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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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contre épaule, leurs armes brandies.
Alors même qu’ils formaient leur ligne défensive, le fantôme se dissipa,
disparaissant devant leurs yeux comme si les ombres l’avaient avalé.
    Les guerriers attendirent
craintivement, leurs mains agrippées à leurs lances, leur regard fixé sur
l’endroit où la créature s’était évaporée. Lorsqu’un nuage passa devant le
soleil, refroidissant soudainement l’air ambiant, les soldats terrifiés
paniquèrent et s’enfuirent en courant.
    « Revenez ici ! »
s’écria le chevalier, en vain. Impuissant, il regardait ses hommes
l’abandonner, se prendre dans les broussailles dans leur hâte aveugle
d’échapper à l’horreur qui les encerclait. Après un dernier coup d’œil sur la
prairie souillée, Guiscard s’empressa de les rejoindre.
    Une fois de retour au campement des
travailleurs, les soldats hors d’haleine racontèrent ce qui leur était arrivé.
Ils rapportèrent l’attaque du fantôme de la forêt – une créature si
hideuse qu’elle défiait toute description –, à laquelle ils n’avaient
échappé que de justesse. Quant aux bœufs disparus, le monstre les avait
entièrement dévorés.
    « À l’exception des organes
vitaux, expliqua un des soldats à son audience médusée. Cette chose diabolique
n’a laissé que les viscères. » Un de ses compagnons d’infortune prit le
relais : « Elle a vomi les intestins dans la prairie. Nous avons dû
la surprendre en train de se nourrir », présuma-t-il. Un autre hocha la
tête, puis ajouta : «  C’est vrai*. C’est sans doute pour ça qu’elle
nous a attaqués. »
    Mais les soldats se trompaient. Ce
n’était pas le fantôme qui se nourrissait des bœufs volés. Le soir même,
partout dans les fermes bretonnes de la vallée, des dizaines de familles
affamées dînaient d’un don inattendu de bonne viande fraîche qu’ils avaient
découverte sur le seuil en pierre de leurs foyers. Chaque quartier avait été
distribué de la même manière : enveloppé dans des feuilles de chêne vert,
épinglées les unes aux autres au moyen d’une longue plume noire de corbeau.

CHAPITRE 34
    Frère Aethelfrith fit une pause sur
la route pour passer une manche humide sur son visage ruisselant. Les marchands
normands avec qui il avait entrepris ce voyage l’avaient depuis longtemps
distancé. Ses courtes jambes ne pouvaient rivaliser avec leurs mules et leurs
charrettes, et aucun des quatre commerçants, pas plus que leurs serviteurs,
n’avait daigné le laisser monter à l’arrière d’un des chariots. Tous lui
avaient adressé des gestes obscènes en se pinçant le nez.
    « Je sens si mauvais ?
Vraiment ? » marmonnait dans sa barbe le mendiant. Il ne connaissait
nul moine mieux parfumé que lui, mais la journée était torride et la sueur
venait logiquement récompenser ses efforts. « Les Normands, grommela-t-il
en s’épongeant le visage. Que Dieu les fasse tous pourrir ! »
    Quel peuple bizarre en
vérité : des imbéciles pleins de bourrelets, au visage chevalin et aux
pieds pareils à des bateaux. Narcissiques et arrogants, ne s’encombrant pas
d’idées aussi basiques que la tolérance, la justice ou l’équité. Toujours à
vouloir que les choses se passent à leur façon, ne cédant jamais sur rien, ils
considéraient le moindre désaccord comme une preuve de déloyauté, de
malhonnêteté ou de fourberie, tout en jugeant leurs propres actions, aussi
outrageusement injustes fussent-elles, inspirées par la Loi du Seigneur. Le
Souverain des Cieux destinait-il vraiment cette race de filous et de vauriens
aussi cupides que gloutons à supplanter le bon roi Harold ?
    « Bienheureux Jésus,
grommela-t-il en regardant le dernier chariot disparaître au loin,
gratifiez-les tous de satanés furoncles pour leur rappeler leur bonne
fortune. »
    Puis, la tête remplie d’images de
leurs occupants sautillant çà et là en se tenant leur arrière-train
douloureusement enflé, il reprit sa route, tout sourire. Une fois au sommet de
la colline suivante, il vit une rivière ainsi qu’un passage à gué, là où la
route s’engageait dans la vallée. Plusieurs charrettes s’étaient arrêtées pour
permettre aux animaux de boire. « Dieu soit loué ! » Il se
précipita dans leur direction. Peut-être prendraient-ils pitié de lui, en fin
de compte.
    Arrivé au gué, il adressa un salut
poli aux marchands, qui l’ignorèrent superbement. Aussi marcha-t-il un peu

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