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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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paroisses de l’Église nationale en pays de Vaud.
    — Je sais, déjà, que les exclus projettent de fonder
une Église libre, ce qui ne va pas manquer de susciter des troubles, comme à
Lausanne, où l’on s’est battu devant l’oratoire de la rue Mauborget, et à Échallens,
où de jeunes excités ont saccagé la chapelle des Diaconesses. Aricie a eu très
peur de ces garçons avinés, dit-elle.
    — Ma chère, étant donné que M. Druey a soutenu les
assaillants de Mauborget en disant qu’ils n’avaient fait que corriger des dissidents
orgueilleux et qu’il a interdit au procureur général de poursuivre les saccageurs
d’Échallens, ce qui a conduit ce magistrat loyal à démissionner, nous allons
vers un renouveau de la querelle religieuse, entre protestants orthodoxes et
ceux que M. Druey et ses amis nomment, avec mépris, méthodistes, observa
Axel.
    — C’est bien ce que craignait mon père. Étaler ainsi
nos divisions fratricides devant les méthodistes et catholiques, de plus en
plus arrogants, est une faute grave et confère une sorte de séduction au
papisme hiérarchisé. Même Alexandra, cependant élevée dans la religion réformée,
accompagne maintenant votre mère à la messe, quand elle se trouve un dimanche
avec elle. Et savez-vous ce qu’elle m’a répondu, avec son insolence habituelle,
quand je lui ai fait remarquer qu’elle pourrait s’abstenir d’assister à des
cérémonies romaines ? Elle m’a dit qu’elle trouve « à la pompe
catholique un charme entraînant », cita M me  Métaz avec
humeur.
    Axel sourit et fit observer que les Vaudois, comme les
autres citoyens suisses, auraient bientôt à faire face à de plus grands
événements que celui qui venait de compromettre l’unité de l’Église nationale
au pays de Vaud.
    — Blaise m’a appris, hier, que le pacte entre les
cantons conservateurs qui refusent l’expulsion des jésuites, accord dit du
Sonderbund, jusque-là tenu secret, commence à être connu. L’assassinat à Lucerne,
cet été, de M. Leu, d’Ebersol, membre du Grand Conseil, ardent défenseur
des jésuites, par un certain Jacob Müller – il vient d’être arrêté et a
expliqué que Casimir Pfyffer [184] lui a offert
cinquante mille francs pour tuer Leu – ne va pas calmer la haine que l’on
sent monter entre les partis, dit Axel.
    — Non plus que la condamnation à mort de Jacques Robert
Steiger, un des meneurs de l’affaire des corps francs de 44. Les gendarmes
lucernois l’ont, paraît-il, aidé à s’évader. Ils ont bien fait. Le docteur
Steiger est un vrai libéral. Il a été reçu en héros à Zurich, ajouta Élise, satisfaite.
    Axel savait que sa femme, influencée par son père, membre
éminent du consistoire de Berne et libéral engagé, militait pour l’expulsion
des jésuites. Elle réprouvait, aussi, la fermeté des tribunaux lucernois. Au
cours de l’été, les magistrats avaient prononcé plus de cinq cents
condamnations, allant de dix ans de travaux forcés à dix mois de la même peine,
contre les émeutiers radicaux, complices des corps francs venus d’autres
cantons. Aussi le Vaudois s’abstint-il de poursuivre la conversation, sur un
thème où le désaccord avec son épouse devenait de plus en plus flagrant.
    N’était la vision imaginaire, parfois obsédante, de la
malheureuse Adrienne, cet hiver-là et le printemps de 1846 furent, pour Axel
Métaz, d’heureuses saisons. Il était conscient d’avoir, enfin, trouvé l’équilibre
depuis que ses relations avec Marthe Bovey avaient changé de registre et de ton.
Aussi passait-il de plus en plus de temps hors de Rive-Reine, sans que son
épouse, fort occupée par les affaires de la paroisse, qui devait faire face aux
défections des fidèles en direction de l’Église libre, y trouvât à redire et
même, pensait-il certains jours, s’en rendît compte.
    Un événement, dont les Vaudois ne perçurent pas tout de
suite l’importance, fut rapporté, fin mai, par tous les journaux suisses. Le 25
du mois, le prince Louis Napoléon, condamné à l’internement à vie au fort de
Ham après son malencontreux débarquement et le soulèvement raté de Boulogne, le
6 août 1840, s’était évadé.
    Blaise, toujours informé par le réseau bonapartiste, donna
des détails à son fils, lors d’une partie de pêche.
    — Louis Napoléon, qui a gagné l’Angleterre, s’est, m’a-t-on
dit, installé à Londres, dans un hôtel de Jermyn Street. Le soir

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