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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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l’avions cru, une révolution à
Genève. Le Conseil d’État siégeait en permanence dans l’hôtel de ville, défendu
par plusieurs compagnies d’infanterie. Dieu merci, les politiciens, qui
entendaient profiter de la déception des nôtres pour user à leur profit d’une
ardeur combative inemployée, furent rendus à la raison par l’attitude
désapprobatrice d’une majorité de Genevois. Et d’ailleurs, M. James Fazy, l’ami
de Mazzini, n’avait pas apporté un soutien très efficace à l’expédition dont il
désapprouvait, paraît-il, le romantisme ! Maintenant, l’échec consommé, il
s’apitoie sur le sort des Polonais, dans son journal, Europe centrale, dont
on dit qu’il devrait être l’organe du mouvement Jeune Europe fondé, lui aussi, par
Mazzini !
    — Cependant, il ne ménage guère Ramorino, dit Ribeyre
en brandissant un exemplaire du journal de Fazy. Il donne même un dernier avis
à ce général qui a abandonné ses hommes. Écoutez ça :
    « Si, après avoir compromis la cause, il venait à
compromettre des individus par les papiers qu’il a en main, alors, l’accusation
de trahison retomberait avec plus de force encore sur sa tête, et il aurait à
compter avec les patriotes de tous les pays. » C’est une menace à peine
voilée.
    — Et qu’est devenu Ramorino ? demanda Fontsalte.
    — Après avoir proposé le licenciement de sa troupe, devant
l’indignation des braves, le général, craignant le ressentiment des hommes, se
réfugia dans une maison proche de la frontière genevoise. Au cours de la nuit, il
sauta par une fenêtre et s’en fut à Genève.
    Axel Métaz proposa aussitôt à Blaise de loger provisoirement
le colonel polonais et son ordonnance au moulin sur la Vuachère, sa propriété.
    — Remettez-vous et attendez de connaître les décisions
du Vorort à l’égard des réfugiés, dit le Vaudois.
    Blaise et Ribeyre s’engagèrent à faire porter au moulin des
provisions et du vin. Le colonel remercia avec émotion et se dit prêt à gagner
aussitôt cet abri providentiel.
    Fontsalte appela Trévotte et le chargea de conduire l’officier
à sa discrète résidence.
    — Ce moulin a toujours servi de cachette aux proscrits,
constata Ribeyre.
    — Et aux amoureux, ajouta Fontsalte, avec un clin d’œil
à Axel.
    Le 11 février, tandis que les cent douze expéditionnaires
internés au château de Rolle, parmi lesquels figuraient une vingtaine d’étudiants
allemands, étaient conduits, après bien des récriminations, tergiversations et
pétitions, à Payerne, à bord de chars réquisitionnés par la gendarmerie, la Gazette
de Lausanne publia une long plaidoyer de Ramorino, envoyé de Genève et daté
du 7 février. Le général réfutait l’accusation de trahison, répandue dans
l’opinion par la presse vaudoise.
    « Le traître… c’est mon dévouement qui a agi, au mépris
de mes prévisions qu’on n’aurait point manqué de taxer de mauvaise volonté, si
je n’eusse écouté qu’elles.
    » Le trahi… c’est moi. Ce n’est donc ni l’irrésolution,
ni l’impéritie des chefs, et moins encore la trahison du général qui ont
paralysé l’exécution. Il a été fait, dans cette circonstance, tout ce qu’il
était au pouvoir humain de faire. – Témoin ce qu’ont fait les
gouvernements des cantons de Vaud et de Genève, pour paralyser cette affaire, il
devait leur être facile d’entrevoir la source du mal, et quelle a dû être la
position des chefs de l’expédition, qui ont pu et ont dû prendre la seule
mesure que prescrivait la gravité des circonstances. »
    Fontsalte, comme Ribeyre, trouva cette argumentation ingrate,
peu convaincante dans le fond et amphigourique dans l’expression.
    — Ramorino a maintenant tout intérêt à se faire oublier,
dit Ribeyre.
    — Et nous, à adoucir au mieux le sort des malheureux
Polonais qui se morfondent à Payerne. Car, ni le canton de Berne ni la France
ne paraissent disposés à les accueillir, et bon nombre de Suisses souhaitent
que l’on se débarrasse de ces réfugiés turbulents. La Confédération, considérée
par les puissances voisines comme base de départ des révolutions à venir, ne
peut que pâtir de sa générosité. Le principe même du droit d’asile semble remis
en cause, reconnut Blaise.
    Le général Fontsalte voyait juste.
    La question des réfugiés politiques donnait lieu dans la
presse à de vigoureuses polémiques. Les autorités fédérales se

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