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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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voix glaciale en lui serrant la main d’un geste sec.
    Tron et la princesse ne s’étaient donc pas trompés. Le commandant le tenait pour responsable des récents événements.
    — Encore un meurtre et nous sommes fichus ! poursuivit son supérieur en contenant à grand-peine la colère dans sa voix.
    — Sauf si d’autres crimes ont lieu à Graz.
    — Il ne faut pas y compter, répliqua Spaur, la mine renfrognée. Graz est une ville d’un calme désespérant.
    Il se cala contre le dossier de son fauteuil et fixa le commissaire.
    — Que s’est-il passé ?
    Comme Tron savait que les détails ne l’intéressaient pas, il abrégea.
    — Enfin, dit-il en guise de conclusion, il lui a ouvert le ventre et prélevé le foie. Le Dr Lionardo estime que l’assassin doit disposer de sérieuses connaissances anatomiques.
    Il sortit les photographies de leur enveloppe et les posa sur le bureau.
    Spaur les prit du bout des doigts, examina chacune d’elles avec attention et pinça les lèvres avec dégoût.
    — C’est incroyable. Pourquoi cet homme lui a-t-il découpé le foie ? Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Nous l’ignorons. Il s’agit peut-être d’un crime passionnel. Il paraît que cette jeune femme entretenait une relation avec deux hommes dont elle avait fait la connaissance à la locanda Zanetto .
    Le commandant de police rassembla les clichés.
    — Les avez-vous identifiés ?
    Tron secoua la tête.
    — Pas encore. Pour le moment, nous savons juste qu’il s’agit d’un Vénitien et d’un étranger. Par ailleurs, chacun était au courant de l’existence de l’autre. Il se pourrait que l’un d’eux se soit vengé sur la femme.
    — La jalousie, décréta Spaur, est loin d’expliquer une telle brutalité.
    Tron décida de lancer l’hameçon. Il acquiesça d’un air distrait et lâcha :
    — On en viendrait presque à croire que seul un fou peut commettre un acte pareil.
    Et voilà ! Spaur resta médusé. Il plissa le front et réfléchit. Soudain, sa mine s’éclaircit.
    — Vous avez bien dit que seul un fou pourrait commettre un acte pareil ?
    — Ce sont en tout cas les paroles de l’inspecteur Bossi, si j’ai bonne mémoire.
    — Un excellent policier ! s’exclama le commandant d’un ton joyeux. Je crois qu’il a décrit ces faits singuliers de manière pertinente.
    — Ces faits singuliers ? Vous voulez parler du meurtre ?
    Spaur but une goutte de café, s’appuya de nouveau contre son dossier et poussa un profond soupir.
    — Le danger de la routine, finit-il par déclarer, est qu’un jour ou l’autre nous n’arrivons plus à sortir des sentiers battus.
    Ah ! on touchait au but. Tron fronça naïvement les sourcils.
    — Je ne vous suis pas, baron.
    — Pour vous, l’assassin est ou bien un criminel ou bien un meurtrier. Vous ne connaissez rien d’autre.
    Le commandant sortit une truffe de son papier et la fourra dans sa bouche.
    — Mais qu’en serait-il si des voix lui avaient ordonné de tuer cette femme et de lui arracher le foie ? Cet homme aurait-il commis un crime ?
    Spaur se pencha au-dessus de son bureau et observa son subalterne avec insistance.
    — Qu’en est-il si cet homme était tout simplement fou  ? Si sa place était à l’asile plutôt qu’à la potence ?
    — Ce sont des questions médicales, baron.
    — Pas tout à fait, commissaire.
    — Dans quelle mesure ?
    Le commandant afficha un sourire de supériorité.
    — Diriez-vous qu’un tel homme est responsable de ses actes  ?
    Tron s’efforça d’imiter la mine simplette de l’empereur dont le portrait était accroché derrière son chef. Plus il aurait l’air irresponsable de ses actes, mieux ce serait.
    — Je ne sais pas, murmura-t-il. Peut-être pas.
    Spaur avala une praline et la fit passer avec une gorgée de café.
    — Dans ce cas, c’est moi qui vais vous le dire. Cet homme n’est pas responsable de ses actes. Je suppose que vous savez ce que cela signifie ?
    — Les questions juridiques relèvent du tribunal. Ma tâche consiste à arrêter le meurtrier.
    Le commandant de police roula les yeux.
    — Vous devriez faire un peu plus attention aux termes que vous employez, commissaire ! Pour ma part, je doute que nous ayons affaire à un meurtrier.
    — Vous voulez dire que…
    — Qu’il ne s’agit pas d’un meurtre. Ce crime est sans conteste l’œuvre d’un fou. De quelqu’un qui se livre à des opérations , déclara le

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