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Romandie

Romandie

Titel: Romandie
Autoren: Maurice Denuzière
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radical, directeur du journal Europe
centrale, disposait des dernières dépêches de Lyon, et le prince en prit
connaissance avant de dévoiler ses intentions. D’après nos informateurs, Louis
Napoléon aurait affirmé qu’il n’avait nullement l’ambition de se poser en
prétendant. Il ne souhaitait, paraît-il, « que fournir au peuple français
l’occasion de choisir son gouvernement, par l’intermédiaire d’un congrès
national élu au suffrage universel », expliqua Ribeyre.
    — Mais l’insurrection a été matée avant même que le
fils d’Hortense eût chaussé ses bottes. Il est retourné chez sa mère, à
Arenenberg, aussi discrètement qu’il était venu. Ce ne sera pas pour cette fois,
prince, ironisa Blaise.
    — Comment le neveu de Napoléon peut-il s’entendre avec
Fazy ? Cet excité genevois déteste tellement les monarques de tout poil qu’on
le voit mal encourager un prétendant au trône de France, observa Axel.
    — Eh ! ils se retrouveraient, dit-on, sur une
commune hostilité au régime doctrinaire de Louis-Philippe et sur le principe
républicain suivant lequel le peuple, investi de la souveraineté nationale, peut
choisir son gouvernement, commenta Ribeyre.
    — En somme, Fazy, le radical, voit en Louis Napoléon un
prince républicain ? s’étonna Axel.
    — Las Cases rapporte, dans son Mémorial, que l’empereur
lui dit, un jour de 1816, à Sainte-Hélène : « Avant dix ans, l’Europe
sera peut-être cosaque, ou toute en république. » Comme l’Europe n’est pas
devenue cosaque, on peut penser qu’elle sera républicaine, constata Blaise.
    — Louis Napoléon, dont nous connaissons, depuis la
récente visite que nous lui fîmes, ton père et moi, la forte ambition patriotique,
a bien retenu la leçon avunculaire. Demain, la République, comme autrefois le
Consulat, peut conduire l’homme déterminé au pouvoir. C’est une question de
moment, non de conviction, dit Ribeyre.
    Les deux généraux envisageaient de passer quelques jours en
France, pour rendre visite à Louis Marchand, l’ancien premier valet de chambre
de Napoléon à Sainte-Hélène, maintenant retiré près d’Auxerre, avec sa femme.
    — On dit qu’il travaille à la rédaction de ses Mémoires,
souvenirs fort intéressants, car Louis Marchand ne quitta jamais l’empereur
depuis 1811, année où il fut embauché, dit Blaise.
    Ribeyre et Fontsalte entretenaient aussi des relations avec
un autre domestique, présent à Sainte-Hélène au moment de la mort le l’empereur,
Jean-Abram Noverraz [19] .
Ce robuste Vaudois, entré au service de Napoléon en 1811, année de la naissance
du roi de Rome, avait, disaient-ils, soufflé la jolie Joséphine, femme de
chambre de M me  de Montholon, à celui que tous nommaient Ali.
Le titre de valet ou de chasseur paraissait impropre pour désigner cet homme de
confiance qui vouait un véritable culte à l’empereur. M. Noverraz aimait à
raconter la vie quotidienne à Longwood, ses disputes avec Pierron, le chef d’office,
comment il avait été chargé par Napoléon de briser l’argenterie avant de la
vendre, au prix du métal, à un antiquaire de l’île, quand Hudson Lowe avait
exigé une réduction du train de vie du prisonnier. Comment, aussi, il avait
pris l’initiative, un matin, de fermer la porte de l’empereur au nez de l’amiral
George Cockburn, que Napoléon détestait. Ce jour-là, le proscrit avait trouvé
un peu excessif le zèle du Vaudois et lui avait dit en riant : « Ah !
mon bon Noverraz, tu as donc une fois de l’esprit. » Et, prenant Bertrand
et Montholon à témoin, l’empereur avait ajouté : « Vous verrez qu’il
m’aura entendu dire que je ne voulais plus voir l’amiral, et il se sera cru
obligé de lui fermer la porte au nez : c’est charmant ! Il n’y aurait
pourtant pas à se jouer de ce bon Suisse ; si j’avais le malheur de dire
qu’il faut se défaire du gouverneur, il serait homme à le tuer à mes yeux ! »
Et M. Noverraz confirmait à ses visiteurs qu’il eût étranglé Hudson Lowe
comme un poulet avec plaisir ! Par d’autres témoins, Blaise et Claude
savaient que l’empereur disait de son chasseur vaudois : « Bon et
vrai Suisse, dont toute l’intelligence est dans son attachement à ma personne. »
    Les deux généraux ne se lassaient pas d’entendre, de la
bouche du brave homme, le récit de la mort de l’empereur. En avril 1821, alors
que le héros vivait ses
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