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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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expliqué, Alexandra, dans son
traité Isis et Osiris, pages peu connues de ses Œuvres morales. Il
dit : « Les Pythagoriciens ont donné au triangle équilatéral le nom d’Athéna,
née du cerveau de Zeus et appelée Tritogénie, parce que les perpendiculaires
abaissées des trois angles sur les bases les divisent en parties égales. »
Voilà. Si tu veux en savoir plus, questionne ton parrain. Il a étudié cela, autrefois,
et peut-être s’en souvient-il mieux que de la prononciation du grec ancien !
acheva Martin en riant.
    Bien qu’elle n’osât en souffler mot, Élise jugea comme
manifestation de paganisme cette célébration, à laquelle les Laviron, connaissant
la méfiance du professeur Chantenoz à l’égard des « hommes noirs à rabat
blanc », n’avaient même pas convié un pasteur, qui eût donné une dimension
spirituelle à la fête.
    Ces festivités avaient fait perdre de vue à tous l’effervescence
politique qui régnait à Genève depuis quelques semaines. Les congratulations
achevées, le sujet vint naturellement dans la conversation d’après dîner. Les
exigences des radicaux, de plus en plus agressifs, menaçaient, au dire de
certains, les institutions mêmes de la République.
    Sous l’autorité du Premier syndic, Jean-Jacques Rigaud, un
libéral sage et conciliant, en poste depuis 1825, le gouvernement avait déjà
fait des concessions aux radicaux. Rigaud et ses amis prônaient « le
progrès graduel », c’est-à-dire sans bouleversements, ce qui ne plaisait
guère aux radicaux entraînés par James Fazy et pas davantage aux réformateurs
libéraux, plus modérés que les fazystes mais plus ouverts aux idées nouvelles
que les libéraux à l’ancienne mode, qui détenaient le pouvoir. Les revendications
de ces deux groupes politiques portaient essentiellement sur l’indépendance de
la commune de Genève par rapport à la République, c’est-à-dire à l’État de
Genève. Certains, décidés à provoquer une mutation nécessaire, proposaient que
le Conseil représentatif se transformât en Assemblée constituante pour étudier
une nouvelle Constitution.
    James Fazy avait profité des circonstances pour publier une
brochure intitulée D’une organisation municipale pour la ville de Genève, et
un avocat, nommé Cougnard, réclamait la révision immédiate de la loi municipale
afin que cesse « l’état d’inégalité dans lequel se trouvait la ville »,
ce qui risquait, un jour prochain, affirmait-il, de susciter une agitation
politique irrépressible. D’autres exigeaient, déjà, la modification du régime
électoral.
    Le 19 février 1841, les deux tiers des membres du
Conseil représentatif avaient soutenu le Conseil d’État en votant un texte qui
renvoyait à cinq ans la révision municipale que bon nombre de citoyens
souhaitaient voir étudier, sinon immédiatement comme Cougnard, du moins à bref
délai.
    Les réactions des radicaux, des libéraux réformateurs et de
ceux qui n’avaient en vue que les intérêts de la Ville, furent immédiates et, le
3 mars 1841, une pétition, revêtue de neuf cent cinquante signatures, avait
été remise au Premier syndic.
    Ce mouvement prit aussitôt le nom de sa date de formation :
association du Trois-Mars. Il avait à sa tête les chefs libéraux, le docteur
Mayor, MM. Pons, Delapalud et Gide.
    D’après Pierre-Antoine Laviron, qui avait adhéré au mouvement
dès sa création, les pétitionnaires se recrutaient, certes à Saint-Gervais et
dans la basse ville, mais aussi dans les milieux du négoce, de la Fabrique et
parmi les intellectuels. Des artistes, comme les peintres Joseph Hornung, à
crinière léonine et barbe de prophète, et Alexandre Alméras, des hommes de
lettres, comme Antoine-Désiré Carteret, qui avait encouragé l’expédition ratée
des Polonais contre la Savoie, en 1834, le poète J-A. Petit Senn, le colonel
fédéral Rilliet-Constant, des avocats, des architectes, des greffiers, des
médecins et, même, des banquiers, qu’on ne pouvait suspecter de radicalisme, avaient
signé la pétition.
    Les pétitionnaires demandaient une modification « concertée
de la Constitution, une réforme du système électoral, l’extension du droit de
suffrage, la diminution des effectifs des deux Conseils, une meilleure
organisation du pouvoir législatif et sa séparation formelle du pouvoir
exécutif, la réduction du mandat des membres du Conseil législatif, la
reconnaissance du droit de

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