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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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Jérôme ? Croyez-vous qu’il puisse s’agir d’un rituel païen ?
    — Le père Jérôme fait partie de ces gens qui aiment à vous servir une explication savante, répondit le commissaire. Avez-vous jeté un coup d’œil sur sa bibliothèque ?
    Bossi secoua la tête.
    — Elle comprend pour l’essentiel des classiques de l’Antiquité. Pas étonnant qu’il ait aussitôt pensé à un augure.
    — Selon vous, notre homme s’apprêtait donc à tuer Mlle Maggiotto au pied d’un autel sans raison particulière ?
    Le commissaire haussa de nouveau les épaules.
    — Ce qui est sûr, c’est qu’il a un faible pour les décors excentriques. L’article dans la Gazzetta a dû le réjouir.
    L’inspecteur s’immobilisa, frôlant de son parapluie le haut-de-forme de son supérieur.
    — Vous croyez qu’il va s’arrêter après un tel échec ?
    — Qui que soit cet homme, répondit Tron, il doit bien se douter que Mlle Maggiotto n’est pas en mesure de l’identifier. Il est même à craindre qu’il cherche à se venger.
    — Vous voulez dire qu’il va encore frapper ?
    — Je ne saurais l’exclure, lâcha le commissaire d’un ton las.
    Son adjoint le fixait comme un condamné à mort.
    — Qu’allez-vous raconter au commandant ?
    Mon Dieu, Spaur ! Tron avait complètement oublié l’entretien imminent. Son supérieur hiérarchique avait certainement déjà appris par son factotum, le sergent Kranzler, qu’ils avaient arrêté l’assassin et n’attendaient plus qu’un passage aux aveux. Il paraissait donc plus que probable qu’il avait déjà déroulé pour lui le tapis rouge.
     
    Le sergent Kranzler rayonna comme un lustre en voyant Tron pénétrer dans l’antichambre du commandant de police.
    — Le baron vous attend, commissaire.
    Et voilà ! Visiblement, Spaur était au courant de l’arrestation de Zuckerkandl, mais ignorait encore les faits de la nuit précédente. Tron se demanda comment il prendrait la nouvelle.
    — Bon travail ! le félicita son supérieur dès qu’il se fut installé en face de lui.
    Le commandant de police rayonnait lui aussi comme un lustre.
    — Le gaillard s’imaginait que la gondole le conduisait à la gare alors qu’en fait, il a atterri au commissariat central. Une idée de génie, commissaire ! D’autant que l’affaire semble maintenant résolue. Pour tout vous dire, la baronne commençait à s’inquiéter.
    Spaur piocha une praline dans l’inévitable boîte de confiseries de chez Demel posée sur son bureau et se cala dans son fauteuil, satisfait.
    — Hélas, baron, je…
    Le commandant leva la main.
    — Pas de fausse modestie ! s’exclama-t-il en fixant son subalterne. Pensez-vous qu’il va bientôt avouer ?
    — Je crains que…
    L’Autrichien esquissa un sourire indulgent.
    — Le principal, c’est que nous l’ayons arrêté.
    Tron tenta une nouvelle fois sa chance.
    — Je crains que M. Zuckerkandl ne passe pas aux aveux.
    Son chef le considéra avec un air d’incompréhension.
    — Mettez-le au pain sec et à l’eau ! Vous verrez, dans trois jours tout au plus, il parlera.
    — Il ne…
    — De toute façon, je ne suis même pas sûr que nous ayons besoin d’aveux. Cet homme est fou en fin de compte.
    Le commissaire eut un geste de dénégation.
    — Zuckerkandl ne va pas passer aux aveux car il n’a rien à voir avec cette affaire. Il est innocent.
    La main de Spaur s’immobilisa à mi-chemin.
    — Pardon ?
    Tron inspira profondément.
    — L’assassin est toujours en liberté. Il a tenté de tuer une femme la nuit dernière.
    Pour un homme dont les rêves venaient d’exploser comme une bulle de savon et qui allait devoir affronter une conversation des plus désagréables avec son épouse, Spaur fit preuve d’un flegme remarquable. Il sortit d’un tiroir une bouteille de grappa et un verre, se servit et but d’un trait.
    — Allez-y.
    Quand Tron eut achevé son rapport, le commandant de police avait vidé trois autres verres ainsi que la boîte de confiseries. Son bureau était jonché de papiers d’emballage.
    — Dans quelle église était-ce, déjà ?
    Tron était pourtant certain d’avoir donné le nom.
    — À San Giovanni in Bragora, répondit-il. De toute évidence, l’assassin possède une clé. Le père Jérôme suppose qu’il l’a dérobée à la sacristie.
    Le commandant fit une grimace surprise.
    — Le père Jérôme, dites-vous ?
    Son adjoint approuva. Il était

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