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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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pourra repartir dans sa forêt des Yvelines, se réjouit déjà le comte
de Foix.
    Son neveu, Arnaud de Comminges, le
félicite :
    — Vous avez bien parlé.
Laissons le pape méditer tranquillement Ne restons pas ici.
    En quittant la basilique, nous
apercevons le chroniqueur embusqué dans l’encoignure d’une étroite ouverture.
L’Anonyme nous fait signe d’approcher en silence.
    La fenêtre permet de découvrir, en
contrebas, un jardin planté de cyprès autour d’un bassin d’eau claire. Frêle
silhouette tassée par l’âge, Innocent III est affaissé sur un banc de
pierre. Il cherche à reprendre des forces avant d’affronter son Église :
le pape, avant de rendre sa décision, doit la soumettre à une ultime
délibération exclusivement réservée aux clercs. C’est la règle du concile.
Peut-il aller à l’encontre des évêques ? Appartient-il à l’Église ou
l’Église lui appartient-elle ? Dieu lui inspirera-t-il un compromis, lui
donnera-t-il la grâce de le faire triompher ?
    Aux aguets, nous voyons les
premières mitres entrer dans le jardin. Les prélats se concertent à l’écart du
Saint-Père, comme pour respecter son isolement D’autres évêques viennent les
rejoindre. Ils sont bientôt plus de cent qui soudain se déploient, cernent le
pape et l’assaillent de leurs exigences.
    — Rends leurs biens à ces gens
et nous sommes perdus ! clame l’évêque d’Auch.
    — Confie-les à Simon et nous
voilà sauvés ! ajoute le légat Thédise.
    — Raimond de Toulouse est un
païen pervers, un dévoyé sans cœur, indigne de régner.
    Innocent III engage le combat.
    — Silence ! Voici mon
sentiment : le comte toulousain est un bon catholique. Il serait donc
injuste et déraisonnable de lui prendre sa terre. Amis, sincèrement, ce serait
mal agir.
    Avant de laisser la protestation
s’exprimer, le pape annonce aussitôt sa proposition de compromis.
    — En revanche, je crois bon
d’accorder à Montfort les biens des hérétiques.
    Quelques cardinaux approuvent la
proposition du pape, mais Foulques s’est déjà glissé au premier rang. Il courbe
humblement le dos, se trotte les mains et prend une voix de miel.
    — Pape, mon doux seigneur, mon
cher père Innocent, ta sentence est injuste. Tu gruges Montfort. Ce bon fils de
l’Église aurait-il donc subi pour rien tant de combats, d’épreuves et de
souffrances ? Il a traqué sans repos l’hérésie et ses suppôts. Tu le
prives des biens, des villes, des châteaux conquis de haute lutte au nom de la
sainte Croix !
    Foulques se sent épaulé par la
majorité des évêques. Il hausse le ton avec insolence.
    — Tu lui prends Montauban. Tu
lui confisques Toulouse. N’est-ce pas insensé ? N’est-ce point
injuste ? Indigne d’un esprit clair et sain ? Tu juges le comté de
Toulouse loyal et parfait catholique. Soit ! Le comte de Foix et celui de
Comminges le sont aussi, sans doute ? Où sont-ils donc, dis-moi, les biens
des hérétiques que tu accordes à Montfort ? Ils ne sont nulle part si tout
le monde est pieux !
    Se faisant à nouveau soumis et
respectueux, Foulques implore maintenant Innocent III :
    — Allons, mon doux seigneur,
point de comptes mesquins. Confie à Simon ces terres que j’aimerais mieux voir
à feu, à sang, à mort plutôt que revenues à des mains mécréantes. Ces gens du
Midi que tu tiens pour chrétiens ne sont en vérité que païens méprisables.
Préférer ces bandits à Simon de Montfort, c’est perdre cœur et sens. C’est
bégayer de l’âme.
    Seule une voix s’élève pour prendre
notre défense et venir en aide au pape. Le cardinal-archidiacre de Lyon
s’interpose entre l’évêque de Toulouse et le Saint-Père.
    — Ces paroles sont une insulte
à Dieu. Raimond s’est fait croisé, l’avez-vous oublié ? Il s’est conduit
en fils obéissant. Et vous, évêque Foulques, avez-vous un instant songé aux
effrayants effets de vos prêches sans pitié, de vos sermons méchants,
tranchants, teigneux ?
    Les évêques l’interpellent pour le
faire taire.
    — Quelle honte ! Quel
péché ! Silence !
    Innocent III reprend
l’offensive.
    — Vous avez semé, contre mon
gré, la souffrance et la haine. Je vous prie maintenant de faite taire vos
fureurs. Jamais je n’ai dit devant vous que Raimond méritait qu’on le ruine.
    Arnaud Amaury cherche alors à se
concilier les bonnes grâces du souverain pontife, sans doute avec
l’arrière-pensée

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