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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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brutalité tout le monde vers ce qui reste du camp.
    Jean Bézaut retrouve Philippe Kuhn. Ils partent à la recherche de camarades. À l’extrémité sud-est du camp, devant une tour de garde, un S. S. a été coupé en deux par une bombe ; seul, le tronc reste au bord du cratère… La fonderie n’a plus de toit. Tout en haut d’une ferme de la charpente, un chariot d’une tonne et demie est perché ! Devant la menuiserie qui flambe encore, un grand Russe a été couché sur une porte. Il a été affreusement brûlé par le phosphore. Son corps dénudé est noir et bleu des pieds à la tête. Ses lèvres ont disparu. Seuls, les yeux vivent dans le visage de ce malheureux qui hurle pour appeler à la fois la mort et sa mère.
    Jean Bézaut poursuit avec Philippe Kuhn son tragique constat : « Il n’y a plus grand-chose à faire nulle part et pour personne. Il n’y a partout que des cadavres réduits par le feu, recroquevillés, des membres détachés. Du sable sortent les très nombreux tubes des crayons incendiaires dont les S. S. tenteront de faire récupérer l’aluminium le lendemain par des détenus de Klinker ramenés sur place.
    « Il ne reste rien des blocks 1 à 10, brûlés jusqu’à leur soubassement, sur lequel on ne voit plus que les cuvettes des lavabos.
    « Dans ce qui fut le dortoir du block 2, avec Blondel qui nous a rejoints, nous découvrons un cadavre à demi-calciné : de Guillebon, un industriel de La Madeleine-lès-Lille, ancien président de l’Action catholique, dont le frère, le général de Guillebon, est un des compagnons de Leclerc…
    « Le bâtiment en briques des blocks 11, 12, 13, est coupé en deux par le milieu ; là, il y a moins de morts, mais quantité de blessés.
    « Sur la place d’appel, beaucoup de cadavres sont étendus. En effet, dès le début de l’alerte, des détenus se sont précipités vers les cuisines pour essayer de récupérer quelque chose. Ils sont morts avec dans les bras du pain, des saucissons, des paquets de margarine. Nous leur reprenons ce butin et nous le partageons.
    « Devant le portail, des jambes, des bras sortent du sable, au fond d’un gigantesque cratère. Une trentaine de Français sont morts là. Ils s’étaient réfugiés dans un trou de bombe, faisant foi à la croyance que deux bombes ne tombent pas au même endroit. Mais une seconde explosion les a tous enterrés.
    « Avec soulagement, nous rencontrons Henri Banolas, sain et sauf. Un groupe de Français se forme, réunit ses provisions. Nous mangeons, nous dévorons. Nous n’avons jamais eu autant de nourriture. Nous avons même du vin de France et de la limonade, récupérés dans la cave de la cantine des S. S. voisine du laboratoire.
    « L’horloge de la grande tour de l’usine de Klinker, frappée en plein milieu, nous apprend l’heure de la mort de nos camarades : 14 h 35.
    « Pourquoi tous ces morts à quelques jours de la Libération ? Combien sont-ils ? Des chiffres divers circulent et circuleront : plusieurs centaines de diverses nationalités dont nombre de Français…
    « Les femmes pompiers d’Oranienburg arrivent. Nous nous mettons en colonne. Sans l’alignement, ni l’ordre habituels, nous partons vers le grand camp.
    « Pour une fois, les S. S. ne crient pas, ne frappent pas… »
    En même temps, les rescapés du kommando Speer, lui aussi pulvérisé, rentrent au grand camp. En les voyant, Robert Marois, maçon à Speer mais qui était allé ce jour-là en déplacement à Klinker, ne se pose plus la question qui le harcelait tout à l’heure quand il mangeait le sable à pleine bouche : « Mais pourquoi ne suis-je pas resté à Speer ? »
     
     
LE CŒUR DE SACHSO TOUCHÉ
    Le 10 avril 1945, ce n’est pas seulement Klinker qui est visé par les bombardiers anglo-américains. Toutes les installations du complexe militaire et industriel que les S. S. ont disséminées dans la forêt de pins autour du camp – le Wald – sont prises comme objectifs. Mais, en voulant toucher le Sachsenhausen des nazis, des bombes tombent aussi sur le Sachsenhausen des anti-nazis, à l’intérieur du triangle caractéristique du camp de concentration, pourtant photographié à plusieurs reprises par les avions de reconnaissance alliés. Ce sont essentiellement, constate André Labeyrie, des engins incendiaires, plus légers, que le vent dévie de leur trajectoire initiale.
    Louis Péarron, qui travaille de nuit à K. W. A., est

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