Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
décroissante.
    — Toutes ces choses sont-elles vraies ? avait demandé Yusuf.
    — Je l’ignore, avait répondu Isaac. C’est possible. Les gens le croient depuis longtemps. Cela ne fait pas de mal de les cueillir au moment le plus propice quand on en a la possibilité.
    Ainsi, la matinée était fraîche, la rosée avait disparu et la phase de la lune convenait. Yusuf n’était donc pas seul au flanc de la colline. Les cueilleurs qu’il rencontrait d’ordinaire étaient absents, l’esprit de fête ayant déjà enveloppé la ville, mais il reconnut le panier d’Hasan, presque aussi grand que lui, et derrière lui, Hasan qui se penchait pour ramasser quelque chose.
    Avant de parler, Yusuf regarda autour de lui pour voir si le garçon était accompagné.
    — Hasan ! l’appela-t-il. C’est Yusuf, par ici.
    — Je n’ai pas le temps de bavarder, dit le garçon, je dois remplir mon panier.
    — Tu ne cherches pas la qualité ?
    — Pas du tout, fit Hasan en riant. Nous les brûlons pour impressionner les clients. Et Marieta en garde quelques-unes pour sa cuisine.
    — Dans ce cas je vais t’aider. Je prendrai les meilleures plantes, car nous en avons besoin. Tu auras les autres.
    Pendant une heure, ils errèrent à flanc de colline, s’éloignant de plus en plus vers l’est au point d’arriver presque à Sant Daniel. Ils avaient parcouru les hauteurs et la vallée, récoltant les plantes qui aimaient le sol humide des abords du ruisseau tout autant que celles qui préféraient l’air et le soleil. Leurs deux paniers remplis, Yusuf prit le pain fourré à l’agneau en sauce que Naomi lui avait préparé, et il le rompit en deux.
    — Je te le dis, Yusuf, j’en ai assez de cette vie, annonça Hasan en mordant dans son morceau.
    — Que s’est-il passé ?
    — Le serviteur de mon maître me rend la vie insupportable. J’ai des marques partout sur les jambes et dans le dos à cause de son bâton. Il me frappe, il me donne des coups de pied et il m’enferme dans une petite pièce, parfois un jour et une nuit avec seulement une cruche d’eau et jamais rien à manger.
    — Qu’as-tu fait pour l’irriter à ce point ? demanda Yusuf, intéressé.
    Il savait par expérience que toute action, aussi désagréable fût-elle, avait une cause.
    — Rien. Une des filles a raconté qu’un client lui a dit que je devenais vieux et laid. C’est pourquoi il m’a battu.
    Yusuf l’observa avec attention.
    — Quel âge as-tu ? demanda-t-il à son ami.
    — Je n’en suis pas trop sûr. On ne me l’a jamais dit. Quatorze ans, peut-être. Mais je grandis.
    — Qu’en pense ton maître ?
    — Il dit que ce n’est pas important, il me donne une friandise, puis il tourne le dos quand je suis battu à nouveau.
    — Je m’enfuirais, à ta place.
    — Facile à dire, mais comment y arriverais-je ?
    — Rien ne t’empêche de partir, affirma Yusuf. Tu n’es pas enchaîné. Tu pourrais le faire tout de suite.
    — Mais je mourrais de faim !
    — Il y a des gens qui cherchent des commis. Toujours. Tu aurais de quoi manger.
    — Je serais pris par un autre trafiquant et je serais vendu encore une fois, je le sais bien. Je ne peux pas m’en aller comme ça.
    Il prit une longue brindille, dont il se servit pour se curer les dents.
    — Si, il existe bien un moyen. J’ai réfléchi à la question et je sais comment je pourrais m’y prendre.
    — Oh, fit Yusuf en s’allongeant dans l’herbe, prêt à entendre quelque propos extravagant. Et comment ?
    — Si tu me remplaçais.
    Yusuf se redressa brusquement.
    — Moi ? L’esclave de ton maître et de sa brute de serviteur ?
    — Rien que pour un soir, pendant une cérémonie. Tu prendrais ma place et je m’en irais. Ainsi, je pourrais emporter mes habits et les quelques sous que des gens m’ont donnés.
    — Et à la fin de la soirée, qu’est-ce que je fais ?
    — Tu pourras partir dès que ton rôle sera terminé. Personne ne te remarquera. Quand les clients s’en vont, tout le monde s’endort pour avoir trop bu de vin. Ils ne se réveillent pas avant le lendemain matin. Cela me donnerait près d’un jour pour fuir avant qu’ils ne le remarquent.
    — Hasan, il leur suffira de me regarder pour savoir que tu t’es sauvé.
    — Tu ne comprends pas. Pour les cérémonies, je porte un costume et un masque. Et personne ne me regarde – ils sont trop occupés par ce qu’ils font. L’endroit est mal éclairé, sauf à

Weitere Kostenlose Bücher