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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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encore moins à la banque, avec M. Glyner. Mais j’étais certain que
vous, Axel Métaz, citoyen d’un pays où sont appliqués, sans dommages pour la
propriété et la fortune, les principes démocratiques qui favorisent le progrès,
pourriez m’écouter, comprendre mes inquiétudes, approuver mes aspirations.
    — Votre confiance m’honore. Il ne vous reste qu’à vous
engager dans la politique. N’est-ce pas, ici comme partout, la seule voie pour
faire connaître, admettre et imposer ses idées ?
    — Mon père vivant, et je lui souhaite longue vie, je ne
puis dérober. Je m’efforce simplement, avec prudence, de l’amener à considérer
les choses autrement. Peut-être qu’un jour, convaincu de la nécessité de
certaines réformes, qu’il vaut mieux offrir avant qu’on ne nous les arrache de
force, il s’engagera et fera un esclandre à la Chambre des lords, conclut John
Keith, rêveur.
    À minuit sonné, les deux hommes furent les derniers à
quitter le restaurant. Axel se préparait à héler un cab mais Keith retint son
geste. La voiture du banquier, un cabriolet, stationnait à quelques pas de la
porte. Le cocher devait attendre, depuis plus de trois heures, l’apparition du
jeune homme.
    — Je vous porte à votre hôtel, dit Keith, en réveillant
d’un vigoureux coup de canne sur le dos le vieux domestique, endormi sur son
siège.
    Axel trouva que c’était façon un peu rude de la part de
celui qui tout au long de la soirée, s’était apitoyé sur les gens du peuple.

4
    Londres était encore mal remise de la fièvre du couronnement
et les cantonniers effaçaient les macules de la fête, quand Axel Métaz
rejoignit les Fontsalte et les Ribeyre de Béran, pour prendre avec eux la route
de Newhaven, traverser la Manche et gagner Dieppe, où l’attendaient Élise et
ses fils.
    Il fit, auparavant, un détour par Oxford Street pour acheter
la poupée que possédaient déjà toutes les fillettes londoniennes : la
reine Victoria dans sa toilette du couronnement. Il l’offrirait à Alexandra. Il
choisit aussi un châle de cachemire pour Élise et, dans Burlington Arcade, un
pot à tabac pour Louis Vuippens.
    Les circonstances firent d’Axel le premier auditeur neuf de
Charlotte et de Flora. Encore sous le coup des visions fastueuses, des
découvertes et des douces émotions vécues pendant les cérémonies et réceptions
du couronnement, sa mère et sa marraine se relayèrent avec volubilité, rapportant
tous les épisodes de ces journées, décrivant les toilettes, les attitudes, n’omettant
aucun détail du cérémonial du couronnement, auquel elles avaient eu le
privilège d’assister, dans l’abbaye de Westminster.
    — Regarde les invitations officielles que nous avions
reçues de la reine elle-même, dit Charlotte en mettant sous les yeux de son
fils une lettre signée par Victoria et le duc de Norfolk, chambellan, chargé du
protocole.
    Par ce message, la souveraine conviait les destinataires à
paraître, le 28 juin de l’an 1838, à l’abbaye de Westminster, pour « Nous
rendre personnellement hommage lors de Notre Royal Couronnement ».
    — Nous ferons encadrer ces documents historiques, dit
Flora.
    — Nous étions placées juste derrière les pairesses du
royaume. Ces grandes dames étaient littéralement couvertes de bijoux, précisa
Charlotte.
    — Et, quand la reine reçut sa couronne des mains de l’archevêque
de Canterbury, elles coiffèrent toutes la leur d’un même geste. La reine se
tourna vers les quatre points cardinaux tandis que sonnaient les trompettes d’argent
et qu’on entendait, au loin, les coups de canon pour annoncer à la foule, répandue
autour de l’abbaye et dans les rues, que Victoria était reine couronnée, commenta
Flora, l’œil brillant, tandis que Blaise et Claude souriaient, enchantés du
ravissement durable de leurs épouses.
    — Ce fut un instant très émouvant et je ne fus pas la
seule à verser une larme, confessa Charlotte.
    — Jamais plus je ne verrai autant de diamants, d’émeraudes,
de rubis énormes scintiller sur les couronnes des pairs et pairesses, sur les
colliers, les bracelets et les diadèmes, reprit Flora, clignant des cils comme
si le rappel de cette scène suffisait à l’éblouir encore.
    — Ce fut, en effet, un prodigieux spectacle, bien que
la mise en scène laissât à désirer. Certains acteurs, et la reine elle-même, semblaient
ne pas connaître leur rôle, révéla

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