger lui doivent la vie. Les piétons
qu’il a entraînés dans des assauts victorieux lui vouent une admiration
enthousiaste. Plusieurs chroniqueurs ont écrit sur lui des lignes assurant sa
gloire : «  Haut de stature, il attirait le regard par sa
chevelure ; il était élégant de visage et avait belle allure avec ses
larges épaules, ses bras musclés, son torse bien proportionné ; tous ses
membres agiles et souples ; il était vif et alerte ; pas un détail de
sa personne ne prêtait à la critique, même aux yeux d’un ennemi ou d’un jaloux.
Ajoutons pour nous élever à des considérations plus hautes qu’il s’exprimait
avec aisance, que son commerce était plein d’affabilité ; sa camaraderie
aimable, sa chasteté absolue et son humilité exceptionnelle. Il était doué de
sagesse, ferme dans ses décisions, prudent dans ses conseils, équitable dans
ses jugements, compétent dans les questions militaires, circonspect dans ses
actes, difficile à mettre en train, mais ne renonçant jamais à ce qu’il avait
entrepris et tout entier dévoué au service de Dieu . »
    Je n’ai jamais lu semblable éloge
d’Alexandre le Grand, de Jules César ou de Charlemagne ! Toutes ces
qualités ont dû lui coûter cher : il a, paraît-il, généreusement financé
l’élaboration de cet invraisemblable portrait où ne plane que l’ombre d’un
reproche : « Il est difficile à mettre en train. »
    Habilement, Simon de Montfort
commence en effet par refuser l’investiture que lui accorde la croisade. Cette
fois, Arnaud Amaury est réellement embarrassé. Il insiste. Tous prient Simon de
Montfort d’accepter. Il s’obstine dans son simulacre. C’est finalement à un
ordre catégorique du légat qu’il acceptera d’obtempérer. Cette subtile manœuvre
lui évite de se trouver dans la position du débiteur et lui permet, au
contraire, de se poser en créancier. Le privilège de recevoir ce qu’il
convoitait se transforme en devoir d’accepter une mission difficile. Il peut
donc présenter ses exigences : tous les seigneurs présents autour de la
table doivent promettre de venir lui porter secours s’il en était besoin.
    — J’accepte, à cette
condition : que tous ceux qui sont en cette assemblée jurent d’accourir
aussitôt, si l’on met en péril mes cités ou mes terres, et de me secourir.
    — Sur l’honneur, c’est
promis ! répondent-ils, la main sur le cœur.
     
    *
* *
     
    Malgré l’immense territoire qui lui
échoit soudain, Simon de Montfort conserve la tête froide. Âgé de près de
cinquante ans, il ne possède

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