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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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des troupes, après avoir rassuré la reine Amélie, qui
connaissait déjà l’attentat, le bruit s’en étant rapidement répandu. Le roi et
la reine furent alors frénétiquement acclamés. »
    Puis le correspondant de Blaise donnait le même bilan que la
presse : « On a relevé dix-huit morts, la plupart parmi les badauds. L’auteur
de la tuerie a été arrêté et l’on a découvert que l’attentat avait été perpétré
au moyen d’une machine infernale inédite : vingt-quatre canons de fusils
alignés sur un châssis, inclinés et commandés par une seule détente. Je viens d’apprendre
que Fieschi n’est qu’un exécutant, que les concepteurs et organisateurs de l’affaire
sont un bourrelier, qui se dit émule de Robespierre, nommé Morey, et un épicier
nommé Pépin, financier de l’opération. Tous deux appartiennent à cette
catégorie de républicains fanatiques qui cause tant de torts à l’idéal
démocratique. Ils ont pris à la lettre les appels au meurtre fréquemment lancés
par des feuilles révolutionnaires, dont les rédacteurs sont plus démagogues que
démocrates. L’indignation publique est unanime, beaucoup de nos amis
bonapartistes la partagent. Le terrorisme aveugle n’est pas un moyen civilisé d’imposer
les idées généreuses que nous défendons depuis cinquante ans. » Les
obsèques des victimes avaient été célébrées le 5 août. Après un service
religieux à l’église Saint-Paul, les honneurs avaient été rendus aux Invalides
en présence du roi et de la Garde nationale. À cette occasion encore, Louis-Philippe
avait fait l’objet d’ovations enthousiastes. « Les républicains n’ont pas
de quoi se réjouir, écrivait l’ami de Blaise, l’attentat de Fieschi les ravale
au rang de terroristes politiquement irresponsables, leur met à dos l’opinion
publique, assure, et même augmente la popularité du roi. Au plan législatif, les
conséquences vont être encore plus sérieuses. Les projets de loi déposés par le
duc de Broglie et M. Thiers ne peuvent qu’être approuvés par les Français.
On prévoit déjà que les cours d’assises ne serviront plus de tribune aux
accusés, qui seront jugés hors de leur présence si le président estime leur
attitude et leur discours susceptibles de dénaturer les débats. Les jurés
voteront les peines à bulletin secret et à la majorité simple. Les délits de
presse seront plus sévèrement réprimés et les journaux ne pourront plus publier
que des caricatures autorisées, du roi et de ses ministres ! Voilà à quoi
conduit le terrorisme imbécile de quelques fous qui ont tué Mortier et un tas d’innocents ! »
Et l’ancien des Affaires secrètes concluait : « Je viens d’envoyer ma
démission au Cercle républicain et je me tiendrai désormais hors de contact de
ces enragés. »
    — Nous n’allons pas pleurer Mortier plus qu’il ne
mérite, mais reconnaissons que c’est une fin stupide pour un soldat que périr
en paradant avec un roi dont on n’est même pas sûr du sang ! dit Ribeyre
de Béran en guise d’oraison funèbre.
    Blaise s’abstint, par charité, de tout commentaire, bien qu’il
se plût à imaginer, dans la disparition de l’ancien héros de la Berezina, un
décret de la Némésis. En 1815, Mortier avait envoyé Ney à la mort pour plaire à
un Bourbon. Il mourait sans gloire pour un Orléans.
    Vint enfin le moment, pour les Métaz, de se mettre en route
pour Genève. Axel proposa qu’on s’y rendît à bord de l’ Ugo mais Élise préféra
faire le voyage en berline, ce qui enchanta Lazlo, factotum et cocher. À Genève,
il reverrait Zélia.
     
    Dès la fin de l’année 1833 avait été créé, à Genève, un
Comité du jubilé dont le banquier Laviron faisait naturellement partie. Ce
comité, non seulement organisa les cérémonies qui devaient marquer le
tricentenaire de la Réformation, mais choisit les objets souvenirs vendus à l’occasion
« d’une manifestation religieuse, civique et politique qui prouverait, devant
la montée papiste, la vitalité du protestantisme ».
    Ainsi, on avait commandé au fameux graveur Auguste Bovy une
médaille portant sur la face une Bible ouverte entre Foi et Raison et, sur le
revers, la colonnade du temple Saint-Pierre, l’écu genevois et les profils des
quatre réformateurs : Calvin, Théodore de Bèze, Farel et Viret.
    Les membres du Comité commandèrent aussi à des rédacteurs
connus un ouvrage historique qui

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