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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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du
vœu populaire ». Les assistés qui, jusque-là, n’étaient pas électeurs, reçurent
le droit de vote et le droit d’initiative fut reconnu à tous les citoyens en
matière constitutionnelle et législative. Pour rassurer les Vaudois, M. Druey
s’empressa de déclarer que le nouveau régime, bien que d’inspiration socialiste,
n’avait nulle intention de nationaliser le sol ni de détruire la propriété privée.
Il voulait au contraire « chercher à la démocratiser et à la généraliser ».
    Le 24 février, les assemblées électorales élirent un
nouveau Grand Conseil qui, le 6 mars, donna la composition du gouvernement
de Druey. On y retrouvait tous ceux qui avaient conduit et canalisé la révolte :
MM. Henri-Louis Delarageaz, Georges-François Briatte, Charles Veillon, Henri
Fischer, Louis Blanchenay, Louis Bourgeois, Jacques Veret. Tous appartenaient
au précédent Conseil d’État ou au Grand Conseil.
    Ceux qui, dans le camp radical, virent en Druey, dès les
premiers jours de la révolution, un ambitieux jouant les modestes, avide de
pouvoir personnel, racontaient que leur chef de file se croyait investi par
Dieu pour diriger le destin du pays de Vaud. D’autres, qui suivaient son action
et lisaient ses écrits, savaient qu’il n’avait jamais été embarrassé pour
expliquer ses changements de conception de la vie politique.
    Louis Vuippens ne cachait pas ses sympathies pour les
radicaux modérés qui, opposés à un bouleversement de type communiste, souhaitaient
cependant un réel progrès social, qui améliorerait le sort des gens défavorisés.
En revanche, il tenait Druey pour un être versatile et opportuniste.
    — Il a fort bien conduit son affaire, au cours de cette
révolution qui voit le triomphe de sa cause. Mais nous avons remarqué qu’il s’est
prudemment tenu à l’écart de l’Association patriotique de Delarageaz, qui a
fait tout le travail. Nous ne l’avons pas vu, non plus, dans les assemblées
bruyantes de Villeneuve ou de Morges. Cela parce qu’il voulait être au moment
opportun « un point de ralliement », ce sont ses propres mots [182] dit le médecin.
    — On lui doit en tout cas une révolution sans morts ni
blessés. Et, de cela, nous pouvons lui être reconnaissants car la pétition sur
laquelle Druey s’est appuyé représentait une vraie volonté populaire, observa
Axel.
    — C’est assez drôle de voir Druey dans sa proclamation
mettre en avant cette pétition qui l’aurait décidé à prendre la tête du mouvement.
On oublie qu’en 1829, vingt-sept pétitions, portant quatre mille cent
quatre-vingt-dix-sept signatures, exigeaient une modification du système
électoral, assez injuste à l’époque. M. Druey, alors membre du Grand
Conseil, estima que ces pétitions devaient être écartées. Je me souviens de ses
paroles qui, en ce temps, m’avaient fort étonné. Il avait déclaré :
« Où irions-nous si nous nous laissions entraîner par des pétitions ?
Où serait le pilote de l’État ? Les factions ne s’en serviraient-elles pas
pour atteindre leur but ? Les adresses sont un empiétement sur le pouvoir
du Grand Conseil ! » Il y a donc les bonnes et démocratiques
pétitions et les mauvaises et indésirables pétitions ! ricana Vuippens.
    — Je me suis laissé dire par un fonctionnaire du Grand
Conseil que la fameuse pétition aux trente-deux mille signatures n’en comporte
que vingt-neuf mille soixante-neuf exactement et qu’une pétition opposée en a
rassemblé deux mille cinq cent trente-deux. Il semble que les radicaux aient
fait une addition un tantinet fallacieuse, dit Blaise.
    Quelques jours plus tard, alors que les élus vaudois
commençaient l’étude d’une nouvelle Constitution, Lucerne, qui ne montrait nul
empressement à se débarrasser des jésuites, était attaquée pour la seconde fois
par des corps francs, recrutés dans les cantons radicaux. Conduits par Ulrich
Ochsenbein, un avocat radical de Berne, le docteur Robert Steiger, le colonel
Rothpletz, commandant des milices d’Argovie, et le major Buser, de
Bâle-Campagne, dotés d’artillerie et bien armés, trois mille cinq cents hommes,
avaient pénétré sur le territoire lucernois, avec l’intention de renverser le
gouvernement du canton catholique. Aidés par des bataillons d’Unterwald et d’Uri,
les forces de Lucerne avaient, en trois jours, mis les assaillants en déroute. Les
corps francs avaient laissé cent cinq morts sur le

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