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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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prendre officiellement possession du corps. Le cercueil avait été,
aussitôt, embarqué sur la Belle Poule, tandis que tonnaient les
batteries de Sainte-Hélène et que les vaisseaux français tiraient des salves d’honneur.
    Noverraz notait encore : « Les Anglais ont montré
dans cette circonstance des sentiments d’une franche et sincère religion. Tous
les habitants de l’île étaient en deuil. » Bien d’autres détails, concernant
ses souvenirs de l’île et le voyage de retour vers la France, figuraient dans
le journal de M. Noverraz, dont Fontsalte fit prendre copie.
    — Bonaparte est rentré chez lui. Nous n’avons plus rien
à désirer, observa Ribeyre de Béran.
    — Il eût mieux valu le laisser sur son île. Tout seul
au milieu de l’océan, dit Titus, qui n’avait vu dans les fastes funéraires de
Paris que l’hommage hypocrite d’un gouvernement désireux de réconcilier les
bonapartistes avec la monarchie.
    — Peut-être avez-vous raison, adjudant Trévotte. Le
rocher aride de Sainte-Hélène était une sépulture incomparable, olympienne, pharaonique,
plus grandiose que le dôme des Invalides, hors d’atteinte des touristes
nécrophiles et des thuriféraires démagogues, admit Blaise.
    — Vous oubliez que Napoléon souhaitait reposer au bord
de la Seine, au milieu du peuple français, rappela opportunément le général
Ribeyre.
    — En tout cas, maintenant, l’empereur est vraiment mort.
Les Anglais l’avaient fait mourir mais les royalistes l’ont tué ! conclut Trévotte.
     
    Quand les montagnes de Savoie ne conservèrent plus qu’un
bonnet de neige et que la vigne fut taillée après les premiers labours, Axel n’eut
aucune difficulté à se procurer l’adresse de M me  Bovey. La
veuve habitait seule, servie par un couple de vieux domestiques, une grande
maison de ville, près de la place de la Riponne. Il se rendit à Lausanne, comme
souvent pour ses affaires, et, tôt le matin, chargea un commissionnaire de
déposer chez la dame un billet laconique : « Le visiteur d’Yverdon, informé
par son meilleur ami, sera cet après-midi, à trois heures, à la bibliothèque de
l’Académie. Quatre mois s’étaient écoulés depuis le message qu’elle lui avait
fait transmettre par Vuippens et la veuve, déçue ou humiliée de ne pas obtenir
une réponse rapide, avait pu changer d’intention.
    Bien qu’il s’en morigénât, se trouvant ridicule comme un
collégien, c’est le cœur battant que M. Métaz, la quarantaine sonnée depuis
la veille, 21 avril, s’installa, dès deux heures et demie, dans la
bibliothèque, pour attendre celle qu’il avait si familièrement convoquée. Afin
de se donner la contenance nécessaire en ce lieu, il se fit prêter par le bibliothécaire
un ouvrage de M. Sainte-Beuve, contenant le roman autobiographique Joseph
Delorme, qui venait d’être acquis par l’Académie. M me  Bovey,
qui connaissait les usages, se présenta avec dix minutes de retard. Après un rapide
coup d’œil, suivi d’une esquisse de sourire, elle s’assit, sans ôter son
manteau, à l’autre bout de la salle et se fit porter les journaux anglais. Axel
l’observa un moment. Comme Vuippens, il la trouva encore plus belle que lors de
leur rencontre d’Yverdon. Elle avait le feu aux joues, ce qu’il aurait pu
mettre au compte de la chaleur dégagée par un gros calorifère de faïence, mais
il se plut à imaginer, chez la jeune femme, le même embarras fiévreux qu’il
ressentait. Impatient, il rendit bientôt son livre et s’en fut attendre dans
son cabriolet, stationné sous un arbre, sur l’avenue qui conduisait au château
Saint-Maire, siège du gouvernement. Dès que Marthe apparut sous le porche, il
détacha son cheval et vint à sa rencontre. La rue était déserte et la jeune
femme, sans un mot, prit place dans la voiture que Métaz dirigea aussitôt vers
le chemin de Montmeillan, qui se perdait dans la campagne.
    Tout de suite, il lui prit la main, qu’elle déganta sans un
mot, et lui sourit. Ce contact, ces pressions échangées, puis l’enlacement de
leurs doigts, scellèrent une décision qu’ils n’étaient pas encore prêts à
désigner par des mots.
    — Qu’allez-vous penser de moi ? dit-elle oppressée.
    — Je pense que vous avez eu diablement raison de parler
à mon ami Louis et, surtout, de ne pas me tenir rigueur d’un aussi long silence.
Après Yverdon, ma fierté m’interdisait de vous revoir, après votre

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