Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
Vom Netzwerk:
leurs flancs,
leur queue rigide et droite.
    Jetant des regards de tous côtés,
Guy sentait des frissons de dégoût l’envahir. Mais refusant de se laisser
intimider par ce spectacle surnaturel, il continuait d’avancer.
    Puis vinrent les oiseaux. Des
petits tout d’abord – des moineaux, pour la plupart, mais aussi des
roitelets et des sittelles –, disséminés parmi les rongeurs. Les volatiles
ressemblaient à des copies flétries des créatures qu’elles avaient été, comme
si leur essence aviaire avait été aspirée en même temps que leurs sucs vitaux.
Tous étaient suspendus par le cou, leurs ailes repliées contre leur corps, leur
bec pointant vers le ciel.
    Quelques centaines de pas après
cette singulière galerie morbide, les soldats commencèrent à voir des visages
les lorgner depuis les ombres bordées de feuilles. Ce n’étaient pas des visages
humains, mais des effigies faites de brindilles, de morceaux d’écorce et de
brins de paille attachés entre eux par des morceaux de cuir et d’os. Petits et
grands, ils fixaient leurs globes aveugles de pierres et de coquillages sur les
cavaliers qui passaient devant eux.
    Le marmonnement des hommes se
transforma bientôt en sourd grondement. Partout où ils tournaient les yeux, un
autre visage désincarné les toisait de son regard incertain, comme si les bois
étaient peuplés d’Hommes Verts, venus menacer les intrus. Certains des plus
imposants avaient des bouches en paille garnies de dents d’animaux figées en un
effrayant rictus de mort. Ces effigies se moquaient des cavaliers. Elles
semblaient se rire des vivants, hurler de leur voix muette : Là où nous
sommes, vous nous rejoindrez bientôt.
    Les soldats progressaient en
silence le long de ce sinistre corridor, les yeux exorbités, les épaules
voûtées d’appréhension. Plus ils avançaient, et plus la scène devenait
irréelle. Leur effroi redoublait à chaque pas, comme si ceux-ci les
rapprochaient d’un sort inconnu et hautement redoutable.
    Résolu mais anxieux, Guy n’était
pas moins affecté que ses hommes. L’étrange spectacle autour d’eux semblait à
la fois intentionnel et malveillant. Pourtant, les desseins de ce macabre
étalage lui échappaient encore.
    Et puis, tout à coup…
    «  Par les yeux de
Dieu* !  » jura Guy en tirant involontairement sur ses rênes.
L’étalon gris s’immobilisa aussitôt.
    Ce qui se révéla être la silhouette
d’un homme avec d’énormes mains et une grosse tête difforme avait été accroché
à un arbre. Couvert de sang, il avait les bras ouverts comme pour accueillir
les passants d’une sinistre étreinte.
    À le regarder de plus près, il
s’avéra en fin de compte qu’il ne s’agissait aucunement d’un homme, mais d’une
statue de tissu et de paille attachée à un échafaud de branches et surmontée
d’une tête de sanglier. La chose hideuse, maculée de sang, était couverte de
mouches. «  Merde*  », cracha Guy en poussant sa monture.
« Païens. »
    Les lourds chariots passèrent
lentement devant ce héraut macabre. Chevaliers et soldats crachèrent et se
signèrent abondamment.
    La route descendait en pente douce
dans une dépression peu profonde entre deux basses collines. La forêt les
assaillait de toutes parts, dans un silence oppressant. Guy, qui chevauchait en
tête, atteignit seul le fond du vallon. Là, dans les ultimes lueurs du
crépuscule, il vit le tronc d’un arbre tombé qui bloquait toute la longueur du
chemin. Il n’y avait aucun moyen de le contourner.
    Tous ses sens en alerte, il fit
aussitôt pivoter sa monture. « Stop ! » Sa voix brisa le lourd
silence de la forêt. « Jeremias ! hurla-t-il en désignant l’arbre
derrière lui. Prenez des hommes avec vous pour l’enlever. Nettoyez-moi tout ça.
    — Immédiatement, sire »,
répondit le sergent. Se tournant sur sa selle, il s’adressa aux hommes derrière
lui : « Les quatre premiers rangs, pied à terre ! Les autres
feront le guet. »
    Avant même que les chevaliers et
les hommes d’armes aient pu descendre de leur selle, un gigantesque fracas
monta de la forêt environnante, quelque chose d’énorme traversait les
broussailles enchevêtrées dans leur direction. Les soldats sortirent aussitôt
leurs armes.
    Les fourrés à proximité de la route
commencèrent à trembler en tous sens. La main de Guy trouva son épée. La lame
était à moitié sortie de son fourreau quand s’éleva le hurlement

Weitere Kostenlose Bücher