Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
nerveuse émaner de son imposante carcasse. « Et j’ai intérêt, avant qu’un villageois ne trébuche dessus, à faire redescendre le corps de cette foutue bonne femme. Surtout, ne bougez pas de cette pièce avant mon retour ! Compris ? »
    Il quitta la pièce, sa robe bruissant dans son sillage. Je m’installai sur le siège qu’avait occupé Wrenne. Maleverer n’est pas particulièrement intelligent, pensai-je. Il essaye de m’impressionner pour parvenir à ses fins. S’il me méprise, il aime cependant sonder ma cervelle. Je jetai un regard à l’entour en soupirant. La pièce avait dû être un cabinet de travail, jadis. Une tapisserie ancienne représentant une scène de chasse était accrochée derrière le bureau de Maleverer. Le défunt Robert Constable l’avait-il contemplée comme moi à présent ? Je tournai le regard vers la fenêtre et m’abîmai dans mes pensées en scrutant la nuit noire.
    Je repensai à Jennet. Même à ce moment-là je ne pouvais m’empêcher de la plaindre. Son amour pour Bernard Locke avait dû l’obséder depuis l’enfance. Ce n’était pas une femme laide ; elle aurait pu trouver un autre parti si elle n’avait pas nourri cette passion exclusive pour lui. Quel genre d’homme est-il ? me demandai-je. Est-ce un vil séducteur qui réussit à faire faire tout ce qu’il veut aux femmes ? J’avais rencontré ce genre d’individus au cours de ma carrière, la plupart du temps lorsqu’ils avaient saigné à blanc quelque femme qui s’efforçait de récupérer son argent en intentant un procès. Locke avait-il utilisé la passion de Jennet pour sauver sa tête en faisant d’elle une meurtrière ? Si tel était le cas, il était plus coupable qu’elle. Je frissonnai en revoyant l’expression de son visage au moment où elle me fixait par-dessus l’arbalète.
    Je regardai le coffret. À qui avait-il appartenu, à l’origine ? À quelqu’un de riche… Je me penchai en avant pour l’ouvrir, scrutai l’intérieur vide. Il en émanait toujours une légère odeur de vieux papiers moisis. Jennet Marlin les avait-elle tous détruits ? Si c’était le cas, tout ce qui concernait la reine et Culpeper avait disparu. Comme tout cela m’est égal ! pensai-je. Je n’éprouve plus le moindre sentiment de loyauté envers Henri. C’est peut-être un imposteur. Il sera soulagé, en effet, si c’est son imposture que prouvaient les documents de Blaybourne !
    Je sursautai au moment où la porte s’ouvrit brusquement sur Maleverer. Il la referma, puis me fixa, l’air renfrogné.
    « Pourquoi triturez-vous ce coffret ? » Il se laissa tomber lourdement sur son fauteuil. « Aucune trace des documents dans son logement. Rien que des lettres de Bernard Locke envoyées de la Tour, attachées par un ruban. Elles ne disent rien d’intéressant, ne parlent que de leur grand amour réciproque… De vrais tourtereaux, ces deux-là ! railla-t-il. Je fais questionner les dames pour voir si elles se rappellent quelque chose qui puisse nous aider, mais j’en doute. Je crois que vous avez raison, Mlle Marlin a détruit ces documents. Peut-être les a-t-elle jetés dans l’un des feux de camp à York. Retournez au campement. Je vous ferai appeler si nécessaire. Un soldat attend devant la porte. Il va vous reconduire.
    — Très bien, sir William. » Je me levai, inclinai le buste et quittai la pièce. Le soldat en faction me fit ressortir du manoir. Quel soulagement de se retrouver à l’air libre !
    « Le roi est-il couché ? demandai-je au soldat, pour faire la conversation.
    — Non, monsieur. Il joue aux échecs avec les gentilshommes de la chambre. Il n’est pas près d’aller dormir, tant s’en faut, m’est avis. »
    Il me conduisit au campement. Maintenant que soldats et serviteurs avaient dîné, les feux allumés pour préparer les repas s’éteignaient. Assis devant leur tente, des hommes bavardaient ou jouaient aux cartes.
    « Est-ce loin ? m’enquis-je. Je suis fourbu.
    — Non. Votre tente se trouve près de la barrière. Votre valet et le vieil homme logent tout à côté de vous. »
    Il fit halte devant trois petites tentes de forme conique placées côte à côte dans le coin d’un champ, au milieu d’autres dressées çà et là – certaines éclairées de l’intérieur par des bougies à la flamme vacillante. Il s’agissait peut-être également de tentes d’avocats qui, grâce à leur position hiérarchique, avaient droit

Weitere Kostenlose Bücher