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Romandie

Romandie

Titel: Romandie
Autoren: Maurice Denuzière
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nous abordâmes à Bellerive, en territoire
genevois, pour acheter des provisions. Le colonel Antonini partit aussitôt pour
Genève, afin de prendre les ordres de Ramorino, et nous décidâmes d’attendre
sur place son retour. Mais, le 1 er  février, ce furent les
miliciens et la garde soldée de Genève, commandés par le colonel Dufour, que
nous vîmes arriver de Vésenaz. Nous avions laissé nos fusils à bord de notre
barque. Les Genevois le savaient et voulurent s’en saisir. Il y eut tentative
de quelques-uns des nôtres de prendre le large avec les armes mais des barques de
miliciens, parties de La Belotte, capturèrent notre bateau. À midi, nous découvrîmes
que toute la région était sous contrôle militaire. Le gouvernement de Genève
avait mobilisé jusqu’aux artilleurs. Après accord avec un officier supérieur
genevois, nous acceptâmes de rembarquer à La Belotte pour le canton de Vaud, étant
entendu que nous pourrions y séjourner deux semaines.
    — Mais, pendant ce temps, les radicaux genevois
prenaient fait et cause pour vous, parlaient d’aller vous délivrer et, même, de
vous rendre vos armes, dit Ribeyre, informé.
    — Le bruit courait, en effet. C’est pourquoi nous
tentâmes de gagner du temps en faisant tout pour ralentir notre marche de Vésenaz
à La Belotte. Mais, au soir du 1 er  février, nous étions sur la
barque nyonnaise qui nous avait conduits et nous voguions vers Coppet, escortés
par un bateau plein de soldats. Ceux-là très attachés à leur devoir, monsieur
Métaz, dit, d’un ton las, le colonel.
    — Le flux les apporta ; le reflux les remporte, cita,
non sans malice, Axel, qui connaissait par cœur la tragédie du Cid.
    Pendant que les expéditionnaires de Nyon étaient internés au
château de Rolle, les plans de Mazzini, éventés par la police sarde, avaient
conduit Ramorino dans une souricière. Les garnisons sardes, composées d’excellents
soldats, disciplinés et bien armés, étaient sur le pied de guerre. Un corps de
troupe avait pris position à Veyrier, pour couper la retraite vers Genève au
détachement de Ramorino, encore cantonné à Ville-la-Grande. Pressé par deux
compagnies d’infanterie et quatre-vingt-quatre dragons de la Reine sortis de
Saint-Julien, Ramorino avait alors décidé de marcher vers Thonon, dont la population
était donnée comme accueillante aux révolutionnaires. Cette fois encore, l’information
était erronée et Ramorino, renonçant à cette fuite en avant, avait enlevé trois
postes de douane mais négligé d’attaquer les dragons, qui observaient, goguenards,
les gesticulations polonaises. Au matin du 3 février, les expéditionnaires
ne purent que constater que leur général avait disparu ! L’homme avait
laissé une sorte de proclamation disant « que des empêchements à lui
connus avaient changé sa détermination ». Il conseillait aux braves qu’il
abandonnait « de renoncer à une entreprise inutile et de ne pas exposer
leur vie et leur avenir sans espoir de succès ».
    — Cette désertion a dû désorienter la troupe, dit
Ribeyre.
    — Déçus, furieux et désemparés, les hommes battirent en
retraite vers Genève, où ils déposèrent les armes. Les Piémontais et les
Italiens se dispersèrent hâtivement. Seuls, les Polonais restèrent groupés. L’expédition,
messieurs, s’acheva ainsi, sans combat et de la plus humiliante façon, dit
tristement le colonel.
    — L’affaire était mal engagée et votre général en chef
incompétent. Votre honneur de soldat est sauf, colonel, dit Ribeyre, apitoyé.
    Le comte Golewski eut un sourire mélancolique et se redressa.
    — Mes compatriotes trouvèrent consolation auprès du
peuple genevois. Des hommes et des femmes vinrent au-devant des prisonniers qui
marchaient vers Chêne, où tous devaient bivouaquer « et se tenir
tranquilles », suivant les ordres de M. Prévost-Martin, membre du
Conseil d’État. Les Genevois chassèrent l’escorte de miliciens et se mêlèrent
aux rangs des patriotes, qu’ils accompagnèrent jusqu’à Carouge. Mes compatriotes,
acclamés par les badauds comme s’ils venaient de remporter une victoire, reçurent
un accueil bienveillant. Certains citoyens exigeaient même que les autorités
rendent les armes saisies et, naturellement, le bruit courut aussitôt que les
Polonais allaient, pendant la nuit, attaquer l’arsenal et déclencher, avec l’aide
des radicaux, moins désintéressés que nous ne
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