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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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dans une baie à marée basse, le chariot entama sa traverse
aventureuse. Le pénible processus se répéta pour chacun des deux autres
véhicules.
    Guy attendit impatiemment que les
soldats aient fini de s’ôter la boue et la fange qui les maculaient du mieux
qu’ils le pouvaient. Son sergent, un vétéran du nom de Jeremias, s’approcha
alors de lui. « Le soleil va bientôt se coucher, sire. Voulez-vous que
nous établissions notre camp ici pour repartir demain à l’aube ?
    — Non, grogna Guy en jetant un
regard au marais misérable, qui empestait le fumier à présent. Nous avons déjà
assez perdu de temps ici. Je ne veux plus voir cet endroit. On continue. »
Se redressant sur ses étriers, il hurla : « À cheval ! »
    Quelques instants plus tard, tous
avaient regagné leur selle. Guy les regarda reformer les rangs, puis
cria : «  En avant* ! » Et le convoi reprit sa route.
    Une fois le vallon traversé, la
forêt se referma de nouveau sur eux. Le soleil couchant densifiait les ombres
sous les branches en surplomb, donnant aux cavaliers la sensation d’entrer dans
un sombre tunnel vert. Bientôt, les ténèbres les avaient enveloppés, et Guy se
prit à regretter d’avoir rejeté la suggestion du sergent. Il se résolut à faire
halte à la prochaine clairière venue, mais les broussailles envahissaient
toujours plus la route, les troncs d’arbres se rapprochaient si près que les
roues des chariots en heurtaient les racines saillantes, forçant leurs
conducteurs à ralentir davantage encore l’allure. Pendant ce temps, les
derniers rayons du soleil s’étaient éteints, et le silence du crépuscule avait
envahi la forêt.
    Ce ne fut qu’à ce moment-là, dans
la quiétude des bois, que le commandant Guy de Gysbume se surprit à se demander
comment deux fermiers anglais débraillés pouvaient si bien parler latin. Cette
pensée avait à peine eu le temps de prendre racine dans sa conscience quand les
soldats tombèrent sur les premiers cadavres pendus.

CHAPITRE 41
    En entendant les soldats jurer à
voix basse, Gysbume sut aussitôt que quelque chose clochait. Sans s’arrêter, il
pivota sur sa selle pour faire signe à son sergent d’approcher.
« Jeremias, les hommes marmonnent.
    — En effet, sire, confirma le
sergent.
    — Pourquoi donc ?
    — M’est avis que c’est à cause
des souris, sire.
    — Les souris, sergent, répéta
Guy en jetant un regard de biais à son subordonné. Veuillez vous
expliquer. »
    D’une inclinaison de la tête, le
sergent lui désigna une branche sur le côté de la route à quelques pas de là.
Elle ne semblait pas différente des milliers qu’il avait vues dans la journée,
parfaitement quelconque, à part… à part qu’une souris morte y était pendue.
    Le minuscule cadavre était suspendu
par un long crin de cheval. La légère brise du soir faisait lentement tourner
son corps desséché par le soleil. Le commandant se pencha sur sa selle pour
mieux le voir et lui donna une petite pichenette du doigt lorsqu’il parvint à
sa hauteur. Le petit animal mort se balança au bout de son fil. Guy s’en
détourna avec dédain, le prenant pour une farce inoffensive, sinon de bon goût.
    Pareille attitude de sa part était
admirable, mais devint bien vite de plus en plus difficile à tenir. Il eut beau
essayer de garder les yeux fixés sur la route devant lui, il ne put s’empêcher
d’en apercevoir d’autres, et dès lors qu’il commença à les voir, il en vit
absolument partout. D’innombrables souris mortes pendues tels des fruits
grotesques dans un verger de mort, se tortillant au bout de leur corde
improvisée dans les buissons et les broussailles, ou suspendues aux branches
qui surplombaient la route.
    Le nombre des étranges petits
cadavres ne faisait qu’augmenter à mesure que le convoi poursuivait sa progression
dans l’obscurité, et il n’y avait plus seulement des souris. À présent, des
animaux plus grands venaient leur tenir compagnie. Guy aperçut tout d’abord un
campagnol, puis un autre, puis des taupes, des musaraignes et des rats. À
l’instar des souris, on les avait suspendus avec du crin de cheval et laissés
s’agiter doucement au vent.
    Bientôt, les soldats voyaient des
rats morts partout, certains racornis et desséchés comme si on les avait cuits
dans leur peau, d’autres qui paraissaient fraîchement tués. Mais tous, momifiés
ou récents, étaient pendus par le cou, leurs pattes rabattues sur

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