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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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qu’un petit fief en Ile-de-France. Ses titres sur
le comté de Leicester sont fictifs puisque le roi d’Angleterre a confisqué sa
terre. Ce qui lui est offert peut faire de lui un grand seigneur, mais il ne
mésestime pas la difficulté. Prendre Béziers ou Carcassonne avec des milliers
d’hommes est plus facile que de contrôler durablement d’immenses provinces,
d’Albi à Limoux, du Lauragais à la Méditerranée avec une poignée de compagnons.
    En effet, les principaux chefs de la
croisade s’apprêtent à plier bagages. Le comte de Nevers a déjà donné ses
ordres. Le duc de Bourgogne s’apprête à faire de même. Les quarante jours sont
passés. Ils ont fait leur devoir et s’apprêtent à regagner leurs terres
respectives, emmenant avec eux l’essentiel des forces qui ont fait le succès de
la croisade.
    Ils laissent Simon de Montfort face
à l’hostilité de notre peuple. Seule une phalange de chevaliers décide de
rester avec lui. Il peut compter sur Guy de Lévis, d’un fief voisin en
Ile-de-France ; sur des Normands, Perrin de Cissey, Roger des Essarts,
Roger d’Andelys ; sur quelques seigneurs de Picardie, Robert de Forceville
et Robert de Picquigny ; sur un Bourguignon, Lambert de Thury, et sur un
chevalier du Nivernais, Guillaume de Contres.
    Au total moins de quarante
chevaliers, servis par trois à quatre mille hommes, vont former l’armée de
Montfort. Ceux qui repartent vers le nord sont trois fois plus nombreux.
    Simon de Montfort expose sa
situation dans une lettre au pape : « Les plus grands seigneurs qui
s’étaient joints à l’expédition m’ont laissé presque seul au milieu des ennemis
du Christ, qui rôdent à travers les montagnes et les rochers. Sans votre aide et
celle des fidèles je ne pourrai gouverner plus longtemps cette terre :
elle est d’une très grande pauvreté, tout y a été dévasté. Les hérétiques ont
abandonné une partie de leurs châteaux après en avoir tout emporté et les avoir
détruits. Ils conservent les autres, qui sont les plus forts, et ils sont
résolus à se défendre. »
    L’usurpateur des possessions de
Trencavel présente son hommage au pape et lui demande de le confirmer dans les
titres que lui ont donnés le légat et les Croisés. Il annonce enfin au Saint-Père
qu’il va faire lever à son profit un cens annuel. Chaque famille paiera trois
deniers et tous les excommuniés seront frappés d’une lourde amende dont le
produit sera envoyé à Rome. Montfort ajoute qu’il versera lui-même une somme
annuelle en «  reconnaissance du droit de propriété de l’Église romaine  ».
    C’est le meilleur moyen de s’assurer
le soutien du pape, dont il a grand besoin, car il ne peut compter ni sur le
roi de France, ni sur le roi d’Aragon, ulcéré d’apprendre la dépossession de
Trencavel et l’investiture d’un nouveau seigneur sous la seule autorité de
l’Église.
     
    *
* *
     
    Je m’apprête à regagner Toulouse.
Avant de lever le camp, j’ai envoyé mon sénéchal chercher mon jeune fils
Raimond. Mes pairs du nord de la Loire voulaient le connaître.
    Raimond le Jeune a onze ans. Il est
vif et éveillé. Guy de Lévis plaisante en échafaudant des projets de mariage
avec la toute petite fille de Simon de Montfort. Je lui réponds sèchement que
mon héritier est déjà fiancé avec Sancie d’Aragon, la sœur cadette du roi
Pierre et de mon épouse Eléonore. Chacun me fait compliment avant de reprendre
la route qui le conduira auprès des siens.
    Les Toulousains sont soulagés par
cette dispersion. Nous n’aurons plus à vivre dans le voisinage détestable
d’Arnaud Amaury. C’est pour moi une joie de quitter cette armée coupable
d’atrocités que je n’oublierai jamais.
    Le jour de notre départ, un messager
m’apporte une lettre d’Innocent III : « D’un sujet de scandale,
vous voici donc devenu un exemple à suivre ; la main du Seigneur semble
avoir merveilleusement opéré en vous. Nous sommes persuadés que cela vous sera
profitable, non seulement au spirituel, pour votre salut, mais aussi au
temporel, pour le succès de vos intérêts. Vous qui jusqu’ici vous perdiez au
milieu des perfides, veillez à vous montrer tel que nous soyons amenés à vous
témoigner notre faveur et notre protection. »
    Ma pénitence de Saint-Gilles et ma
honte de participer à cette odieuse entreprise n’auront donc pas été vaines.
Depuis un mois, je me pose chaque jour la question : fallait-il

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