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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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le ministre de l’armement d’Hitler. Alors que, dans les usines de la région, les salaires civils sont de 1,10 à 1,35 mark de l’heure, que la main-d’œuvre concentrationnaire est fournie par les S. S. aux firmes privées sur une base horaire moyenne de 30 pfennigs, Speer ne verse à l’administration du camp de Sachsenhausen que 4 pfennigs par heure et par détenu.
    Dans l’enceinte du kommando, une montagne de blocs de granit abandonnés témoigne de la vocation première assignée au chantier et qu’il devait partager avec Klinker : la taille de pierre pour les monuments conçus par Speer à la gloire de Hitler. Mais les temps ont changé : grandeur et décadence ! Albert Speer a maintenant des préoccupations de chiffonnier et tire parti de tout. Rien qu’au dépiautage de câbles téléphoniques et électriques hors d’usage, trois cents détenus récupèrent en deux mois, selon des statistiques retrouvées pour septembre et octobre 1942, 476 tonnes de matériel : 112 tonnes de cuivre, 321 tonnes de plomb, 415 kilos de papier d’étain, 1 600 kilos de gutta-percha, etc.
    De l’Europe pillée, de l’Allemagne bombardée, péniches et wagons apportent au kommando Speer des débris d’avions, des tôles de bateaux, des carcasses de voitures, des monceaux de fils gainés dans des conduites de plomb, du matériel de guerre réformé, des moteurs, projecteurs, postes de radio… D’autres péniches, d’autres wagons remportent les éléments décortiqués, triés, classés, vers des usines aux fins de retraitement et transformation. C’est dire qu’à Speer les durs travaux de manutention dominent et que la réputation du kommando est aussi mauvaise que celle de son voisin Klinker.
    Il y a cependant une différence entre les deux. Si Klinker, où les détenus travaillent, vivent et couchent sur place, est devenu un petit camp avec ses blocks et son organisation propre, Speer demeure un kommando extérieur dont les hommes rejoignent chaque soir le grand camp. Avec le trajet du matin, cela fait six kilomètres par jour au pas cadencé. Les S. S., perpétuellement aux aguets contre toute tentative d’évasion, sont secondés par les brutes mises à la tête du kommando : Max, Willy, Alfred, bandits de droit commun. Par dérision, Max est surnommé « Gueule d’amour », « Gueule en or » ou « Fernandel », car deux magnifiques dents en or sortent de son mufle. Robert Franqueville lui trouve l’air d’un taureau : « Prêt à bondir, tête baissée, il choisit sa victime d’un coup d’œil, la roue de coups de matraque en hurlant comme un possédé. » Ou bien il emploie une autre tactique, que relève Pierre Clément : « Max possède en propre une gueule en or et un bouledogue. Le chien n’aime pas les prisonniers et, dès qu’il en aperçoit un au bout de la place, il se précipite, saute sur lui de tout son poids et le renverse… Il gambade alors autour de lui et lui donne des coups de langue sur le nez. En égoïste, Max se réserve le droit de démolir le matériel humain… Nous préférons encore la tête du chien à la gueule du maître… »
    Quant à Alfred, c’est le policier du kommando que l’on appelle le « 17 », son numéro matricule. Il a assassiné sa femme et sa belle-mère et est enfermé à Sachsenhausen depuis la création du camp.
    C’est sous la garde d’une telle escorte de S. S. et de bandits que le kommando Speer part chaque matin après maints comptages supplémentaires succédant à l’appel général. Avec ses camarades, Pierre Clément doit d’abord attendre longtemps dans la nuit : « Malgré les S. S., malgré les chiens, malgré les lampes de balisage semées le long des routes, malgré l’hostilité de la contrée peuplée de S. S., le commandant n’ose pas nous lâcher avant le jour. Et le long kommando Speer attend, rangé sur la Speerstrasse, et regarde le départ des autres colonnes…
    «  Links, zwei, drei, vier… Links  : les galoches claquent en cadence. Sur place, Speer marque le pas pour empêcher les pieds de geler. Le jour pointe lentement, suivi du vent. La nuit, par fatigue ou par oubli, le vent déserte le camp. Mais, à peine les détenus mettent-ils le pied dehors qu’il les enveloppe en hurlant.
    « Avec le jour et le vent, les corbeaux arrivent par bandes entières, piaillant et croassant.
    « Alors le n° 17, le policier de Speer, recompte en hurlant. Max le suit en cognant. Les

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