Robin
gratifié le
frère d’une tape sur l’épaule, il poursuivit : « Il est venu nous
apporter des nouvelles assez importantes pour le convaincre de faire le voyage
depuis Hereford.
— Écoutons ce qu’il a à dire,
dans ce cas », dit Angharad en reculant jusqu’à sa hutte. Elle écarta la
peau de cerf et convia ses invités à entrer. Le sol de l’unique pièce était nu.
La terre tassée avait été balayée, puis recouverte de peaux d’animaux et de
couvertures tissées à la main. D’autres peaux encerclaient un foyer de charbons
ardents au centre de la hutte, dans lequel dansait un petit feu. Une paillasse
avait été étendue sur un côté, à proximité d’une rangée de paniers de paille
tressée.
Bran dénoua les lacets de cuir qui
retenaient sa cape emplumée et pendit celle-ci à l’andouiller d’un bois de cerf
surplombant un des paniers. Après avoir posé par-dessus son capuchon et son
étrange masque, il retira ses gants en cuir noir et les mit dans la corbeille.
Il s’agenouilla au-dessus d’une bassine posée sur le sol pour s’asperger d’eau
le visage, puis se passa les mains dans les cheveux et se cambra. Sans crier
gare, il s’écroula alors sur le sol en soupirant, comme tremblant de froid. Une
fois la crise passée, il se redressa. Quand il se retourna, subtilement changé,
il ressemblait davantage au Bran qu’Aethelfrith se rappelait.
Angharad invita ses hôtes à
s’asseoir, puis alla remplir un bol d’eau dans un tonneau à côté de la porte,
qu’elle revint offrir au prêtre. « Paix, mon ami, et bienvenue. Que Dieu
te garde en ces jours sombres, et t’accorde mille vertus. »
Le prêtre inclina la tête.
« Que Sa paix et Sa joie n’aient point de fin, répondit-il, et puissiez-vous
récolter les fruits de Sa bonté.
— Ce n’est que de l’eau,
expliqua Bran. Nous n’avons pas encore assez de grain pour fabriquer de la
bière.
— L’eau est l’élixir de la
vie, déclara le prêtre en portant la coupe à ses lèvres. Je ne me lasse jamais
d’en boire. » Il en avala une solide goulée, puis passa le récipient au
jeune homme, qui l’imita avant de le donner à Iwan. Quand le guerrier eut fini
de se désaltérer, il rendit la coupe à Angharad, qui la mit de côté avant
d’aller s’asseoir devant le feu avec les hommes.
« J’espère que tout va bien à
Hereford, dit Bran, pour revenir à ce qui avait poussé le frère à venir en
Elfael.
— Mieux qu’ici, répliqua
Aethelfrith. Mais ça pourrait changer. » Se penchant en avant pour
anticiper l’effet que ses paroles ne manqueraient pas d’avoir, il
poursuivit : « Et si je vous disais qu’un déluge d’argent allait
bientôt vous submerger ?
— Si tu me disais cela, répondit
Bran, je dirais que nous aurions tous besoin de très grands seaux.
— Oui, convint le prêtre. Et
de baquets, de cuves, de tonneaux, de fûts et de futailles petits et grands. Et
je dis que vous feriez mieux de les trouver rapidement, car le déluge ne saurait
tarder. »
Bran considéra le prêtre
corpulent ; un sourire d’autosatisfaction barrait ses joues pleines.
« Parle, dit-il. J’aimerais en entendre davantage sur cette inondation
d’argent. »
CHAPITRE 36
Le cavalier surgit à l’improviste
dans la cour de Caer Rhodl. Son cheval était épuisé : la peau couverte
d’écume mêlée de sang, les sabots fendus. Après avoir brièvement regardé
l’animal blessé et son maître à l’œil vitreux, Cadwgan ordonna à ses
palefreniers d’emmener la pauvre bête aux écuries et de la soigner. Puis, se
tournant vers le cavalier : « Mon ami, vous devez m’apporter de bien
graves nouvelles pour traiter un bon cheval de la sorte. Parlez, et vite, de la
bière et un repas chaud vous attendent.
— Seigneur Cadwgan, dit
l’homme, qui tenait à peine sur ses pieds, ce que j’ai à vous dire me brûle la
langue d’amertume.
— En ce cas, crachez vos
paroles une bonne fois pour toutes, soldat ! Elles ne deviendront pas plus
douces si vous les gardez en bouche. »
Après s’être redressé, le messager
hocha la tête et annonça : « Le roi Rhys ap Tewdwr est mort, tué au
combat hier à la même heure. »
Cadwgan sentit le sol se dérober
sous ses pieds. À peine quelques mois plus tôt, Rhys, le souverain du
Deheubarth – et celui que la plupart des Cymry considéraient comme leur
dernier espoir de voir la vague des envahisseurs ffreincs brisée – était
revenu
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