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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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nouveaux qu’allaient
frapper tous les citoyens au porte-monnaie, ce qu’aucun Vaudois n’apprécie !
    Le déficit communal avait atteint, en 1840, vingt-sept mille
quatre cent cinquante-huit francs. Ce qui, pour un total de dépenses courantes
de quarante-deux mille francs, auxquels il convenait d’ajouter quinze mille
francs de dépenses extraordinaires, constituait une inquiétante proportion. Les
dépenses extraordinaires étaient dues, principalement, à la participation
communale dans la construction d’une nouvelle route vers Châtel-Saint-Denis, au
solde du coût du bâtiment du nouveau collège, à la réparation de la prison, à l’aménagement
du quai du Rivage et de la buanderie.
    — Que serait-ce, sans le legs de M. Perdonnet, qui
rapporte plus de cinq mille francs par an, sans le don de trois mille francs de
M. Collet et sans les mille francs perçus lors de l’attribution d’un droit
de bourgeoisie ? s’indigna Élise.
    Régis Valeyres, intendant des Métaz, se devait de détailler
le budget. Il souligna que les cultes coûtaient à la commune mille deux cents
francs dont, s’étonna-t-il, quatre-vingt-quatorze francs de vin et de pain de
messe ! Le gros poste de dépense restait l’instruction publique, près de
quinze mille francs, et les salaires des fonctionnaires municipaux, près de
sept mille francs.
    — La route de Vevey à Châtel-Saint-Denis n’est pas un
luxe, dit le médecin qui, hiver comme été, passait son temps sur les chemins. Non
seulement elle évite la montée de Chaux en conduisant par une pente douce de
Vevey à Jongny, mais elle offre aux environs de ce village un des plus beaux
points de vue de la Suisse.
    — Et puis ce sera, pour les cantons de Vaud et de
Fribourg, un avantage considérable en ce qui concerne le transport des vins, des
planches, des fromages et de tous les produits de commerce, admit Axel.
    — L’impôt est urgent et sa perception difficile, si l’on
en juge par les décisions municipales. Comme l’a écrit un citoyen à la Veveysane, « il ne s’agit pas d’un impôt momentané pour couvrir une dépense
extraordinaire, mais il s’agit d’un impôt pour couvrir les dépenses courantes, qui
tendent à augmenter plutôt qu’à diminuer ; c’est assez dire qu’il est à
craindre que l’impôt, quel qu’il soit, durera toujours », cita Régis
Valeyres.
    La municipalité ayant réduit la somme à percevoir à onze
mille francs, étaient d’abord imposés les propriétaires d’immeubles et de
terrains. Puis on doublait la participation des parents aux frais de scolarité
de leurs enfants et un impôt, dit personnel, devenait applicable à six
catégories de citoyens qui, suivant leurs biens estimés, paieraient de douze à
cinquante francs par an.
    La perception de l’impôt fut décrétée et les contribuables s’en
acquittèrent en rechignant. Réaction commune aux contribuables de tous les
temps, il était dans la nature de ces terriens de maugréer, chaque fois qu’ils
devaient ouvrir leur porte-monnaie pour donner de l’argent, sans rien recevoir
de palpable ou de comestible !

TROISIÈME ÉPOQUE

Terre de violence

1
    Axel, installé dans une relation qu’il estimait toute de
connivence physique avec M me  Bovey, avait retrouvé l’alacrité
des mâles à l’aise dans leur peau. Marthe prodiguait avec fougue et tendresse
toutes les démonstrations charnelles de l’amour, sans en manifester le
sentiment. Leur accord, bien qu’Axel se leurrât quant aux silences de sa
maîtresse, reposait sur une ségrégation contre nature entre la chair et l’esprit.
C’est cependant l’échange de leurs regards qui les avait poussés l’un vers l’autre,
trois ans plus tôt, à l’Académie, alors que discourait M. Sainte-Beuve. Lors
de leur première étreinte, Marthe dissimulant sa confusion et retenant ses
larmes, c’est le regard vairon d’Axel, étrange conjonction d’un œil clair et d’un
œil sombre, qui avait atténué son embarras.
    Au commencement de l’été 1841, tandis qu’Axel Métaz se
félicitait devant Louis Vuippens d’avoir enfin trouvé, avec une partenaire
idéale, les plaisirs de l’amour sans l’amour, Marthe, conquise, découvrait l’amère
et sainte passion d’aimer sans le dire et sans inspirer l’amour.
    Pour ne pas donner à cette aventure la forme d’une liaison
établie, M. Métaz refusait toute périodicité à leurs rencontres. Quand il
souhaitait voir Marthe, s’ils

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