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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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inarticulé
d’une multitude d’âmes perdues. Les branches s’écartèrent, et une harde de
cochons sauvages jaillit des halliers couverts de plantes grimpantes situés à
sa gauche.
    À moitié folles de peur, les bêtes
se jetèrent hors de la trouée et envahirent la route. Quelle que fût la chose
qui les faisait ainsi fuir, elle les terrifiait davantage que les hommes à
cheval, car voyant leur seule échappatoire bouchée par l’arbre à terre, elles
foncèrent tête baissée sur les rangs immobiles des soldats en poussant maints
cris perçants.
    Les infortunées créatures –
quatre truies, et peut-être une vingtaine de porcelets – se précipitèrent
entre les jambes des chevaux, qui se cabrèrent instantanément et commencèrent à
ruer. Certains des soldats essayèrent de chasser les cochons en les menaçant de
leurs épées, ce qui ne fit qu’accroître la confusion ambiante.
    « Les rangs ! »
s’écria Guy, qui essayait de se faire entendre par-dessus les hennissements
frénétiques des chevaux. « Brisez les rangs ! Laissez-les
passer ! »
    Captant un mouvement du coin de
l’œil, il pivota et vit quelque chose se poser sur le tronc. L’ombre parut
littéralement sortir des ténèbres. Elle se matérialisa, se contracta sur
elle-même pour prendre la forme d’une gigantesque créature aviaire ayant des
ailes et une tête bombée de corbeau, mais un torse et des jambes humaines. Le
fantôme avait pour tout visage un crâne noir et lisse duquel saillait un bec
pointu absurdement long.
    Guy resta bouche bée devant la
créature surnaturelle. Ses ordres moururent dans sa bouche. Il déglutit, pour
découvrir qu’il n’avait plus de salive.
    Perché sur le tronc massif, le
fantôme déploya ses larges ailes et, d’une voix qui semblait arrachée aux bois
alentour, poussa un cri de rage animal qui résonna à travers toute la forêt et
se répercuta jusqu’à la cime des arbres. Les soldats se bouchèrent les oreilles
de leurs mains pour s’en protéger.
    Aussitôt, une odeur de fumée emplit
l’air, et avant que Guy ne puisse prévenir ses hommes, un double rideau de
flammes s’éleva de chaque côté de la route le long du convoi. Qui n’était plus
qu’une masse confuse d’hommes effrayés, de cochons et de chevaux ruants.
    Le fantôme poussa un nouveau
hurlement. Le destrier de Gysbume se cabra, ses yeux roulant de terreur.
Lorsque Guy fut parvenu à le calmer, le gigantesque spectre avait disparu.
« En arrière ! Battez en retraite ! » Son ordre se perdit
dans la cacophonie des cris humains et animaux. « Faites demi-tour !
Vite ! »
    Comme si elle lui répondait, la
forêt émit un grondement sourd, auquel succéda aussitôt le craquement
caractéristique de troncs qui se brisent. Les soldats se mirent à
brailler – certains montrant leur droite, d’autres leur gauche –
quand deux énormes chênes s’écroulèrent l’un sur l’autre de chaque côté de la
route, percutant le sol dans un fracas de branches et de feuilles juste
derrière le dernier chariot du convoi. Les bœufs effarouchés ruèrent droit sur
les rangs à l’arrêt, renversant deux chevaux et désarçonnant leurs cavaliers.
    Pris au piège dans un corridor de
flammes et de fumée âcre et huileuse, les chariots ne pouvaient ni faire
demi-tour ni avancer. Les soldats, toujours aux prises avec les quelques
cochons restants, s’efforçaient de reprendre le contrôle de leurs montures.
    Dans ce tumulte confus, personne ne
vit les deux silhouettes furtives couvertes de capes en peau de cerf surgir des
fougères avec des pots remplis de poix enflammée suspendus à des cordes de
cuir. Se tenant juste au-delà du linceul igné, elles leur firent décrire des
arcs de cercle en l’air avant de les lâcher. Les pots en argile se brisèrent en
mille tessons enflammés, dont certains giclèrent par-dessus les rebords du
chariot le plus proche.
    Les bœufs effrayés s’emballèrent
aussitôt et ils foncèrent droit devant eux sur les hommes et les chevaux sans
leur laisser le temps de s’écarter.
    « Maîtrisez-les ! cria
Guy aux charretiers. Maîtrisez vos bêtes ! »
    Mais c’était impossible. Les
animaux terrifiés déferlaient irrésistiblement, tête baissée, poussant tout ce
qui se trouvait sur leur passage. Chevaliers et hommes d’armes se dispersèrent,
prêts à tout pour échapper aux cornes meurtrières.
    Certains des soldats, bravant le
mur de flammes, forcèrent leur

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