Richelieu ou la quête d'Europe
sellette.
L’arrestation de Condé
Les princes mécontents se réunissent le plus souvent chez le duc de Bouillon. Le duc de Guise, jusque-là l’allié le plus fidèle de Marie de Médicis, se joint désormais à eux. Le projet d’assassiner le maréchal d’ Ancre ou de le livrer au Parlement ne tarde pas à voir le jour.
Si Concini a renoncé à Amiens , il n’en a pas moins conservé quelques places en Picardie , dont celle de Péronne , que lui dispute le duc de Longueville, gouverneur de la province. Au mois d’août 1616, Longueville soulève la ville, pour – dit-il – sauvegarder les intérêts du roi. Le Conseil évoque le problème ; une enquête est confiée au comte d’Auvergne et au maréchal de Bouillon. Leur rapport est accablant pour l’Italien, qui s’est montré incapable d’organiser la sécurité de la place.
Condé hésite sur la suite à donner à l’affaire, d’autant qu’au cours de leurs réunions clandestines les Grands remettent à nouveau en cause la légitimité de Marie de Médicis. Condé se méfie du duc de Guise et propose alors secrètement ses bons offices à la reine mère, qui accepte. Le double jeu est dangereux, mais les Grands sont trop divisés pour que la forfaiture du premier prince du sang ne soit découverte. C’est alors que le duc de Guise, protestant de son loyalisme, quitte le conciliabule. Le 30 août, Condé raconte tout à la reine mère et prévient même le maréchal d’ Ancre de l’attentat qui se trame contre lui. Le soir même, les conspirateurs se réunissent encore, sans la famille de Guise. À la stupeur générale, Monsieur le Prince déclare ne plus vouloir entendre parler de complot…
Le lendemain, Marie de Médicis reçoit un rapport au sujet de la réunion de la veille, rapport qui omet de préciser que Condé s’est opposé à l’assassinat de Concini et à l’envoi de la reine mère dans un couvent. Persuadée de la trahison de Condé, elle s’entoure d’un petit conseil de crise, composé notamment de Richelieu, Barbin et Mangot. Louis XIII est associé aux décisions prises par le groupe. Il s’agit d’intervenir le plus rapidement possible.
Le 1 er septembre, le roi convoque au Louvre une garde spéciale de dix-sept gentilshommes, tandis que la garde normale est renforcée. Condé participe à une séance du conseil des Finances, puis sollicite une audience de la reine mère. Enfermé dans une pièce, il est embastillé sur-le-champ sans avoir le temps de s’expliquer ni de lever le malentendu. Les autres conjurés prennent peur et s’enfuient.
L’arrestation du premier prince du sang ne peut que fortement impressionner la noblesse. Les ducs de Bouillon, de Vendôme et de Mayenne se retrouvent à Soissons . Le duc de Nevers , de son côté, toujours sur le fil de l’épée, tente d’organiser un soulèvement à partir de son gouvernement de Champagne . Mais sa marge de manoeuvre est trop étroite et ses moyens sont insuffisants. Beaucoup de places fortes de la province sont tenues par des membres de la noblesse seconde plus que jamais fidèles à Louis XIII. Concini triomphe.
Ministre de Concini
Pour se racheter une conduite, Condé avoue que les deux meneurs de la conspiration étaient le duc de Bouillon et le duc de Guise. Convoqué par la reine mère, ce dernier prend peur et s’enfuit. Sa réaction tendrait à confirmer sa culpabilité, mais Marie de Médicis préfère le ménager. Des pourparlers s’engagent, grâce à la médiation du nonce apostolique et de l’ambassadeur d’ Espagne à Paris . Le commandement de l’armée royale est proposé au fuyard, le gouvernement de Lyon à son fils, et les fonctions d’intendant des finances à son frère, le cardinal de Guise. Mais, confirmant le malaise ressenti par la plus haute aristocratie à l’égard du gouvernement, le duc de Guise préfère réitérer son engagement aux côtés des rebelles en rejetant les offres qui lui sont faites. Dès lors, l’hostilité des princes à l’égard de Marie de Médicis ne fait que se renforcer de l’exemple qui leur est donné. Dans la ville de Paris même, jusque-là relativement épargnée par le courant de révolte, les incidents vont en s’aggravant. Fin septembre, l’hôtel Concini est mis à sac, alors que le propriétaire des lieux est absent.
L’autorité de Marie de Médicis est moins que jamais établie. La reine riposte en concentrant des troupes à Villers-Cotterêts , près de Soissons
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