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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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Marieta ne sont pas amies intimes, dirais-je. Mais une des autres filles sait peut-être quelque chose. Il sera temps de les interroger plus tard. Tu peux aller attendre dans l’antichambre, mon enfant. Yusuf te tiendra compagnie.
    Il attendit qu’ils fussent partis.
    — Bien. Parlons maintenant de ce que nous allons faire.

CHAPITRE XVII
     
    L’après-midi touchait à sa fin, apportant ombre et froidure dans le salon par ailleurs confortable de la maison d’Isaac. Judith ne voyait plus où piquer son aiguille, et elle appela pour qu’on allume le feu et les bougies. Au grand soulagement de chacun, les jumeaux étaient assis par terre, hors de portée de vue de leur mère, et s’inventaient une histoire compliquée avec pour acteurs une poupée, une boîte en bois et un cheval miniature. Ils avaient passé la journée à détruire la paix domestique. Comme des chiens de chasse qui flairent une proie mais ne peuvent échapper à leurs colliers, ils avaient bien senti que la foire battait son plein, par-delà les murs et au-delà de la rivière : il était clair que le destin et leur mère s’étaient associés pour les priver de tout bonheur. Judith rapprocha sa chaise du feu et Raquel en fit de même avec la table et son siège afin de poursuivre la lecture de son livre. Une paire de chandelles brûlaient entre elles.
    La main qui avait écrit cet ouvrage n’était pas des plus assurées, mais elle s’y était habituée et progressait rapidement dans ces pages et ces pages d’informations, intéressantes en soi, mais nullement utiles à son père, qui cherchait à savoir quelles herbes ou quelles substances avaient pu causer la mort des trois jeunes hommes.
    Judith posa son ouvrage et son regard se perdit dans le vide. Raquel releva la tête et s’étonna de voir sa mère, cette lionne courageuse, paraître lasse et effrayée. Elle allait lui demander ce qui la tourmentait quand une expression de la page suivante lui sauta littéralement aux yeux. Elle lut la phrase qui la contenait, puis celle d’avant, et celle d’avant encore, jusqu’à arriver au début du paragraphe. Elle secoua la tête et s’efforça de tout relire, lentement, soigneusement, pour être bien certaine d’avoir tout compris. Déçue, elle repoussa le livre. Comme tout ce qu’elle avait déjà trouvé, ce passage expliquait en partie mais pas en totalité ce qu’ils recherchaient.
    — Maman ? demanda-t-elle. Où est papa ?
    — Si tu l’ignores, répondit sèchement Judith, je suis certaine que personne d’autre ne le sait. Il a à peine touché à son repas avant de quitter la maison avec Yusuf. Sans dire un mot.
    Elle reprit son ouvrage.
    — Pourquoi ? ajouta-t-elle.
    — J’ai découvert quelque chose dont je voudrais lui parler, maman, c’est tout. La description d’une puissante décoction. Et je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où il peut se trouver, si ce n’est…
    Elle se rendit brusquement compte qu’elle ne pouvait lui faire part des complications dues à la petite Mauresque sans mentionner Rebecca. Elle se tut donc.
    — Si ce n’est quoi ?
    — Si ce n’est qu’il semblait très pressé, maman, comme s’il avait beaucoup à faire. Vous pensez qu’il m’en voudrait si j’allais dans son cabinet consulter un autre ouvrage ? Je crois que l’on y parle en détail de cette décoction, mais le livre est trop lourd et trop gros pour être apporté ici.
    — Prends cela avec toi, dit sa mère en lui montrant un chandelier à trois branches. Tu vas abîmer tes yeux avec toutes ces lectures.
    — Oui, maman.
    — Je dois veiller au souper, ajouta-t-elle en repoussant son ouvrage.
    — Mais, maman, Naomi s’en occupe. Reposez-vous. Vous avez l’air fatigué.
    Judith posa un regard étonné sur sa fille.
    — Comme c’est étrange que tu dises cela ! Je ne suis pas malade, ma chérie. Pourquoi devrais-je me reposer ?
    Sur ce, elle partit à la cuisine.
     
    Pons Manet marchait d’un pas décidé dans la petite rue qui longeait la rivière. Une lanterne pendait à l’anneau qu’il tenait de la main droite, et un petit coffre de bois était posé sur sa robuste épaule gauche. Au tournant du chemin, il s’arrêta près d’un portail : la dernière fois qu’il avait franchi la porte de l’établissement de Marieta, il n’était qu’un gamin ignorant sans un sou en poche. La maison appartenait alors à Ana, Marieta n’était qu’une fillette, et il avait été

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