Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
de la fortune et de la puissance britanniques.
    — C’est aussi une ville malodorante, où la misère
affleure les beaux quartiers, où sont commis beaucoup de crimes, où l’on peut aisément
se livrer à tous les vices, corrigea-t-il.
    Le Vaudois dit regretter n’avoir eu le temps de se rendre ni
en Écosse, à Abbotsford, pour voir le château néo-gothique de Walter Scott, ni
à Newstead Abbey, près de Nottingham, où il aurait voulu visiter la demeure
ancestrale de lord Byron et se recueillir sur la tombe du poète. Il avoua, aussi,
sa déception d’avoir appris que l’abbaye de Fonthill, autrefois propriété de
William Beckford – familier du pays de Vaud, où il s’était lié d’amitié
avec le fameux médecin lausannois Frédéric Scholl –, était passée en des
mains étrangères quatre ans avant l’effondrement, en 1826, de la tour de trois
cents pieds élevée par l’esthète. L’auteur fantasque de Vathek, œuvre qu’admirait
fort Chantenoz, vivait maintenant à Bath, où il s’était, comme à son habitude, rendu
insupportable à ses voisins.
    Bercées par le roulement de la berline, épuisées par les
festivités londoniennes et les couchers tardifs, constatant que Blaise, Claude
et Axel s’entretenaient de sujets moins frivoles que ceux qui occupaient encore
leur esprit, Charlotte et Flora s’endormirent dès que l’on fut sorti de Londres.
    Axel crut alors utile de rapporter à son père et à son ami
les confidences de John Keith. Il découvrit que les deux généraux étaient mieux
informés que lui de la grogne latente et de la misère du bas peuple britannique.
Pendant leur séjour, Blaise et Claude avaient eu des contacts avec un ancien du
service des Affaires secrètes et des Reconnaissances. Ce bonapartiste fidèle
avait fondé, à Londres, un bureau de transitaire maritime, couverture commode
pour un observateur qui avait adressé régulièrement des rapports à Louis Napoléon,
pendant son exil aux États-Unis en 1836, après la malheureuse tentative de
Strasbourg.
    — Que déduire de tous ces mécontentements additionnés ?
Que fera le peuple britannique ? demanda Axel.
    — Mon cher enfant, sachez qu’au contraire de la France,
l’Angleterre est capable de faire des révolutions sans effusions de sang, dit Blaise.
    Les voyageuses, réveillées par un cahot plus violent que les
autres, ayant réclamé un arrêt, l’équipage vaudois fit étape dans une auberge. Trévotte
refusa de quitter la berline, stationnée dans la cour du relais, par crainte
des voleurs, qui pullulaient sur cette route fréquentée par les voyageurs
fraîchement débarqués du continent ou en chemin pour s’y rendre. Blaise lui fit
porter de quoi se restaurer et le groupe se mit à table.
    À peine les Fontsalte et les Béran avaient-ils entamé leur
repas qu’un coup de sifflet, impératif mais familier, les fit sursauter.
    — Titus demande de l’aide, s’écria Blaise en quittant
son banc, suivi par Ribeyre et Axel.
    Dès le seuil de l’auberge, les trois hommes comprirent que l’adjudant
était aux prises avec des lascars qui, l’ayant jeté à bas de son siège, tentaient
de s’emparer de la berline, toujours attelée. Vite relevé, Trévotte avait déjà
étendu net, d’un coup de sa jambe de bois bien placé, un des voleurs qui se roulait
sur le sol en gémissant, les mains entre les jambes. Mais les trois compagnons
du blessé, brandissant des couteaux, n’entendaient pas renoncer, d’où le signal
de Titus.
    — Chacun le sien, lança Ribeyre à Blaise et Axel. Et
servez-vous, ajouta-t-il en désignant des outils appuyés contre un abreuvoir.
    Ribeyre se saisit d’une pioche, Axel d’une pelle, Blaise d’un
râteau et tous trois, d’un même élan, passèrent à la contre-attaque. Trévotte
avait décroché une des lanternes de la berline et, s’en servant comme d’une
massue, venait de mettre hors de combat un deuxième adversaire qui gisait, la
figure en sang. Les deux autres, surpris par la violence de la réaction, ne
pensaient plus qu’à fuir, mais Ribeyre, plus prompt qu’eux, avait déjà fermé le
portail de la cour. Faisant des moulinets avec sa pioche, il avança, résolu, sur
les agresseurs, cernés par Blaise et son fils, bien décidés, eux aussi, à
corriger les agresseurs de Titus. Pour la première fois de sa vie, Axel frappa
délibérément un homme d’un coup de pelle sur la tête, tandis que Blaise lançait
son râteau dans les jambes

Weitere Kostenlose Bücher